La Constitution adoptée, la démocratie jetée aux orties

Vive la démocratie:

« Après avoir bloqué la Constitution, vous comprendrez qu’en tant que chef de l’Etat, je ne verrai que des avantages à ce que la France montre l’exemple de l’adoption de nouvelles institutions », a affirmé M. Sarkozy, lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet européen de Lisbonne. Jeudi soir, il avait réuni le président polonais, Lech Kaczynski, et le président du conseil italien, Romano Prodi, pour surmonter les ultimes difficultés liées à l’adoption d’un traité qu’il a qualifiée de « très bonne nouvelle pour l’Europe ».

« Nous l’avions imaginé, nous l’avions rêvé, et bien le voici réalisé
, s’est félicité le chef de l’Etat, l’Europe s’est dotée d’un traité simplifié, j’avais eu l’occasion d’en avancer l’idée, voici donc l’Europe qui sort de dix années d’imbroglio institutionnel. »

Le traité constitutionnel européen a pourtant été rejeté par les Français lors d’un référendum.  L’Europe doit « avancer« . Sans le consentement des Européens.  Peu importe.

Les bons, les brutes et les truands

Sous-titré: les Américains, les terroristes et les médias… nouvel épisode sur LCI/TF1.fr:

titre de lci/tf1.fr

Ça ressemble à une bavure, c’est présenté comme une bavure, mais c’est un crime de guerre. Oui, un crime de guerre: la mise en danger délibérée de civils, et leur mort constituent des crimes de guerre. Enfin, pour une armée civilisée. Pour des terroristes, ça fait partie du travail. Tuer des civils, c’est tellement plus simple que de tuer des adversaires armés. Mieux encore: faire tuer des civils en se cachant au mileu des civils. Et profiter de la bonne volonté des médias pour faire porter le chapeau aux « méchants » désignés.

A la lecture de l’article, la manipulation médiatico-terroriste (et pourquoi ne les mettrai pas dans le même sac ? ils s’utilisent les uns les autres, alliés objectifs) est évidente:

Six femmes et neuf enfants ont été tués vendredi lors d’un raid aérien et une opération au sol de l’armée américaine au nord de Bagdad, a indiqué vendredi un porte-parole militaire américain. Il s’agit de l’une des plus lourdes pertes enregistrée dans la population civile irakienne depuis le début de la guerre en Irak. Lors de cette attaque, 19 « insurgés présumés », ont également été tués, selon l’armée américaine.

Une des plus lourdes pertes dans la population civile ? Quid du massacre des Yezidis ? Et de tous ceux-là (voir la liste plus complète):

March 2, 2004: At least 181 persons are killed in several bomb blasts during the Shiite festival Ashura in Baghdad and Karbala. Hundreds of persons are injured.

February 28, 2005: A car bomb blast at a hospital in Hillah kills more than 130 persons and wounds at least 124.

September 14, 2005: A suicide attacker sets off a car-bomb in the midst of a group of workers, killing at least 112 persons. On this day, the civilian death toll from all attacks comes to around 150.

November 23, 2006: A series of car bomb blasts and mortar attacks kill at least 138 people and wound more than 200 in the Baghdad suburb Sadr City.

July 7-8, 2007: Some 150 people killed in three suicide bomb attacks in the northern town of Tuz Khurmato late July 7 and early July 8, the provincial Tikrit authorities report.

Il y a eu pléthore d’attentats dépassant les 15 victimes. A tel point qu’établir une liste des pires atrocités et il n’y aucun attentat en dessous de 40 morts. Et quid de toutes les victimes non répertoriées ? Celles dont la mémoire ne subsiste qu’au travers de quelques photos… mais tf1.fr ne recense peut-être que les victimes de balles américaines ?

Ce raid a eu lieu sur la base de renseignements des services secrets, qui avaient signalé que des membres d’al-Qaïda s’étaient réunis dans le secteur. Après vérification grâce à des opérations de surveillance, une attaque terrestre renforcée par l’aviation a eu lieu contre la cible.

