Le Liban est occupé depuis presque 30 ans par son voisin syrien, mis en coupe réglée par les pillards syriens, camp de base du Hezbollah… les professionnels de la protestation contre « l’oppression » israëlienne n’en ont cure: tant que ça reste entre Arabes!
D’après ce qu’en disent les divers journaux et analystes, ce serait sur l’initiative du gouvernement syrien que Rafik Hariri aurait été assassiné.
Tout cela pourrait bientôt changer, puisque l’assassinat d’Hariri provoque un sursaut « nationaliste » au Liban. Après 40 ans de dictature, si le regime change syrien venait du Liban ?
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Retour de flamme
Le pouvoir des blogs
Voilà ce que j’écrivais il y a quelques jours:
Internet c’est le cauchemar des gouvernements et des médias. Pensez donc: les gouvernements peuvent souvent exercer un contrôle strict des médias, via des licenses, des subventions (déguisées ou non, via des abonnements massifs d’organismes d’Etat, de tarifs préférentiels pour l’acheminement postal, des impôts allégés pour les porteurs d’une carte de presse…). Les médias quant à eux y voient une concurrence déloyale, anarchique, mais surtout impitoyable, et ils ont raison. Nous sommes la révolution!
Je parlais évidemment des blogs: ils ont fait la différence pour Dean Rather, et maintenant c’est au tour de Eason Jordan de CNN d’en faire les frais: il a tenu des propos ambgüs concernant les relations armée US/journalistes, sous-entendant plus ou moins nettement que des soldats US auraient tiré sur des journalistes de façon délibérée. Après avoir nié les faits, produit des explications peu convaincantes, il a fini par démissionner de son poste.
Cette nouvelle démission montre bien l’importance qu’ont désormais acquis les blogs aux USA. Là-bas ils forment un réel contrepoids aux médias traditionnels, en se situant principalement sur le terrain de l’analyse, l’édito, l’opinion. Les blogs mettent en perspective, recoupent les sources, traquent les incohérences, tout cela avec une puissance phénoménale car basée sur une masse de gens dont certains se révèlent être justement le spécialiste du sujet du jour… Etil y a aussi dans la collecte brute d’information que les bloggers font de l’ombre aux « MSM » (mainstream media): il y a des dizaines de bloggers iraqiens, et autant de « milblogs » de militaires US déployés en Iraq (et ailleurs) par exemple. Pour savoir ce qui se passe réellement en Iraq, ce que pensent les Iraqiens, le climat général du pays, rien ne vaut un tour sur les blogs iraqiens plutôt que de regarder CNN!
Evidemment ici en France on en est loin, et ce n’est pas moi (seul) qui y changerait grand chose: la plupart des blogs sont soit tenus par des ados incapables d’aligner plus de trois mots dans un français correct (pensez aux Skyblog), soit issus des médias eux-même (Libé, Le Monde, Nouvel Obs). Il y a malgré tout une petite communauté de blogs libéraux, conservateurs, pro-US, libertariens en France…
Ceci étant dit, regardez comme la démission de Jordan est relatée en France:
Le Monde: Le directeur de l’information de CNN a présenté sa démission:
Eason Jordan était une personnalité respectée au sein de CNN, chaîne qu’il avait rejointe en 1982.
Le directeur de l’information de la chaine de télévision américaine CNN, Eason Jordan, a annoncé vendredi soir 11 février sa démission, après des remarques qui lui ont été prêtées sur la responsabilité de soldats américains dans la mort de journalistes en Irak.
Eason Jordan n’a rien dit: ce sont des propos qui lui ont été prêtés. Pourquoi démissionner alors ? Parce qu’il y avait un flou, ce qu’il admet lui-même:
« Je n’ai jamais voulu laisser entendre que les soldats américaines ont agi de façon délibérée quand ils ont accidentellement tué des journalistes, et je présente mes excuses à quiconque croirait que je l’ai dit ou pensé »
et les blogs là-dedans ?
La controverse a pris de l’ampleur la semaine dernière, plusieurs personnes qui ont participé au forum de Davos racontant chacune leur version, notamment sur des blogs.
Hop, relégués à la dernière ligne… ils ont eu le mot de la fin! Enfin, juste un mot…
Sur Libé c’est pire (logique): CNN casque pour outrage à soldats:
qui peut encore douter du pouvoir de la «blogosphère»? Après avoir fait chuter le présentateur vedette de CBS Dan Rather (coupable d’avoir présenté des documents sur le passé militaire de Bush, qui se sont révélés être des faux), des blogs conservateurs viennent d’accrocher un nouveau trophée à leur tableau de chasse : la tête d’Eason Jordan, directeur de l’information de CNN, dont ils dénonçaient de récents propos sur l’Irak. La polémique gagnant peu à peu les médias traditionnels, Jordan a décidé, samedi, de s’excuser et de démissionner
Au moins Libé ne passe pas complètement au travers du sujet! Sauf que les blogs « conservateurs » (Charles Johnson, Glenn Reynolds et d’autres se déclarent démocrates, d’autres libertarians, d’autres conservateurs) ne sont pas des lynch mobs, à la recherche de la prochaine victime.
