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Sur les rails

La commission politique sur la « vérité » sur les colonisations est en route, on connaît son premier membre: Arno Klarsfeld. Comme prévu, avant même toute délibération ou nomination ultérieure, le résultat est connu:

Il a réaffirmé qu’il souhaitait que la loi reconnaisse « à la fois les méfaits » et « les bienfaits » de la colonisation. « C’est une piste qui me semble aller dans le sens de l’apaisement », a-t-il dit.

(source: TF1.fr)
A la fois « les méfaits et les bienfaits », pour contenter tout le monde et « jouer l’apaisement ». Qui va-t-il apaiser ? Tant qu’il existera des lois absurdes dictant ce qu’il faut penser, ce qu’il faut dire, et ce qui est interdit, il y aura des gens pour revendiquer l’usage de la loi à leur bénéfice politique ou financier. Pour faire taire leurs opposants, pour imposer leurs idées, pour d’hypothétiques réparations financières.
Bien sûr, cette nomination n’apaise en rien ceux qui justement prétendent remplacer la loi actuelle par la leur: ils ne veulent pas d’une histoire « équilibrée » façon Klarsfeld, qui ne pourra jamais exister tant qu’il y a un enjeu politique. D’ailleurs ils sont déjà au créneau, dixit la crapule MRAPiste Mouloud Aounit:

« Peut-on faire confiance dans ce domaine à un défenseur de la colonisation israélienne qui, après avoir pris la nationalité israélienne, a servi volontairement dans une unité de gardes-frontières de l’armée israélienne et a participé délibérément à l’humiliation et à la répression de la population palestinienne ? », a-t-il ajouté, lui reprochant en outre d’être « un farouche défenseur de la guerre coloniale contre l’Irak ».

(source: Le Monde.fr)
1/ Garde-frontière israëlien = oppresseur de la population palestinienne pour Aounit. Il est vrai que si les Israëliens ne contrôlaient pas leurs frontières le Hamas et autres Martyrs des Brigades d’Al Aqsa (liées à l’OLP, donc à l’Autorité Palestinienne elle-même) pourraient librement circuler… et faire sauter des bus tous les jours. L’oppression n’est dûe qu’à l’insistance des Palestiniens à tuer des Juifs. Klarsfeld le sait bien:

une des premières mesures prises par Moshe Dayan, à l’issue de la guerre de six jours [juin 19 67 ] fut d’ouvrir les frontières de Gaza et de la Cisjordanie vers Israël. On a pu alors circuler librement. Il n’y avait pas de check-points, car il n’y avait pas d’attentats.

2/ Il n’y a jamais eu de colonisation telle qu’on l’entend pour l’Afrique ou l’Asie. Les « colons » israëliens sont partis travailler de leurs mains des territoires laissés en jachère par ceux qui les revendiquent:

Face au refus du monde arabe et des Palestiniens, Israël a laissé le mouvement des colonies se développer. […] On parle de colonisation, mais les Israéliens tirent-ils des revenus de matières premières extraites d’une terre par des autochtones exploités, comme la France le faisait en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie, l’Angleterre aux Indes ou les Portugais en Angola ?

Ceci étant, il ne faut pas croire que les matières premières sont sorties de terre par magie: les investissements des puissances coloniales l’ont été à perte, sauf bien sûr pour leurs récipiendaires (grandes compagnies, armées, politiciens). D’autre part, les « matières premières » n’étaient aux yeux des autochtones que nuisances ou leur étaient complètement inconnues. Mais on entre là sur le terrain des historiens… sur lequel Arno Klarsfeld s’aventure déjà!
3/ « La guerre coloniale en Iraq« : on a rarement vu les colonisateurs faire 3 élections en une année dans un pays conquis, former et équiper l’armée nationale, mais la réalité importe peu…
Mais Arno Klarsfeld a beau avoir des connaissances sur l’Etat dont il est citoyen, il semble peu connaître ses voisins:

Arno Klarsfeld creuse également [dans son livre « Transit »] des pistes de réflexion sur la question israélo-palestinienne et souligne son attachement à une solution pacifique du conflit avec les Palestiniens qui, selon lui, vivront dans la dignité ausitôt qu’ils disposeront d’un Etat viable et indépendant.

Klarsfeld est donc un grand naïf… et de la même façon que donner aux Palestiniens la bande de Gaza (donc de quoi établir un Etat) n’a absolument pas calmé les meurtriers du Hamas et autres, prétendre établir un « équilibre » entre « bienfaits et méfaits » de la colonisation ne suffit pas aux MRAPistes (et Dieudonné et consorts). Ils veulent réécrire l’Histoire, tout de suite.