« Les forces de la coalition ont alors échangé des tirs d’armes légères avec les insurgés autour d’un bâtiment où ils s’étaient réfugiés avant que l’aviation américaine n’intervienne contre la menace ennemie« , a poursuivi le porte-parole. « Nous regrettons que des civils aient été tués ou blessés par les forces de la coalition engagées dans l’éradication du terrorisme en Irak« , a affirmé le porte-parole américain. « Ces terroristes mettent délibérément en danger des femmes irakiennes innocentes et leurs enfants par leur action et leur présence« , a-t-il conclu.

Et tf1.fr préfère malgré tout présenter la tuerie de civils par l’action délibérée des terroristes comme une bavure américaine. Les bons, les brutes, et les truands.

Le Monde a parlé

Le Général Petraeus a donc enfin présenté son rapport. Personne ne l’a écouté, ni au Congrès, où les Démocrates avaient décidé avant même qu’il ne s’exprime que l’Iraq est « perdu » et qu’il ne saurait y avoir aucun progrès, ni dans les médias, où la ligne officielle est que l’Iraq c’est le chaos absolu, et que si l’Enfer existait sa capitale serait Baghdad.

Alors que peuvent dire les médias du discours de GW Bush à propos de l’Iraq ? Pas grand chose, ils estiment déjà avoir tout dit, et attendent maintenant la reddition sans conditions de l’Amérique à Osama Ben Laden, ou, à défaut, à Amadhinejad le perse fou. Alors Le Monde se fend d’un énième édito, l’Irak sans cap:

George Bush a démontré, une nouvelle fois, jeudi 13 septembre, dans son discours à la nation américaine, qu’il n’a aucune stratégie sur l’Irak. Ni pour une « victoire » (le mot a disparu du langage officiel) ni pour un « retrait » militaire, pourtant au coeur du débat depuis la victoire démocrate au Congrès fin 2006. M. Bush évoque un « retour après succès » (return on success), formule qui ne peut que laisser perplexes tant les Américains que les Irakiens.

Aucune stratégie ou Le Monde est incapable de lire le transcript du discours de GW Bush ?

The premise of our strategy is that securing the Iraqi population is the foundation for all other progress. For Iraqis to bridge sectarian divides, they need to feel safe in their homes and neighborhoods. For lasting reconciliation to take root, Iraqis must feel confident that they do not need sectarian gangs for security. The goal of the surge is to provide that security and to help prepare Iraqi forces to maintain it.

Apporter la sécurité pour permettre à la politique de prendre le relais, et aux civils de vivre en paix, à l’économie de croître, etc, tout cela grâce au « Surge ».

Au terme de huit mois d’application de la « nouvelle approche » annoncée le 10 janvier, concrétisée par l’envoi à Bagdad du général David Petraeus et d’un renfort de 30 000 hommes, au terme d’une semaine d’intenses débats à Washington – auditions au Congrès du général Petraeus et de l’ambassadeur Ryan Crocker, conférences de presse, discours présidentiel -, M. Bush a donc annoncé aux Américains qu’à l’été 2008 le niveau des troupes en Irak serait revenu à celui de janvier 2007, avant l’envoi de renforts (le « surge »), c’est-à-dire 130 000 hommes.

En quoi consiste la « nouvelle approche » ? Peut-être était-ce là la nouvelle stratégie ? D’ailleurs, pourquoi envoyer des renforts ? Le Monde a-t-il pris le temps d’expliquer dans ses colonnes où était la nouveauté, outre l’envoi de renforts ? Que désormais les forces américaines feraient de la contre-insurrection au lieu de se cantonner dans d’immenses bases et à de grandes opérations ? Que désormais les forces US se dissémineraient un peu partout, au sein de la population si possible, à pied le plus souvent, pour avoir une vision plus fine des évènements, mieux connaître et comprendre la situation, bénéficier enfin d’un soutien plus vaste ? Et éventuellement, de combler les manques de la police iraqienne, notoirement inefficace, quand elle n’est pas gangrenée par Al Qaeda ? Tout cela est certainement trop complexe pour le lecteur français, il ne faudrait pas l’effrayer avec des informations!