Sa démission, et la polémique qui l’a précédée, s’inscrivent dans une guerre plus vaste engagée par les conservateurs contre la chaîne du groupe Time Warner. CNN n’est pas un média foncièrement de gauche, mais, pour son malheur, sa concurrente est Fox News, le phare idéologique de la droite américaine.
CNN n’est pas foncièrement de gauche, mais non, pas plus que ABC CBS et les autres. Il n’y a pas de media bias, et Libé n’est pas de gauche non plus. D’ailleurs Le Monde est pro-américain selon un de mes collègues!
Et si Jordan a démissionné, c’est la faute d’une grande conspiration de droitistes, alliés à Fox News.
Entre Le Monde et Libé on a les deux facettes de l’information à la française: soit les blogs ont eu un rôle insignifiant, soit c’est une vaste conspiration de droite. Ici aussi on a besoin d’une révolution médiatique.
Controverse sur l’Islam modéré
At the core of his argument is the view that « moderate Islam cannot exist. » To which I reply that Islam can be whatever Muslims wish to make of it
Le monde à l’envers
Je viens de terminer The Killing Fields, film bouleversant, à ranger aux côtés de La liste de Schindler. Il raconte l’amitié entre deux journalistes, Sidney Schanberg du New York Times, et de Dith Pran, son guide: l’irruption de la guerre au Cambodge, l’horreur, la chute et l’évacuation forcée de Phnom Penh, puis les camps, où Pran passe 4 ans avant de s’enfuir. Une histoire magnifique même si le film romance la fin de l’histoire…
A l’époque, Schanberg, tout comme la majorité des journalistes US et occidentaux en général, était contre l’intervention US en Indochine, opposition perceptible en filigrane tout au long du film. Les motivations des journalistes étaient variées: soutien pur et simple de la « révolution » (au hasard, des français, comme Jean Lacouture du Monde), opposition à leur gouvernement pour certains Américains (le Watergate a lieu au même moment), gauchisme pseudo-romantique ou fanatique, d’autres parce que la souffrance des populations civiles leur était insupportable… Toujours est-il qu’ils instruisaient le procès du gouvernement américain et de sa politique, parfois à raison comme dans le cas du massacre de My Lai (au Viêtnam), plus souvent à tort, en désinformant, comme Walter Cronkite lors du Têt 68, ou l’inévitable Chomsky. Finalement ils ont eu raison de la guerre du Viêtnam. Les boys sont rentrés au pays, le soutien à l’armée du Sud Viêtnam a cessé totalement sous Ford (bloqué par le Congrès), et les communistes ont pris le Cambodge, le Laos et le Viêtnam. Là ils ont fait ce qu’ont toujours fait les communistes: emprisonner, massacrer, provoquer des famines et des exodes, déraciner les gens, anéantir la culture, l’économie, endoctriner les enfants, rééduquer les parents, etc. Cela s’est traduit par environ 2 millions de morts au Cambodge (où la guerre a continué de façon sporadique jusque dans les années 90 entre factions rivales), par les boat-people, une arriération économique durable…
Evidemment, certains chroniqueurs de l’époque regrettent plus ou moins leurs prises de positions. Peut-être auraient-ils du parler des atrocités commises à Huê en 68 ? Peut-être auraient-ils pu souligner la dangerosité des thèses khmers, pourtant bien connues à Paris ? Evidemment il y en aura toujours pour mettre les massacres sur le dos de la CIA, ou faire porter l’entière responsabilité de l’avènement au pouvoir des khmers rouges sur le gouvernement US (en oubliant que les Chinois finançaient et armaient…).
Aujourd’hui la même opération médiatique est à l’oeuvre en Iraq: les médias montrent à l’envie les corps démembrés des victimes des terroristes coupeurs de tête, les rues ensanglantées de Bagdad après les attentats, les maisons éventrées à Fallujah… Ils se refusent à désigner les assassins islamiques par leur nom, celui de terroristes. Ils relayent complaisamment des statistiques bidons, des histoires éventées d’explosifs « perdus ». Quand ils ne peuvent pas faire passer une victoire pour une défaite, ils insistent sur les destructions, ou encore voudraient nous faire croire que les agissements condamnés (très lourdement) d’une minorité de soldats dans une prison isolée sont représentatifs de toute une armée. Et tout récemment, l’image d’un Marine tirant à bout portant sur un homme blessé dans une mosquée a fait couler beaucoup d’encre. Pensez-donc, à Fallujah, où cette scène s’est déroulée, des terroristes ont « fait le mort » pour se relever et tuer des Marines. Mais pourquoi remettre les choses dans leur contexte, alors qu’il est si simple de lyncher en passant en boucle une image sans l’expliquer ? Les vrais criminels de guerre, ceux qui violent toutes les lois de la guerre, à commencer par celle qui veut que des armées se battent entre elles et non pas contre des civils désarmés, le tout avec un uniforme sur le dos, devraient avoir droit à des égards spécifiques ? Ils ont abdiqué tous leurs droits au moment même où ils ont décidé de prendre les armes.