Le grand écart

Sur tf1.fr:

Bush : « Nous sommes en train de gagner la guerre »

Sur Le Monde:

George Bush passe aux aveux et se justifie sur l’Irak et les écoutes

GW Bush n’a rien « avoué »: il prend le crédit politique de ses décisions, celui de la victoire en vue. Maintenant les terroristes ne pourront plus du tout reprendre le dessus en Iraq. Amusant comme Le Monde présente ça…

Embellie de la dégradation

J’étais passé à côté d’un édito proprement génial du Monde, celui de mercredi, sur le thème des élections en Iraq! Le voici, agrémenté de mes commentaires:

Bulletins et bombes | 14.12.05 | 14h01
La bonne nouvelle, c’est que les Irakiens votent, jeudi 15 décembre, pour la troisième fois cette année. Ils ont d’abord élu une Assemblée constituante avant d’adopter une Constitution par référendum. Ils désignent maintenant une Chambre des députés d’où sortira le nouveau gouvernement.Dans un pays qui, à l’ère moderne, a connu des régimes autocratiques au sortir de la colonisation, avant de subir pendant des décennies la dictature de Saddam Hussein, et dans une région où les démocraties ne sont pas légion, la tenue d’élections pluralistes en Irak marque un indéniable progrès.

1/ troisième fois qu’ils votent, malgré les menaces d’attentats apocalyptiques, qui restent à l’état de menaces et n’effrayent pas les Iraqiens. Et en votant ils soutiennent implicitement la prétendue « occupation » de leur pays, puisqu’après tout les institutions actuelles sont issues de la prétendue « invasion »!
2/ la participation est en hausse à chaque scrutin…et elle est plus forte qu’en France pour de nombreux scrutins!
3/ « les démocraties ne sont pas légions » ? En fait dans la région il n’y en a qu’une de vraie démocratie: c’est Israël. D’ailleurs des démocraties fonctionnelles dans les pays musulmans, il y en a peu… quand le peu d’élections ne sont pas dominées par les islamistes d’ailleurs!
4/ « un indéniable progrès », quelle blague! C’était un pari auquel personne ne croyait, du moins dans les médias et les cercles intellectuels agréés… Qu’aujourd’hui Le Monde soit obligé de le reconnaître montre bien l’étendue phénoménale parcourue par l’Iraq depuis 2003… (pour prendre un point de repère, en Allemagne la Constitution a été adoptée en 1949, les premières élections ont suivi la même année)

Malheureusement, les files d’attente d’hommes et de femmes devant les bureaux de vote ne reflètent qu’une des images de la situation irakienne. L’autre réalité, celle qui domine les informations depuis qu’en mai 2003 le président Bush a cru pouvoir proclamer que la guerre était finie, ce sont les bombes, les attentats-suicides, les attaques d’une guérilla dirigée contre les « occupants » américains, leurs alliés étrangers et les représentants civils ou militaires du nouveau pouvoir irakien. George W. Bush a reconnu que cette autre guerre, qu’il n’ose appeler par son nom, avait fait 30 000 morts, dont plus de 2 000 soldats américains.

Après un timide acquiescement d’un « progrès indéniable », Le Monde entreprend de nier ce progrès! Pourquoi les attentats dominent les informations ? Parce que les journaux comme Le Monde préfèrent parler des attentats que des élections. Parce que les télés préfèrent diffuser des cratères fumants et des voitures en feu que des écoliers se rendant à l’école. Voilà pourquoi. Des bonnes nouvelles il y en a, il suffit de ne pas les ignorer. D’ailleurs les Iraqiens ne s’y trompent pas….

Or, pour les Etats-Unis, l’installation à Bagdad d’un régime stable, ayant les apparences de la démocratie à défaut d’en avoir les caractéristiques, est essentielle pour que l’expédition irakienne ne se termine pas par une débandade honteuse.

« Les apparances de la démocratie » ? Et pourquoi donc « apparences » seulement ? Faut-il croire que les Iraqiens ne sont que les dupes des Américains ? Qu’aucun des partis iraqiens n’est indépendant, n’est pas soumis à un contrôle américain ? que les médias ne sont pas libres ? Il est vrai qu’en France on peut donner des leçons de « vraie » démocratie, avec un président élu avec un scrore africano-brejnevien de 82% des suffrages exprimés, avec la belle unanimité médiatique concernant l’Iraq (dénoncée par Alain Herthoghe), l’unanimité pour dénoncer pêle-mêle les OGM, le libéralisme, et pour créer de nouvelles taxes et subventions… Ah et il y a bien sûr l’Union Européenne et sa Constitution: même quand vous votez non, c’est oui! Car le « processus » ne doit pas s’arrêter faute de volonté des « peuples »… nous sommes gouvernés par une aristocratie qui n’ose pas dire son nom, dont les médias sont les serviteurs zélés, quand comme en France ils n’en font pas partie par alliance, au sens propre du terme: Beatrice Schönberg, Christine Ockrent…

Confronté à une opinion de plus en plus sceptique, M. Bush voudrait pouvoir rapatrier quelques boys avant les élections de mid term de novembre 2006. Il ne peut le faire que si les forces de sécurité irakiennes sont en mesure de prendre, au moins partiellement, la relève. C’est loin d’être le cas.