Ce n’est pas une surprise, mais c’est une déception. Pas une surprise, car l’absence de vision sur l’Irak, au-delà de la chute de Saddam Hussein en 2003, est patente depuis quatre ans et demi. […]

Pas de vision sur l’Iraq ? Relisons GW Bush:

Terrorists and extremists who are at war with us around the world are seeking to topple Iraq’s government, dominate the region, and attack us here at home. If Iraq’s young democracy can turn back these enemies, it will mean a more hopeful Middle East and a more secure America.

Vouloir implanter une démocratie, ériger l’Iraq en modèle pour ses voisins, proposer une alternative à la haine islamique, pas une vision ? Et GW Bush va plus loin que ça: l’Iraq doit servir à toute la région, parce que la bataille d’Iraq est indissociable du combat général contre les islamistes. On peut se lamenter et regretter les errements US en Iraq, l’improvisation des premiers temps, le manque de fermeté à l’encontre de l’Iran ou de la Syrie, ou pire encore ne pas avoir éliminé Al Sadr, s’être mis à dos certaines tribus plutôt que de les amadouer, faire confiance à un gouvernement central plutôt qu’aux instances locales… mais regretter le manque de vision… à la rigueur, on pourrait blâmer GW Bush pour l’ambition démesurée de vouloir établir une démocratie dans un pays sortant de 40 années de dictature féroce, dévasté par des années de guerre et de privations, parcouru par des lignes de faille ethniques et religieuses…

[…] Pas une surprise, car M. Bush paraît incapable de reconnaître, non pas une défaite américaine que nul ne souhaite face à des ennemis tels qu’Al-Qaida, mais au moins la défaite totale de la stratégie mise en oeuvre jusqu’à présent.

Défaite totale de la stratégie sans défaite américaine ? Incohérent.

 […] C’est une déception cependant, car les Américains attendaient du général Petraeus un rapport plus conforme aux réalités de l’Irak.

les Américains attendaient du général Petraeus un rapport plus conforme aux réalités de l’Irak. Traduction: le rapport Petraeus ne sert pas les intérêts des Démocrates, sous-entendu évident: c’est un menteur aux ordres de Bush.

Certes, la violence a diminué à Bagdad, mais la force militaire d’occupation est encore plus présente, et la ville est encore plus divisée, lézardée de murs et barricades, entre quartiers et communautés. Certes, l’insurrection est moins violente dans la province d’Al-Anbar, auparavant berceau de la guérilla sunnite et de ses alliés d’Al-Qaida, mais est-il judicieux, se demandent à raison des experts américains, de livrer armes et dollars à des chefs tribaux qui étaient des ennemis hier et qui peuvent aisément le redevenir demain ?

Tiens donc, il y aurait du mieux ? Même Le Monde doit l’admettre, alors il faut trouver des points négatifs: « la force d’occupation est plus présente« . J’avais oublié cette règle d’or: un soldat américain ailleurs qu’aux Etats-Unis est un occupant… On peut donc encore parler de l’Allemagne occupée, de la Corée du Sud occupée, du Japon occupé, de l’Afghanistan occupé… A ce compte là, De Gaulle a libéré deux fois la France: en 44 (oublions Omaha, un détail…) , et en 66! Bref, si les soldats américains sont plus présents, c’est bien du fait de la « nouvelle approche »: se faire plus visible, se rendre disponible, être au plus près de la population. Quant à apporter une aide militaire aux ex-alliés sunnites d’Al Qaeda, c’est un pari: ils ont goûté au totalitarisme bienveillant d’Al Qaeda et n’y retourneront pas. Maintenant les tribus sont peu à peu incorporées dans les forces gouvernementales, et font donc partie de la solution et plus du problème.

