Le conseil des gardiens de la révolution iranien a nommé président de la république islamique M. Ahmadinejad. Pas le peuple iranien. Celui-ci est massivement resté chez lui. Cela n’empêche pas nos médias nationaux de traiter ces élections truquées comme il le ferait d’élections en Corse: entâchées de quelques irrégularités, mais globalement valides.
Le Figaro:
Les Iraniens ont voté pour un meilleur niveau de vie
Suit un article façon micro-trottoir, donc forcément « représentatif », avec les avis de Kobra Sohebjam ou Simine Alizadeh, citoyens tirés au hasard on suppose pour répondre aux questions du Figaro (en la personne de Delphine Minoui).
Un fossé qui a divisé les Iraniens lors d’un second tour serré, au résultat incertain.
Hier, il y avait foule devant les bureaux de vote. Mais du débat politique qui avait animé le premier tour, jusque dans les files d’attente – «Moïn garantira les droits de l’homme», «Rafsandjani n’interviendra pas dans la vie privée des gens», «Ghalibaf promet de ne pas militariser la politique», etc. –, il n’était soudain plus question.
Pourquoi mentir ainsi ? Quel est l’intérêt ? Avoir son visa renouvelé pour continuer de pouvoir bosser ?
les étudiants – qui avaient préféré boycotter le premier tour – se sont également résignés à voter pour celui qu’ils considèrent comme «le moins pire»
Ou peut-être parce que tous ceux qui ne voteraient pas avaient la certitude de ne pas avoir leurs examens…
Ce vote a montré qu’on ne peut pas ignorer les attentes d’une majorité des Iraniens de provinces et des couches populaires
Oui, bien entendu, c’est donc une consultation populaire, et ce sont les attentes d’une majorité d’Iraniens qui ont été exprimées lors de ce scrutin…
Sur tf1.fr ce n’est pas mieux:
L’Iran se choisit un président radical
Comme si les Iraniens avaient choisi eux-mêmes… les candidats devaient être approuvés par le conseil des gardes de la révolution, la mollahcratie.
Ses proches parlent d’un tsunami électoral. Vendredi, au second tour de l’élection présidentielle, l’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a rassemblé sous son nom plus de 61% des suffrages. La participation serait de 56%, soit moindre qu’au premier tour.
Chiffres officiels bien sûr. Pour la photo il suffit de rassembler les fonctionnaires du coin et leurs familles et hop « les bureaux de vote étaient pleins » sur la base d’un petit tour en voiture organisé par le gentil pouvoir iranien.
Dans un autre article, toujours sur le site de tf1:
Les 47 millions d’électeurs iraniens de plus de 15 ans ont voté vendredi pour choisir leur prochain président.
Ils ont tous voté ? 100% de participation ? Pas mal, surtout quand elle est de 56% dans l’autre article. Mais même le chiffre de 56% est bidon. Il s’agit avant tout de conserver une apparence démocratique pour un pays gouverné depuis 30 ans par des mecs sapés comme des sacs de charbon, aussi aimables que des lamas, malheureusement assis sur des richesses fabuleuses…
Sur Le Monde la version officielle iranienne est à peu près respectée, hormis un article critique:
Des soupçons d’irrégularités ont plané, vendredi 24 juin, sur le second tour de l’élection présidentielle iranienne
Rassurez-vous, ce ne sont que des soupçons.
Pour encourager la participation, la fermeture des bureaux de vote a été repoussée à plusieurs reprises. Les premiers résultats devraient être connus samedi matin.
Pour encourager ou par désespoir de ne pas voir les électeurs se déplacer ?
« Le ministère de l’intérieur examine la suspension des opérations dans certains bureaux », a-t-il prévenu.
Mais le Conseil des gardiens, institution ultraconservatrice qui supervise les élections, a opposé une fin de non-recevoir. L’arrêt du vote « doit être approuvé par le Conseil des gardiens, sinon cela est passible de poursuites en justice », a déclaré le chef de cette institution, clé de voûte du système islamique, Ahmad Janati.
Si le Conseil des gardiens vous dit que les élections sont valides, alors il n’y a pas à s’inquiéter. Et ceux qui s’inquiètent trop auront à faire à la justice divine, via bien sûr un tribunal islamique…
Après le premier tour, les adversaires de M. Ahmadinejad avaient évoqué des bourrages d’urnes, des achats de voix, des pressions sur les électeurs et la mobilisation en sa faveur de l’armée idéologique et de la milice islamiste.
Pressions sur les électeurs ? Comme par exemple en annonçant à tous les fonctionnaires qu’ils seront virés s’ils ne vont pas voter ? Aux ouvriers des entreprises nationalisées (c’est à dire tout ce qui a une réelle importance économique ou sociale) que ce n’était pas la peine de revenir même pour toucher le solde de tout compte s’ils n’allaient pas voter ? Les milices auraient-elles motivé les habitants ?
Dans un Etat dictatorial théocratique comme l’Iran, qui plus est très socialiste, il y a tout un tas de méthodes pour motiver les indécis…
Le Monde aurait pu en rester là mais dans un 2nd article ils se raccrochent à la version officielle, la même sur tous les sites, plus que probablement écrits à partir de la même dépêche AFP: la « campagne » est serrée, les Iraniens votent en masse, etc etc… Une campagne banale en somme…
Ceci étant, il est évident que la mollahture se durcit. Rafsandjani était un homme de paille, peut-être un naïf, qui aura à peine servi à canaliser la volonté de changement en représentant l’espoir pour beaucoup d’Iraniens. Puis quand ils se sont aperçus qu’il n’était qu’une marionnette sans pouvoirs les manifestations ont repris. Il y en a eu beaucoup dans ces 5 dernières années, ponctuées de morts, d’arrestations, de censure…
Maintenant les mollahs ont suffisamment confiance en leur régime et en sa solidité, certainement parce qu’ils ont maintenant formé des milices puissantes et qu’ils sont à quelques mois de la bombe nucléaire (grâce à nos amis les russes), pour qu’ils cessent la mascarade Rafsandjani et mettent l’un des leurs à la présidence du pays. Le CV du nouveau président ne trompe d’ailleurs pas:
Issu d’une nouvelle génération de conservateurs qui ont remporté les élections municipales et législatives de 2003 et 2004, l’homme est un ancien membre des forces spéciales de l’armée idéologique, les Gardiens de la Révolution.
(source: tf1.fr)
Mais ce n’est de toute façon pas à la présidence du pays que se prennent les décisions qui comptent. C’est au Conseil des Gardiens de la Révolution. Et ils ont décidé d’entrer en conflit avec l’Occident: ils iront jusqu’au bout: Iraq, en continuant de financer et d’aider les terroristes (via la Syrie), Hezbollah au Liban, et surtout la bombe. Désormais il ne faut plus attendre une révolution en Iran. La contre-révolution vient déjà d’avoir lieu.