Ite missa est! « C’est loin d’être le cas ». Croyez-en la profonde expertise militaire du Monde. Désolé, mais moi je me fie plus à Wretchard, Ludovic Monnerat ou Strategy Page! Ce qui ressort des diverses analyses sur le sujet, y compris celles du Pentagone, c’est qu’effectivement l’armée iraqienne n’a pas encore le niveau pour prendre la relève totalement. Mais partiellement ? Dans certains quartiers ce sont déjà des soldats iraqiens qui patrouillent les rues. Ils mènent des opérations conjointes avec les forces américaines. La relève a déjà commencé…

Faute d’une solution purement militaire, les Américains comptent sur l’effet vertueux des bulletins de vote pour ramener la tranquillité en Irak. Ils l’ont dit, et peut-être cru, avant tous les scrutins. Mais, loin de s’apaiser, la situation a continué de se dégrader. On peut espérer que les élections législatives porteront au pouvoir des forces représentatives de la majorité — chiite — de la population irakienne, tout en garantissant les droits de la minorité sunnite (les Kurdes, quant à eux, profitent déjà d’une large autonomie).

La situation se dégrade médiatiquement, pas militairement…

Mais il serait naïf de croire que ce scrutin suffira à ramener le calme. Il ne résoudra pas le dilemme de l’administration Bush : rester en Irak au risque de renforcer les groupes qui luttent contre la présence étrangère ; en partir au risque de laisser le pays s’enfoncer dans la guerre civile. Pour sortir de l’impasse dans laquelle il s’est mis lui-même, le président américain pourrait être tenté de choisir une voie moyenne, qui cumulerait tous les inconvénients.

Conclusion du Monde: même si scrutin est encore une fois couronné de succès, sans attentats massifs, avec une participation record, Bush a perdu. Il retire ses troupes: il a perdu. Il les maintient: il a perdu. Il les retire progressivement: il a perdu. Pile je gagne, face je gagne, tranche je gagne!
Conclusion au mépris de la réalité, puisque la « présence étrangère » est autant celle de Zarqaoui (Syriens, Iraniens, Séoudiens, Jordaniens, Egyptiens…) que celle des Américains, sauf qu’eux construisent des écoles et réparent les pipelines, tandis que Zarqaoui vise les civils et sabote les installations pétrolières qui font vivre le pays! A votre avis, qui provoque le plus de réactions négatives ?
A propos de la guerre civile « imminente », promise par tous les grands penseurs chaque semaine depuis deux ans (et surtout depuis le début 2005, une élection générale étant bien sûr un signe précurseur de guerre civile!), elle n’a toujours pas commencé, faute de participants shiites et kurdes!

Allez, je vous donne ma version du futur iraqien: réduction des troupes US à mesure que les Iraqiens prennent la relève, poursuite du processus démocratique, conflits de plus en plus intenses entre les rebelles sunnites et leurs alliés de circonstances islamistes étrangers (Zarqawi), baisse d’intensité du conflit, malgré des attentats fréquents parfois spectaculaires ou meurtriers. Pendant ce temps, Le Monde proclamera triomphalement « l’échec de la troisième voie », en n’oubliant pas de donner le chiffre des militaires US « morts au combat » en cumulé depuis 2003 (pour ne pas avouer que la situation est en fait relativement stable ou en amélioration), en fustigeant Bush pour l’abandon de l’Iraq à son triste sort, sort dont les médias se souciaient fort peu sous le règne de Saddam Hussein…

la grande dépression

Interview d’un « indépendantiste » martiniquais sur TF1.fr:

– L’annulation du déplacement de Nicolas Sarkozy est-elle une première victoire pour vous ?
[…] La mobilisation a été provoquée par notre indignation contre deux articles de la loi du 23 février 2005. Si le président de l’UMP est maintenant sensibilisé sur la gravité de cette loi et les dérapages qu’elle peut entraîner contre la France et contre nous-mêmes, il s’agit alors d’une première victoire.

Dérapages organisés ?
Mais encore:

Sur le fond, comment peut-on parler des aspects positifs de la présence française en dissociant cela de la colonisation ? La présence française, c’était la colonisation et ses conséquences. Ce n’est pas possible de faire cela. Comment vouloir mettre en avant la construction de routes, d’hôpitaux ou d’écoles alors que toutes ces actions étaient pensées pour rendre plus performantes la colonisation, la colonisation des esprits ou l’extinction des cultures et des religions ? Il est extrêmement important de dire qu’il y a là une volonté manifeste et insidieuse de laisser croire qu’il y a un aspect positif à la colonisation.