Au fond, M. Bush a décidé de transmettre la guerre en Irak à son successeur. L’enjeu est maintenant que les candidats à la Maison Blanche – tant les démocrates dont les objectifs demeurent flous que les républicains qui se réfugient trop souvent derrière M. Bush et des accents patriotiques de soutien à l’armée – exposent clairement une stratégie pour l’Irak. Ils doivent aussi se prononcer sur l’Afghanistan, le Moyen-Orient, la « guerre contre le terrorisme ». Plus que jamais, ce qu’on attend de l’Amérique, c’est une réflexion, une vision du monde en ce début de XXIe siècle. Autant dire : un espoir.

Ah, si GW Bush avait pu hisser le drapeau blanc et retirer les troupes US d’Iraq, au moins les candidats à sa succession n’auraient pas eu à s’en soucier! Et Le Monde aurait pu écrire de longs articles sur la cruelle défaite américaine, annoncée dans leurs colonnes depuis 2003, sur la trahison du peuple iraqien par l’Amérique, et quelques mois plus tard on pourra voir Tel Aviv en flammes, sous le feu nucléaire iranien. Tout ça par la faute des neocons, incapables de réflexion, de vision. Non, implanter la démocratie dans le Moyen Orient, éteindre l’incendie ravageant le monde islamique en allumant un contre-feu idéologique, tout cela manque de vision. L’alternative: laisser les islamistes renverser le régime d’Arabie Saoudite, celui du Pakistan, s’emparer des 3/4 des réserves pétrolières mondiales, d’armes nucléaires à profusion (par centaines au Pakistan), et rétablir le Califat pour ensuite propager le Jihad dans le Dar Al Harb. Et laisser brûler jusqu’au jour où le conflit se résumera à une liste de villes réduites en cendres.

Taxe mes chips

J’adore l’Etat français: tous les jours il me donne des raisons de vouloir quitter la France. La dernière en date:

« Je crois qu’il faudra nous pencher sur la question des recettes de l’assurance-maladie: il s’agit de trouver les financements nouveaux les plus justes et les moins pénalisants pour l’économie » des soins, prévient la ministre.

[…]

Des taxes nutritionnelles sur des « produits de grignotage, qui échappent à la vigilance des parents » comme les barres chocolatées vendues dans les distributeurs ou les sodas sont également « à l’étude, mais rien n’est encore tranché », selon une source gouvernementale.

Tous les jours une bonne raison de s’en aller. Imaginez la situation dans 5 ou 10 ans quand le régime de retraite fera faillite. Où iront-ils trouver de nouvelles recettes ? Jeune travailleur qualifié, je m’en vais avant de l’apprendre, car la réponse sera certainement « dans ta poche »…

Vanité de l’impuissance

Je me demandais ce qu’avait pu pondre Le Monde au sujet des commémorations du 11 Septembre, et j’ai ma réponse: Vanité de la puissance, édito du 11 septembre 2007:

Voilà six ans, les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center à New York et contre le Pentagone à Washington faisaient éclater la contradiction entre la toute-puissance et la vulnérabilité américaines. Pour la première fois depuis la guerre avec la Grande-Bretagne, en 1812, les Etats-Unis étaient agressés sur leur sol. Ils ont réagi en « hyperpuissance », cherchant à entraîner derrière eux leurs alliés et, au-delà, toute la communauté internationale dans une guerre totale contre le terrorisme.

Le concept de guerre totale s’entend comme l’utilisation de tous les moyens d’un Etat (diplomatiques, économiques, financiers, propagande…) pour parvenir à gagner une guerre, au lieu d’une vision restrictive limitée aux seuls moyens militaires. Au vu de la réponse américaine après le 11 septembre, on aimerait que la guerre soit totale, notamment sur le plan idéologique. Malheureusement son volet purement militaire, il faut le déplorer, est prépondérant.