Insister sur les erreurs et les errements des troupes US délégitimise l’intervention. Passer sous silence les bonnes nouvelles d’Iraq laisse penser que la situation était meilleure avant, sous Saddam, comme le fait Moore dans son odieux documenteur « Farenheit 9/11 ».. En Afghanistan aussi on entend parler que des mauvaises nouvelles. Notez que depuis les élections plus aucun journaliste ne parle d’Afghanistan…
J’imagine que peu de journalistes peuvent être soupçonnés de sympathie envers les terroristes islamiques, mais ils participent à leur tour, comme leurs aînés il y a 40 ans de cela à une même opération de déstabilisation d’un pays, qui pourrait avoir les mêmes résultats qu’à l’époque, voire même pire. Les coupeurs de tête, les poseurs de bombes, les idéologues islamistes n’attendent que le départ des troupes US pour assouvir leur soif de sang. Oh bien sûr, si cela devait arriver il serait question de l’abandon des Iraqiens après une guerre illégale, salauds d’Américains, qui ont tort quand ils sont là, tort quand ils plient bagage. Bien sûr, ils seraient nombreux à affirmer que sans l’intervention US l’Iraq n’aurait pas été le théâtre de massacres, oubliant un peu vite Saddam et ses centaines de milliers de mort, son oppression constante, ses guerres à répétition, et ses tentatives multiples d’acquérir et de développer des armes de destruction massive.
Alors quelles sont les motivations de ces journalistes ? Le bien-être du peuple iraqien ? Sont-ils à ce point naïfs pour penser qu’un régime taliban ou une guerre civile ouverte entre communautés serait un progrès par rapport à la démocratie balbutiante ? Non, la vérité est bien plus simple: c’est le ressort anti-américain, et concernant les journalistes américains, la haine de leur pays pour les plus gauchistes d’entre eux, la haine anti-Bush/anti-républicains pour les autres. Il serait tout de même grand temps de tirer les leçons du passé, de tirer un trait sur l’anti-américanisme absurde, de se poser une fois pour toute la question de savoir qui est l’ennemi, qui est l’ami, et de mettre un terme à l’inversion médiatique.
E-day
Dans quelques jours des millions d’Iraqiens vont réaliser ce dont ils n’osaient rêver voilà 2 ans: ils vont voter. Zarqawi, le chef d’Al Qaeda en Iraq, sait que ces élections sonnent son glas: le plus grand danger pour lui, comme pour les dictatures voisines de l’Iraq n’est pas l’armée US, mais les populations lassées. Les ayatollahs iraniens le savent bien, la famille royale saoudienne le sait bien, et Bacher « fils à papa » El Assad aussi. Il n’y a rien de pire que l’espoir, et l’espoir au Moyen Orient, c’est l’Iraq libre.
Voilà pourquoi les divers gouvernements locaux envoient leurs agents en Iraq, financent les baasistes, et que Zarqawi « promet une semaine sanglante« . Mais ce n’est qu’un aveu d’échec pour lui: il n’a pas réussi à lancer la guerre civile entre Kurdes, Sunnites et Shiites, seul moyen pour vraiment faire déraper le processus en route. Alors il lance ce genre de harangue:
O peuple d’Irak, où est ton honneur ? T’es-tu soumis à l’oppression des prostituées croisées (…) et des porcs apostats (chiites) ?
Les Shiites représentent 60% de la population iraqienne. Et même en supposant les Kurdes ne s’en mêleraient pas, à 1 contre 3 sans compter l’armée US, les terroristes sunnites n’ont aucune chance d’avoir un jour une base suffisante pour récupérer le pouvoir. C’est perdu. Zarqawi peut retourner en Jordanie, ou trouver un raccourci pour les 72 vierges, il a perdu. L’Histoire est en marche en Iraq.