Comment les mettre en avant ? Parce que quand les Français sont partis, ils ont tout laissé sur place. Parce qu’ils ont aussi laissé une élite formée dans les écoles françaises, les mêmes qui accueillaient l’élite de la France (malheureusement ils ont aussi légué les structures administratives). Parce que nombre de Français sont restés post-colonisation dans les divers pays de l’Empire colonial parce qu’ils aimaient sincèrement ces pays, parce qu’ils y avaient des intérêts (professionnels ou personnels)…
Maintenant passons à l’accusation la plus dégueulasse: « la colonisation des esprits » ou « l’extinction des cultures et des religions ». Qu’en est-il réellement ? Je les invite à lire Charles de Foucauld pour savoir ce qu’il en était en Afrique du Nord. Oh, en Afrique de l’Ouest et en Afrique Noire il y avait peut-être plus de prosélytisme, mais l’animisme n’a pas disparu, et le christianisme a été assimilé plus qu’il n’a supplanté les religions locales.

S’il ne faut pas peindre en rose la colonisation, il ne faut pas non plus en faire un repoussoir absolu. A force d’auto-flagellation, de lamentations vaines, de commisérations, la France renie son passé, piétine son présent, et détruit par anticipation son futur (entre la dette publique et la démographie défaillante…). Ce débat sur les colonisations, insoluble par l’ampleur des colonisations et la diversité des situations à prendre en compte, n’est qu’un épisode de la dépression française.

l’Histoire par décret

Une loi, passée inaperçue jusqu’alors, clame les vertus positives de la colonisation française. Je laisse aux historiens le loisir d’en débattre: c’est leur métier. Aujourd’hui Villepin se prononce contre « l’histoire officielle »:

« Ce n’est pas aux politiques, ce n’est pas au Parlement d’écrire l’Histoire ou de dire la mémoire. C’est la règle à laquelle nous devons être fidèles », a expliqué M. de Villepin. « Il n’y a pas d’histoire officielle en France », a-t-il martelé.

(source: Le Monde)
Bien, M. Villepin, bien. Tous les chroniqueurs tomberont d’accord, et l’article en trop disparaîtra lors d’un vote à l’Assemblée. Et ils oublieront tous qu’il existe d’autres lois écrivant dans le marbre l’histoire officielle. En France il est interdit de remettre en cause les crimes nazis. Le PCF peut agiter sa bannière faucille-marteau, et ses nostalgiques clamer que Staline était un grand homme pour avoir industrialisé l’URSS, affirmer qu’Hitler était un grand homme parce qu’il a construit des autobahn est interdit. L’Histoire officielle existe toujours, et elle est écrite par la gauche.

Chut

On avait eu Hervé « Djamel » Loiseau, il y a eu John Walker Lindh, et tellement d’autres en 2001. Des Français, des Australiens, des Britanniques se battaient aux côtés des Talibans, d’Al Qaeda.
Mai 2003, nouvelle « surprise »: deux citoyens britanniques se rendent en Israël. L’un d’eux se fait sauter dans le premier attentat-suicide de musulmans européens. Dans le même temps les jihadistes se rendent en Iraq pour rejoindre au plus vite les 72 vierges. Les soldats américains en déchiquetent plusieurs tous les mois.
2004 se passe tranquillement, sans innovation majeure. De temps à autre des filières d’envoi de p’tits jeunes bien sages sont démantelées dans tous les pays européens, sans que cela ne suscite beaucoup d’émoi. Des petits jeunes bien intégrés, nourris au discours anti-occidental par les médias occidentaux, qui s’en vont se faire tuer loin de chez nous, en tentant de tuer des salauds d’Américains… beaucoup doivent les « comprendre », pour ne pas dire les « excuser », quand ce n’est pas carrément les approuver. Bref, pas d’opprobre morale, pas de remise en cause des communautés musulmanes. Le cancer métastase tranquillement.
Et fin 2005, en novembre… la première femme européenne à pratiquer l’attentat-suicide! On applaudit la Belgique pour avoir produit ce nouveau type de monstre, bien que ce ne soit qu’un hasard: elle aurait tout aussi bien pu être française, ou anglaise, italienne… D’après les biographies publiées ici ou là (mais pas dans la presse française, sauf dans Libération), Murielle s’est trouvé un Marocain, qui a viré islamiste, et elle avec… jusqu’au départ en Iraq, où son mari est tué par des soldats US, et elle se fait sauter (heureusement sans tuer personne).

Prochaine étape ?

Hégémonie

Après l’édito consacré à « Internet sous contrôle », Le Monde récidive aujourd’hui dans un article intitulé « Les Etats-Unis maintiennent leur hégémonie sur Internet« .
Mais quelle hégémonie ? Le Net n’est pas sous « domination US », ni sous « contrôle US ». La principale qualité de cette « hégémonie » c’est justement de ne pas en être une: à aucun moment les instances gouvernementales américaines ne se sont mêlées de la gestion du Net, et l’ICANN, la société gestionnaire des noms de domaine, pourtant dépendante du Ministère du Commerce US, n’a jamais eu à se plaindre de cette tutelle purement formelle. Il n’y a donc AUCUNE « hégémonie US » sur le Net, hormis technologique, qui résulte elle du libre jeu du marché, acceptée par tous car les solutions proposées par les entreprises US sont tout simplement les meilleures disponibles. Le titre du Monde est donc un fieffé mensonge!

Ceci étant, même s’ils n’ont pas réussi à prendre le contrôle du Net les apprentis censeurs et rapaces associés (Iran, Chine, Brésil et Union Européenne) n’en sont pas moins satisfaits:

Les négociateurs européens ne considèrent pas pour autant le sommet comme un échec. « Les Etats-Unis gardent pour le moment la haute main sur les noms de domaine, mais le texte qu’ils ont signé sonne le début de la fin de leur domination exclusive et sans partage, dit un délégué français. Ils acceptent pour la première fois l’idée que des aspects technologiques sont au coeur d’enjeux politiques. » Dans le texte qui devait être adopté, les parties reconnaissent ainsi que « tous les gouvernements devraient avoir un rôle et des responsabilités équivalents dans la gouvernance internationale d’Internet, dans le maintien de sa stabilité, de sa sécurité et de sa continuité ».

Allons à l’essentiel: « des aspects technologiques sont au coeur d’enjeux politiques« . Qui contrôle le Net contrôle la diffusion de l’information et son contenu. Autrement dit retour à l’âge des médias contrôlés, des licenses d’émission, de la carte de presse etc. Cela doit certes faire plaisir au Monde, mais surtout aux dirigeants chinois ou aux barbus fous iraniens, ou au malade mental nord-coréen, même si je doute qu’il y ait plus d’une ou deux connexions au Net dans tout le pays, réservées à l’usage exclusif du Grand Leader.
Notez aussi cette absurdité, déclamée on imagine avec un aplomb impertubable par un « négociateur européen »: « tous les gouvernements devraient avoir un rôle et des responsabilités équivalents dans la gouvernance internationale d’Internet, dans le maintien de sa stabilité, de sa sécurité et de sa continuité« .
Cela signifie-t-il que tous les gouvernements sont égaux ? Que Mugabe = Wim Kok ? Que Poutine = Zapatero ? Que Castro = Villepin ? Peut-être qu’aux yeux des diplomates, habitués aux cocktails et aux ambiances raffinées des palaces, toutes les ambassades se ressemblent, mais quid des régimes ? Que des Européens soient à ce point aveugles fait froid dans le dos! Ils se fichent éperdumment d’assister dans leur tâche les pires régimes de la planète, idôlatres d’une « démocratie des Etats », où tout le monde doit avoir sa place, ils préparent un énième forum, l’Internet Governance Forum, dans lequel les rares démocraties seront minoritaires! Et ils se félicitent d’avoir mis le Net sur cette pente glissante du contrôle politique de la technologie par des dictateurs…
Au passage, pour assurer la « continuité d’Internet », il suffit de laisser les choses en l’état. Qui a connu une « panne d’Internet » ? Personne, et pour cause, toutes les infrastructures sont redondantes, et la structure elle-même est conçue pour résister à des pannes locales…

Et à quoi devrait servir ce nouveau « forum » étatique ?

S’il ne remet pas immédiatement en cause le contrôle des Etats-Unis, l’IGF sera « le premier outil de coopération internationale autour des questions d’intérêt public liées aux usages de l’Internet : lutte contre l’utilisation du réseau à des fins de terrorisme, contre les flux financiers illicites ou encore contre le spam », selon Bernard Benhamou, responsable de la prospective et de la gouvernance à Matignon. Les négociations, qui ont opposé frontalement les Etats-Unis à la Chine, l’Iran et le Brésil — favorables à une implication directe des Etats — ont un temps laissé planer la possibilité de voir certains pays faire sécession et créer une architecture distincte du Domain Name System (DNS), actuellement dominé par les Etats-Unis. Une telle extrémité, techniquement envisageable, aurait porté gravement préjudice au caractère universel d’Internet.

Que des objectifs louables, lutte contre le spam, le terrorisme… et c’est certainement pour ça que l’Iran et la Chine poussait à sa création, n’est-ce pas ? Vous y croyez ? Pas moi. Il est évident que si les Etats cherchent à s’emparer du Net c’est pour contrôler son utilisation, le contenu, l’accessibilité, les informations…

Free space

Note technique: le contrôle des « noms de domaine » est assuré par l’ICANN, via un serveur central, auquel tous les autres ordinateurs connectés au Net se réfèrent. Ce « root server » est relayé par 12 autres serveurs (y verront une analogie ceux qui veulent…), et sert en fait à ce que quand vous tapez www.lmae.net vous arrivez bien ici et pas ailleurs. Voilà ce que contrôle l’ICANN.