Ils ont réussi à former cette « coalition des volontaires » pour combattre en Afghanistan les talibans, qui avaient accueilli et soutenu Ben Laden. Ils ont échoué à reconstituer cette alliance quand ils ont voulu chasser Saddam Hussein du pouvoir par la force. La solidarité quasi spontanée dont ils avaient été l’objet, au lendemain du 11 septembre 2001, s’est muée au mieux en méfiance, au pire en hostilité. Jamais la cote de popularité des Etats-Unis, et de leur président, n’a été aussi faible sur tous les continents.

Ils ont échoué ? Ou bien d’autres pays aux intérêts plus que douteux, avec un ONU complètement discrédité par l’affaire « Oil for food » (programme « pétrole contre nourriture »), n’ont pas voulu suivre ? La Russie poutinienne, fournisseur d’armes à l’Iran et la Syrie, la Chine avide de pétrole à tout prix et adversaire stratégique des Etats-Unis, la France, petite nation sans grande importance qui tente d’exister par opposition aux Etats-Unis ? Ou bien pour Le Monde la Pologne, la Corée du Sud, l’Australie, le Japon, et bien d’autres, ne comptent pas ?

En multipliant les contrôles et en n’hésitant pas à limiter les libertés individuelles (surtout celles des étrangers sur leur sol), les Américains ont pu jusqu’à maintenant se mettre à l’abri de nouveaux attentats d’Al-Qaida. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont devenus plus imperméables à de telles attaques que les autres démocraties. Six ans après le 11 septembre 2001, ils sont à peine moins vulnérables et ils ne sont plus tout-puissants. Si les Etats-Unis restent le pays le plus fort militairement, leur puissance se heurte sur le terrain, en Afghanistan comme en Irak, aux dures réalités de la guerre de guérilla. La révolution technologique dans les affaires militaires ne paraît pas plus adaptée à cette situation que les gros bataillons.

Peut-être la relative sécurité américaine tient au fait que les terroristes sont occupés à se battre chez eux plutôt qu’à planifier des attentats aux Etats-Unis ? Peut-être qu’enfin des agents des divers services de sécurité US s’intéressent et sont soutenus financièrement et humainement pour lutter contre les terroristes ? Et pourquoi l’Europe, où les mesures liberticides sont pires qu’aux Etats-Unis et depuis plus longtemps, des attentats se sont produits ?

Et quid de l’avantage technologique dans la guerre de guérilla ? Les UAV ? Les détecteurs de « IED » (les « bombes improvisées ») ? Tous les moyens d’écoute ? Les pertes américaines en Iraq comme en Afghanistan sont mineures relativement à l’engagement humain, et ce sont les médias comme Le Monde qui voudraient nous faire croire le contraire. Il n’y aurait pas de solution contre la guérilla! Il faut hisser le drapeau blanc à chaque fois qu’une menace « asymétrique » se présente alors ?

Sur le plan politique, le bilan de ces six dernières années n’est pas plus brillant. L’idée utopique de démocratisation du Grand Moyen-Orient s’est enlisée dans les sables de la Mésopotamie. En revanche, l' »axe du mal » s’est renforcé avec l’Iran d’Ahmadinejad. Celui-ci cherche à tirer profit de l’impopularité des Américains – et des Occidentaux en général -, qu’il juge partout sur la défensive, de l’Afghanistan à la Palestine. Persuadé que George W. Bush, pris dans le bourbier irakien, ne peut se lancer dans un autre conflit, il continue son programme nucléaire sans prêter attention aux avertissements et aux sanctions.