Sur ce même sujet, lire The Iraqi people will defy the Ba’athists and Islamofascists
7 jours avant l’Apocalypse
Je reste diminué, et j’ai bien du mal à commenter quoique ce soit… que dire de l’actualité ? Les élections iraqiennes vont malheureusement être l’occasion d’attentats sanglants, car des foules rassemblées devant des bureaux de vote sont impossibles à rendre invulnérables, malgré les précautions évidentes et toutes les mesures de sécurité imaginables. Je n’en pense pas moins que ces élections vont être un indéniable succès pour les Iraqiens eux-mêmes, et que cela ne sera pas rapporté dans les médias. D’ailleurs, j’ai déjà lu dans 20 Minutes que les élections iraqiennes n’avaient aucune légitmité avant même qu’elles n’aient lieu…
J’ai l’impression qu’à force de répéter les termes « chaos bourbier carnage occupation massacre résistance » et j’en passe les médias finissent par m’immuniser. Comment lire sérieusement un article dans un journal français ? Avant même de commencer on connait la fin: l’Iraq c’est le chaos, où l’armée d’occupation est mise constamment en échec par les résistants, soutenus par une population hostile. On en reparle dans 7 jours.
Ah, un dernier mot: je vais retoucher le design de ce site. Les menus vont changer de place, les titres seront plus grands ou plus petits selon les jours, bref ça va changer avant de prendre une forme aboutie.
Diminution
Après des semaines de boulot intensif, voilà que ma santé se met en travers de LMAE. Rassurez-vous, je vais presque très bien, et en quelque sorte, ce dont je souffre est bénin. Oui, mais l’ordinateur fait partie du problème… alors je vais éviter de m’en servir autant que possible…
Quand même un mot sur la prétendue « radinerie » des « Américains »: je pourrais parler des fondations US, des dons privés, de l’aide qu’apportent en ce moment même deux groupes aéronavals, ou rétorquer sur la radinerie des Français qui se cachent derrière les effets d’annonce du gouvernement, mais franchement, c’est vraiment le moment d’essayer de prouver une supériorité morale alors que des gens ont besoin d’aide ? Il y a certainement mieux à faire.
Notre alliée la Russie

Et aussi:
Contrairement aux années Eltsine, lorsque le Kremlin jonglait avec les intérêts conflictuels de grands groupes, dont les patrons avaient souvent la haute main sur la politique économique, l’ère Poutine se caractérise par une nouvelle concentration, entre les mains de quelques hauts fonctionnaires issus de l’administration présidentielle, d’importants leviers industriels.
[…]
« On assiste à un système de pouvoir spécifique », a écrit le journal Kommersant, critique du régime, « où les actifs clés de l’économie, au nom de la consolidation de l’Etat, se retrouvent contrôlés par un clan étroit de personnes de confiance -du président-. La mainmise sur ces compagnies devient une garantie de la préservation du pouvoir politique entre les mains de ce groupe ».
Les proches de Poutine, tous ex du KGB, prennent tranquillement le contrôle des plus grands groupes énergétiques de Russie. Les voilà avec une nouvelle arme: le pétrole. La fondation Freedom House ne s’y trompe, en rétrogradant la Russie dans son classement. Et il est fort possible que le ton change entre Bush et Poutine…
La carte française
On leur a dit qu’on ne faisait pas partie de ces ennemis, qu’on n’était pas Américains, on n’était pas de leurs collaborateurs, on a joué tout de suite la carte ‘journalistes français’, ‘la France n’a pas de troupes, n’a pas d’entrepreneurs en Irak, la France était contre la guerre, a une position assez dure contre l’occupation, donc on comprend la résistance, à partir du moment où il y a occupation illégale il y a résistance’. Donc on a donné des gages, ça a permis de montrer qu’on était pas pro-américain.
Ne nous tuez pas! Nous sommes plus utiles vivants que morts! Nous montrons au monde entier l’horreur de l’occupation! Lisez nos articles, vous êtes des résistants! Les Américains sont des occupants! La France est avec vous! Pas de militaires français ici! Pas de bâtisseurs d’écoles, pas de réparateurs de centrales électriques! La France n’aide pas le nouvel Iraq!
On comprend les journalistes: eux étaient otages. Ils risquaient leur vie. Mais le gouvernement ? Il a tenu le même discours. Et aujourd’hui tout le monde a l’air de trouver la libération des deux journalistes tout à fait normale. Pourquoi n’a-t-elle pas eu lieu avant ? Réponse dans les propos mêmes des otages:
Ils avaient l’impression d’avoir pris un gros poisson, un bon poisson, ils voulaient l’utiliser »
Ils l’auront utilisé jusqu’au bout, en maximisant l’impact médiatique de la libération, en les relâchant à Noël. Vous voyez, les terroristes sont des gens raisonnables: quand on ne se met pas en travers de leur chemin (c’est à dire entre eux et leurs victimes), ils vous épargnent! Jusqu’à la prochaine fois.
Pour info:
Le piège de Fallujah
Il y a plusieurs mois, je me demandais
Comment le faux sanctuaire de Falloujah est devenu un piège mortel pour l’insurrection
Mise à jour: je viens de relire un vieux post, j’écrivais: