Les Israëliens installés dans la « bande de Gaza » (territoire égyptien gagné au combat par Israël) sont expulsés par d’autres Israëliens. Ce sont des images insoutenables, terribles. Les pacifistes, gauchistes et anti-sémites ne se posent même pas la question une seconde: pourquoi 8.000 personnes gênaient 1.500.000 palestiniens ? Pourquoi avaient-ils besoin de protection militaire ? Pourquoi cohabiter n’aurait-il pas été possible ?
Pour les Israëliens rien d’impossible: il y a de nombreux Arabes Israëliens, détenteurs de la citoyenneté de l’Etat d’Israël. Ils y sont citoyens à part entière. Ils n’y vivent pas derrière des barreaux. Ils ne sont pas enfermés dans des ghettos. Ils ont le droit de manifester, le droit de vote, le droit de former un parti politique. Et ils le font.
Mais pour les Palestiniens, vivre aux côtés de Juifs c’est impensable. Ainsi j’ai pu voir sur I-Télé Ahmed Qoreï se réjouir du « nettoyage de Gaza« , avec derrière lui une banderole du Hamas. Oui, Ahmed Qoreï, l’ex-premier ministre d’Arafat. Il parlait d’un nettoyage religieux: les Juifs sont sales, Gaza sans les Juifs, c’est propre. Nettoyé.
Pendant ce temps, les terroristes du Hamas paradent, ils auraient tort de se priver: Sharon leur offre une victoire sur un plateau, comme lors du retrait du Liban il y a 5 ans. Et pourquoi cesseraient-ils leurs attaques ? Persuadés d’avoir acquis la victoire par les armes, ils continueront dans la même voie. Ils promettent déjà « demain Jerusalem et la Cisjordanie ».
Quel est donc l’objectif alors ? Une démonstration de bonne volonté à l’usage du monde entier, des médias occidentaux en particulier ? Parce que vous croyez vraiment que la BBC va utiliser le terme terroriste pour parler du Hamas ? Vous croyez que pour autant le gouvernement français va se décider à mettre le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes ?
Non, il n’y aura aucun bénéfice pour Israël en termes médiatiques, pas plus que le sentiment anti-Israël ne baissera dans l’opinion publique en général. Il restera toujours les « colonies » de Cisjordanie, il restera toujours des checkpoints à leur reprocher, et des « réfugiés » à plaindre. Et Israël se défend. Les autres résistent. Voyez-vous, c’est différent. Des résistants peuvent faire sauter des bombes dans des écoles, des pizzerias, ce ne sont pas pour autant des terroristes. Et le retrait de Gaza n’y changera rien. Au contraire: les attaques augmenteront. Les terroristes seront encore plus libres de leurs mouvements, et bientôt ils pourront se faire livrer les armes par avion ou par bateau (puisqu’un port sera construit à Gaza). Ils pourront lancer leurs roquettes sur les villages Israëliens de l’autre côté de la frontière.
Alors qu’est-ce qu’Israël peut gagner de ce retrait unilatéral, non négocié ? Peut-être la cohésion interne. Au risque de provoquer une guerre civile, car l’affaire aurait (et peut encore) mal tourner, Sharon a rassemblé derrière lui les 2/3 de la population. Les ripostes envers les terroristes sont doublement légitimés, et les appaiseurs Israëliens seront confrontés à leurs contradictions.
D’autre part, la situation des frontières est claire: il n’y aura pas d’autre retrait, la Cisjordanie fait partie d’Israël, le Golan aussi. Israël ne négocie pas: Israël est maître de son destin. Israël définit seul ses frontières. En abandonnant des territoires difficilement défendables, l’Etat d’Israël est en train de se faire des frontières lui permettant d’assurer sa défense. Israël est en train de garantir sa survie. En tout cas, c’est certainement le calcul de Sharon. Quel déchirement. Quel espoir.
Mise à jour: Charles Krauthammer dit la même chose ici, sauf que lui le fait clairement, intelligiblement…
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