Utopie un Iraq démocratique ? Et pourquoi pas ? Les Iraqiens seraient-ils incapables de comprendre le concept et de l’appliquer ? Les balbutiements sont difficiles, certes, mais faut-il pour autant abandonner toute prétention à l’appliquer ? Les Iraqiens sont condamnés à la dictature ? On rêve!
A propos du perse fou, son délire nucléaire date de bien avant la bataille d’Iraq. Le réacteur de Busher, construit par les Russes, l’usine de Natanz, le développement de missiles ballistiques (merci la Corée du Nord), tout cela ne s’est pas fait en 4 ans. Qu’Ahmadinejad se sente pousser des ailes, puisqu’en face de lui aucun front uni, aucune détermination réelle à l’arrêter! A part les Etats-Unis et Israël, qui ? Les Chinois sont bien trop contents d’acheter du pétrole, les Russes de vendre leur surplus de missiles! Les Européens ? Dites moi comment!

Le président américain est convaincu que les difficultés présentes ne sont que des péripéties, comparées au jugement de l’Histoire, qui lui rendra justice. En attendant, il place les autres démocraties occidentales et ses alliés dans une position des plus inconfortables, partagés entre la désapprobation d’une politique dangereuse et les pétitions d’amitié pour un grand peuple qui se trompe.

Bush aura raison, dans 10 ans, dans 20 ans, comme Reagan avait raison en 1981. L’URSS pouvait être vaincu. Et l’islamisme peut l’être. Si cela est impossible, faut-il envisager de vivre avec une menace terroriste permanente au-dessus de nos têtes ? Faut-il se résigner à un Iran nucléaire, un Hezbollah nucléaire, Israël « rayé de la carte » (selon la promesse d’Ahmadinejad), et aux banlieues européennes enflammées par l’Islam radical iranien ou wahabbite ? Doit-on faire une croix à tout jamais sur des démocraties au Moyen Orient ?
Si aucune des solutions proposées ne fonctionne, ni guerre, ni accommodements (déjà tentés par le passé, avec quels succès!), ni combat idéologique (implanter la démocratie), il faut s’habituer ? Se convertir ? Se laisser tuer petit à petit ?

Décidément nos élites européennes n’ont rien à proposer, si ce n’est le nihilisme (rien ne marche), le mépris (des Américains, des Iraqiens), de la condescendance (nous on sait mieux que tous les autres)… Que défend Le Monde ? Que propose Le Monde ? Les réponses: rien et rien. 6 ans après le 11 Septembre, c’est le vide.

Le Monde craint (2)

Le Monde titre:

Une attaque à la roquette sur une base israélienne fait craindre une riposte LEMONDE.FR avec AFP et AP | 11.09.07 | 11h44 • Mis à jour le 11.09.07 | 12h12

Fait craindre à qui ? Qui craint une riposte israëlienne ? Ceux-là peut-être ?

jihad islamique

Confirmation:

Les Brigades Al-Qods, la branche armée du Djihad islamique, un groupe radical palestinien, et les Comités de la résistance populaire ont revendiqué cette attaque dans un communiqué conjoint publié à Gaza. Le Djihad islamique a baptisé cette attaque « Aurore de la victoire », a affirmé lors d’une conférence de presse à Gaza un chef du groupe, Abou Hamzeh, le visage masqué. « La résistance est l’unique alternative pour recouvrer nos droits et libérer nos lieux saints », a-t-il ajouté, avertissant Israël de ne pas se livrer à « un acte stupide » en attaquant la bande de Gaza. Peu après l’attaque, quatre membres d’une famille palestinienne, dont deux enfants, ont été blessés par l’explosion d’un obus de char israélien à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, a-t-on indiqué de sources hospitalières.