Difficile pour Le Monde de soutenir l’initiative onusienne de prise de contrôle de l’Internet, en réalité une prise de contrôle par l’Iran, la Chine, la Russie, Cuba et autres démocraties associées. Difficile pour Le Monde de ne pas soutenir l’ONU, tout simplement parce que c’est l’ONU, et que multilatéral, c’est bien. Difficile pour Le Monde de soutenir le status quo, car cela voudrait dire prendre position « pour » les Etats-Unis. Alors quand Le Monde fait son édito sur le thème « Internet sous contrôle« , on imagine sans peine les débats au sein de la rédaction! Et malheureusement on imagine sans peine le résultat final… la preuve:

Les Etats-Unis doivent-ils garder les rênes d’Internet ? Beaucoup, de l’Union européenne à l’Argentine, mais aussi les pays à régime non démocratique, de la Chine à l’Iran, plaident pour l' »internationalisation » de sa gestion.

Régime « non démocratique », bel euphémisme pour « sanguinaire », « dictatorial », « violent », « communiste »… Pourquoi vouloir retirer à l’ICANN la gestion des noms de domaines ? Parce que ce serait un premier pas vers la politisation du Net, vers son contrôle étatique. C’est le début d’une pente glissante vers toujours plus de contrôle: l’UE pour y mettre des taxes, la Chine pour emprisonner des dissidents.

Comment « internationaliser » Internet ? Les options, libérales ou étatiques, visent toutes à rompre la relation d’autorité qui soumet la gestion et l’administration de la Toile au département du commerce américain. Historiquement, Internet est une création américaine. Ses entreprises, ses chercheurs et ses ingénieurs l’ont, pour l’essentiel, inventé. Depuis, les Etats-Unis y détiennent presque tous les pouvoirs. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, « débrancher » un pays. Si l’idée lui en venait, Washington pourrait rendre inaccessibles tous les sites inscrits au « .fr ». Il lui suffirait d’agir sur un seul ordinateur, la « racine ultime » qui orchestre le fonctionnement des douze « serveurs racines » sur la planète. Tenu en un lieu secret, ce grand maître de la Toile est contrôlé par l’Icann, une société privée à but non lucratif placée sous l’autorité du département du commerce américain.

Quelles options libérales de « contrôle » d’Intenet ? Je n’en ai jamais vu une seule, et pourtant je me classe moi-même comme étant libéral. Le Net fonctionne très bien tel quel, et à ma connaissance à part les psychopathes censeurs et les Européens souhaitent le modifier.
D’autre part, la relation d’autorité entre le DoC et l’ICANN est simplement formelle. A ce jour, jamais le Departement of Commerce ne s’est invité aux réunions de l’ICANN, ce qui aurait immanquablement provoqué un tollé international. Pourquoi donc remettre en cause une institution de facto indépendante ?
Concernant cette prétendue épée de Damoclès de « débrancher un pays » non seulement l’ICANN ne l’a jamais brandie, mais je pense que l’idée même n’a pu germer que dans les cerveaux malades des censeurs! Qui pourrait rêver de couper l’accès à tous les domaines de tel ou tel pays ? Cela provoquerait non seulement un chaos immense à l’intérieur de ce pays, mais techniquement la mesure pourrait être contournée, et gênerait peut-être autant ceux qui en seraient responsables!
Enfin, admirez le voile noir jeté par le mot « secret »: si la localisation du root server est secrète, c’est tout simplement pour des raisons de sécurité. Une bombe sur ce root server, et le Net en prend un sale coup. Et le Net est aujourd’hui vital à l’activité économique mondiale. Une raison suffisante à elle seule pour s’abstenir de jouer avec les noms de domaine pour le Ministère du Commerce américain, non ?

Les Etats-Unis plaident pour un maintien de cette structure, arguant de la nécessité de « préserver la sécurité et la stabilité » de la fonction assurée par l’Icann. S’ils admettent la légitimité de la demande des Etats de gérer leur « nom de domaine » et considèrent que le « dialogue » doit se poursuivre, il est difficile de voir une ouverture dans leur exigence de maintien du statu quo. La réaffirmation, dans une déclaration officielle, le 30 juin, de « l’importance capitale » que revêt Internet pour les Etats-Unis, exprime clairement leur volonté d’en conserver le contrôle ultime.