Et dès que le moindre missile tombera sur un atelier du jihad islamique on pourra lire dans Le Monde « d’après des sources hospitalières, trente deux enfants tués dans une école prise pour cible par l’armée israëlienne »…

Le Monde: relais fidèle de la propagande islamiste. Voilà où on en est 6 ans après le 11 septembre. Aucun grand média n’a relevé la tête pour regarder la réalité de la menace islamiste, qu’elle soit le fait d’Al Qaeda, des « palestiniens », des barbus de banlieue (londonienne, lyonnaise, madrilène ou parisienne…), des madrassas du Pakistan, des oulémas d’Arabie Saoudite, des tortionnaires d’Iraq, du perse fou Amadhinejad, des émeutiers contre les « dessins impies »…

Media bias: un récap complet

Sur le site de Protein Wisdom, un article dévastateur reprenant toute la chronologie de la bataille d’Iraq avec des tonnes d’exemples sur le media bias. Il met aussi en parallèle le Viêtnam et l’Iraq au plan médiatique, montrant comment les journaux US tentent de « refaire le Viêtnam ». La figure de proue des médias US de l’époque, Walter Cronkite, avait alors déclaré « perdue » la guerre, et les GIs avaient plié bagage. Les journalistes US sont nostalgiques de ce pouvoir… perdu.

No rules allowed

Les talibans et autres terroristes n’hésitent pas depuis des années à utiliser femmes et enfants comme boucliers, comptant sur l’adhésion de leurs ennemis aux « lois de la guerre ». Et ça marche. L’hésitation, ne serait-ce qu’une seconde, peut être mortelle lors d’un combat. Alors pourquoi ne pas aller plus loin ? Envoyons des enfants se battre! Un soldat américain, un humain civilisé, hésitera avant d’ouvrir le feu. Peut-être même ne le fera-t-il pas du tout:

Dans le même genre, lisez Killed by the rules, ou « comment 19 Américains sont morts plutôt que de tuer trois civils sympathisants des talibans ».

Dead terrorists don’t kill anymore

L’Etat indonésien n’a visiblement pas très envie d’appliquer les sentences à l’égard des terroristes:

JAKARTA, Indonesia – Ten Islamic militants jailed for suicide bombings on Bali that killed more than 220 people — many of them foreign tourists — had several months shaved off their sentences Friday to mark Indonesia’s Independence Day.

It is a local tradition to cut jail terms on holidays, but the decision was likely to anger countries that lost citizens in the 2002 and 2005 attacks on the resort island’s crowded nightclubs and restaurants. The father of one of the victims lambasted the “blatant disregard” for those who died.

Que faire dans un tel cas ? Protestations diplomatiques ? Sanctions économiques ? Je pense qu’une réponse appropriée serait celle-ci.

Les traîtres seront pendus

Du moins, c’est ce que prévoit la loi américaine pour les traîtres: la mort par pendaison. Et pourtant José Padilla risque seulement la prison à vie. Le Monde relate le verdict:

Jose Padilla, symbole des excès de la lutte antiterroriste, a été reconnu coupable
Après trois ans et demi de détention et un procès long de trois mois, le verdict à l’encontre de Jose Padilla est tombé en à peine vingt-quatre heures, jeudi 16 août. Ce citoyen américain converti à l’islam, que l’administration Bush avait d’abord accusé d’avoir planifié un attentat à la « bombe sale », a été déclaré coupable par un jury de Miami de trois chefs d’accusation, pour soutien à des réseaux terroristes.

« Après trois ans et demi de détention »: comme si en France les détentions préventives n’étaient pas prolongées pendant des années en attendant les procès!
« En à peine 24h »: sous-entendu victime d’une justice expéditive!
« l’administration Bush avait d’abord accusé d’avoir planifié un attentat à la « bombe sale » »: et a abandonné ces charges parce que Padilla a d’abord été emprisonné sous le titre « combattant ennemi » et tout ce qu’il a pu dire à cette période a été abandonné parce que non recevable devant un tribunal civil.

le verdict, qui ne fait pas mention d’un projet d’attentat à la « bombe sale », rappelle toutefois, pour ses opposants, les excès de l’administration Bush dans sa lutte contre le terrorisme.

Pourtant le verdict a été obtenu devant un tribunal civil, en utilisant des moyens policiers, en respectant toute la procédure judiciaire. Dès lors cela devrait être un exemple de lutte contre le terrorisme pour les « opposants »…

Il a été arrêté à son retour [d’Afghanistan] aux Etats-Unis en mai 2002. Le gouvernement a alors affirmé qu’il prévoyait des attentats meurtriers aux Etats-Unis, notamment avec une bombe radiologique, des accusations qui ont entraîné son incarcération, sur ordre direct du président Bush, dans une prison militaire à l’isolement absolu, sans bruit ni lumière du jour et souvent privé de sommeil.

Vous m’expliquerez ce qu’allait foutre un Américain en Afghanistan à cette époque, à moins de bosser pour l’armée, mais passons… Voilà donc ce qui défrise les « opposants »: José Padilla a été envoyé en prison militaire. Un Américain, arrêté sur le sol américain, envoyé en prison militaire, donc sans lui « lire ses droits », à l’isolement.

La bataille a fait rage pendant des années devant les tribunaux pour déterminer si le président avait le droit d’ordonner ainsi la détention illimitée et sans inculpation d’un citoyen américain. Le gouvernement a cédé en novembre 2005 : il a confié le prisonnier à la justice fédérale, abandonné toute mention d’une bombe radiologique, et ne lui reprochait plus qu’un engagement criminel auprès d’Al-Qaida.

Le gouvernement a cédé: les tribunaux n’ont pas tranché. Les charges ont aussi été révisées. Toutes les oppositions au traitement militaire de Padilla ont donc été entendues. A partir de ce moment, Padilla est un justiciable comme un autre aux Etats-Unis. Mais cela ne suffit pas pour les « opposants ». Il aurait certainement fallu le libérer avec une médaille pour « résistance à Bush » pour les satisfaire.

Au procès, l’accusation s’est appuyée essentiellement sur un document présenté comme un formulaire d’inscription rempli par M. Padilla pour rejoindre un camp d’entraînement de la nébuleuse terroriste en Afghanistan. Ses avocats, qui contestaient l’authenticité du document, ont fait valoir que l’accusation cherchait d’abord à exploiter la peur du terrorisme pour obtenir une condamnation politique susceptible de justifier le traitement infligé à leur client. A l’énoncé du verdict, il n’a pas cillé. Il connaîtra sa peine le 5 décembre. Lui et ses deux coaccusés risquent la réclusion criminelle à perpétuité.

« Présenté comme »… halala, sacré Le Monde! Padilla a gentiment rempli un formulaire d’adhésion au Jihad. A l’époque ils ne doutaient de rien en Afghanistan! Le Monde passe aussi sur les aveux d’un autre jihadiste, qui ont mené à l’arrestation de Padilla.

La condamnation de Padilla a tenu à un fil, le formulaire d’application pour le jihad, et nul doute que depuis 2001 les jihadistes ne laissent plus de traces aussi simples à exploiter. Même si Padilla va désormais prendre de nombreuses années voire décennies de prison, le cas reste emblématique. Padilla a eu un procès civil, alors que les Etats-Unis (et bien d’autres pays) sont en guerre. Peu importe qu’il n’y ait pas de déclaration, ni même d’Etat à qui déclarer la guerre. Vouloir traiter des problèmes militaires avec des moyens civils, même si c’est tout à l’honneur du gouvernement américain, revient à combattre les mains liées dans le dos. Je ne plaide pas pour des exécutions sommaires: il faudrait appliquer la convention de Genève à la lettre, ou les lois adéquates (pour les cas comme Padilla ou John Walker Lindh). Combattant ennemi pris les armes à la main sans uniforme ? En théorie ils peuvent être fusillés sur place. Combattant ennemi américain attrapé sur le territoire américain ? C’est un traître, la sentence peut aller jusqu’à la pendaison.