Les Etats gèrent déjà leurs « noms de domaine »: en France le .fr était contrôlé par une université (l’INRA je crois), et c’était la croix et la bannière pour avoir un nom de domaine en .fr, en plus d’être évidemment extrêmement coûteux. Qui contrôle l’extension du Zimbabwe ? Ou celle de la Mozambique ? Peut-être que les gouvernements là-bas n’en ont rien à cirer… et peut-être que quelques universitaires linuxiens le font déjà! En tout cas que ce soit l’ICANN ou un autre qui contrôle cette extension, ce n’est pas un problème majeur: avoir un .fr ou .com importe peu, et l’ICANN ne va pas vouloir contrôler des pays qui demandent à contrôleur eux-mêmes, comme c’est le cas de la France.

Cette position est-elle tenable ? A l’inverse, le Réseau a-t-il à gagner à passer sous un contrôle international ? Deux visions s’affrontent. Celle de la « garantie » américaine est légitimée par l’histoire d’Internet. L’internationalisation, elle, s’inscrit dans son développement. Internet est déjà utilisé par un milliard d’hommes. En nombre de « connectés », l’Asie vient en tête, suivie de l’Europe ; l’Amérique du Nord est désormais derrière. En deux décennies, Internet a échappé aux seuls Etats-Unis. La plus grande part du développement du Réseau est aujourd’hui commerciale, culturelle ou scientifique. Son rôle politique est devenu incontournable et son importance stratégique vitale.

Les arguments sont absurdes: que le Net ait été conçu et développé aux USA est une chose, mais ce qui est vraiment important c’est que jamais au grand jamais personne là-bas n’ait tenté de le contrôler politiquement, et qu’aucune entité privée n’ait jamais réussi à mettre la main dessus du fait justement de sa structure. Que le Net soit maintenant utilisé de façon mondiale le confirme: c’est un réseau ouvert, où la connexion dépend de paramètres avant tout techniques et financiers (deux coûts qui se sont effondrés depuis 10 ans, au point d’en faire une commodité en Amérique du Nord, cf les « hotspot » wifis gratuits partout!). Le Réseau est déjà ouvert!
L’Internet n’a donc pas « échappé aux Etats-Unis« , mais s’est tout simplement développé, a grandi en fonction des connexions. Une croissance hors de tout contrôle, menée par des universitaires et des entreprises privées.

Washington refuse de céder la place à la communauté internationale en invoquant la nécessité d’exclure toute prise sur lui d’Etats non démocratiques. Argument de poids, quand on sait que l’ONU a accepté que le Sommet mondial se tienne dans un pays qui interne ses internautes.

De même que l’Egypte, l’Iran, la Chine, la Russie, et j’en passe…

Certes, si des Etats autoritaires disposaient du contrôle de leur nom de domaine principal, ils verraient leur pouvoir renforcé.

Surtout qu’ils ne s’arrêteraient pas en si bon chemin. Ils demanderaient un jour prochain à contrôler tel ou tel aspect, quitte à modifier techniquement le réseau, pour pouvoir identifier de façon certaine chaque ordinateur, et in fine chaque personne connectée. L’objectif est bien entendu le flicage, la censure, les impôts…

Mais Internet véhicule autant la propagande que la contestation. La démocratie ne peut que gagner du terrain lorsqu’un tel moyen de communication et d’expression se développe.

Et ce ne serait pas le cas aujourd’hui ? Combien y a-t-il de blogs égyptiens ? Tunisiens ? Iraniens ? il y en a. des tonnes, à vous de chercher! La censure aujourd’hui peut être contournée, même si en Chine, et avec l’aide de compagnies occidentales (Yahoo, Cisco, Microsoft…) le contrôle est très efficace. Il n’empêche, dans la course technologique entre les censeurs et les censurés, la guerre n’est pas perdue d’avance, surtout quand l’autorité suprême ne prête aucun concours aux censeurs!
Le Net est donc aujourd’hui dans la position optimale pour arriver à véhiculer la contestation. D’ailleurs où publierais-je mes textes, si je n’avais pas ce petit site…

A supposer que cela ne soit pas un voeu pieux, en confier les clés à un organisme international communément accepté par tous relève, dès lors, du bon sens. Sauf à juger que seul Washington est aujourd’hui capable d’assurer la sécurité du réseau virtuel, comme celle du monde réel.

Enfin Le Monde prend position! Mais en dépit du bon sens, c’est pour le contrôle du Net, malgré les faits: le Net n’a jamais eu autant de trafic, autant de sites, et ne s’est jamais aussi bien porté, malgré les coups de boutoir des censeurs.
Pourquoi dès lors, vouloir lui imposer des contrôles ? S’il y a bien un seul pays aujourd’hui dans lequel la liberté d’expression soit respectée, c’est bien les Etats-Unis d’Amérique, n’en déplaise aux journalistes du Monde, toujours prêts à s’acoquiner avec la pire racaille pourvu qu’il y ait un angle anti-américain quelque part. Pitoyable, et so french!

La faute à CNN

Visiblement les médias étrangers n’ont pas traité avec la même légèreté que les médias français la « crise des banlieues »: « Depuis le début de la crise, télévisions et journaux européens et étrangers ont tendance à présenter le pays comme quasiment en guerre.« . Cela n’a pas plu à Jean-François Copé, le ministre du Budget.
Mais comme M. Copé porte aussi la casquette de porte-parole du gouvernement, il se doit de porter cette bonne parole partout où il le peut, y compris dans les médias étrangers: que ceux-ci ne rendent pas compte de la vérité officielle et le voilà très contrarié. Il a donc, tout simplement, convoqué les journalistes étrangers « pour les convaincre que la France n’est pas à feu et à sang« , mais aussi: Il devrait aussi présenter des initiatives positives prises dans le cadre de la politique de la ville, comme les zones franches ou la rénovation urbaine. Il devrait enfin vendre «une France attractive qui se réforme» et, notamment, d’un point de vue fiscal« .
Pour le gouvernement l’image de la France est plus importante que son état réel.
Le pire, c’est que ce porte-parole est si efficace que les journaux français ont dénigré la couverture des médias étrangers tant est si bien que lundi matin j’ai eu droit à des remarques de tous mes collègues sur le thème: « alors t’as vu à CNN ils confondent Lyon et Lille! Hahah quels cons ces Américains! ». Ouais, quels cons, n’est-ce pas ? C’est vrai que nous on sait placer Des Moines ou Boise sur une carte, hein ? Nous on est des grands culturés, comme je peux le constater tous les jours à mon travail quand mes collègues, les mêmes qui ricanent sur les approximations géographiques des Américains, m’envoient des e-mails à faire pleurer des élèves de CP (des années 60, car ceux d’aujourd’hui…)! Et c’est tellement plus facile de recourir au bon vieux réflexe anti-américain que de regarder la réalité en face!

Mise à jour: oops, je n’ai pas cité ma source: un court article dans Le Figaro. A noter qu’ensuite j’ai entendu sur I-Télévision une journaliste déclarer que « Copé avait convoqué la presse étrangère pour la tancer ». Hé oui, en France le porte-parole du gouvernement gronde les journalistes étrangers.
Voir aussi Stephane.info sur le même sujet.

Armes chimériques

Lu dans Libération:

A Rome, «Yankee go home»
lundi 14 novembre 2005 – 19:29

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi soir près de l’ambassade des Etats-Unis à Rome aux cris de «Yankee go home» et ont lancé des paquets de farine pour dénoncer l’utilisation de phosphore par les troupes américaines à Falloujah en novembre 2004. Les manifestants, entre 200 et 300 selon la police, ont tenté de forcer le passage, puis ont bloqué l’avenue, une des grandes artères de la ville.

Plusieurs élus de la gauche radicale italienne ont soutenu cette manifestation dans une déclaration commune. «Les témoignages d’officiers américains confirment l’enquête de la Rai (la télévision publique italienne) et placent le commandement américain devant ses terribles responsabilités», ont-ils affirmé.

Un reportage de la chaîne d’information italienne RaiNews 24 diffusé mardi dernier a affirmé que les forces américaines ont utilisé des armes chimiques contre des civils de Falloujah en novembre 2004, notamment du phosphore blanc, un puissant agent mortel qui brûle violemment les corps.

Pourquoi faire un papier là-dessus ? Les troupes US emploient évidemment du phosphore dans des obus « marqueurs », parce qu’ils font une colonne de fumée blanche bien visible pour d’autres troupes. Très utiles pour dire « c’est là qu’il faut tirer » ou au contraire: « partout sauf ici! ». Voilà longtemps que l’armée US n’utilise plus le phosphore en tant qu’incendiaire. Pour cela il y a le napalm, mais qui est lui aussi obsolète. Aujourd’hui il y a des bombes bien plus terrifiantes… et les obus marqueurs servent rarement, dans une armée « en réseau », où la majorité des projectiles, y compris les obus d’artillerie, sont guidés.
La description débile que fait Libération du phosphore est encore plus risible que l’accusation: « un puissant agent mortel ». Wow. On parle du sarin ou du tabun ? du VX ? Non, d’un produit incendiaire et fumigène. Et quels effets a-t-il ? Fort logiquement, le phosphore brûle. Wow. Là on a une info de première classe: ben oui, les produits incendiaires ne rentrent pas dans la catégorie « armes chimiques ».
Ah et puis renseignez les imbéciles qui parlent d’armes chimiques: une balle contient de la poudre, un obus aussi, et ce sont aussi des « armes chimiques ». Mais c’est pas grave, dans les médias français, on peut écrire ou répéter n’importe quelle connerie.