Droits de l’homme façon Hamas

Dans la continuité de l’interview d’Ismaël Haniyeh (cf savoir lire entre les lignes), l’envoyé du Monde Michel Bôle-Richard détaille la loi du Hamas à Gaza:

[…] Ce qui est sûr, c’est que le Hamas a des listes de noms de personnes qui sont arrêtées et interrogées totalement hors du cadre légal, qui n’existe plus. Et qu’il a procédé de façon systématique à la recherche et à la collecte des armes. Le nouveau pouvoir règne en maître absolu sur la bande de Gaza.

Désarmer les opposants éventuels pour s’assurer définitivement le contrôle du territoire, et si besoin est, massacrer plus facilement si le besoin s’en fait sentir. Aucune dictature ne peut supporter des citoyens armés.

Hassan, un ancien membre de la Force 17 du président palestinien Mahmoud Abbas, raconte, exemples à l’appui, comment les forces de sécurité du Hamas se comportent à Khan Younés. « Tous ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux. Alors ils font ce qu’ils veulent. Le 9 juillet, ils sont intervenus dans un mariage car il y avait des chansons du Fatah. Ils ont blessé quatre personnes, en ont embarqué cinq autres et, à la recherche d’armes, ont fouillé cinq maisons. Un voisin a été tué parce qu’il ne voulait pas donner son revolver. Le bureau du Fatah n’a pu être rouvert. Chaque jour, il y a des incidents. C’est la chasse au fatahoui ! »

Ensuite le Hamas interdira de chanter, car c’est islamiquement incorrect… mais déjà les exécutions sommaires donnent le ton: résistez et vous mourrez.

A Gaza, des banderoles jaunes barrent les rues pour souhaiter la bienvenue aux étrangers, dire aux commerçants qu’ils ne seront plus extorqués et que le Hamas est là « pour soutenir les faibles et arrêter les criminels ». Et il est vrai que la sécurité est revenue. Qu’il n’y a plus de tirs ni de barrages et que les habitants profitent de la plage.

Le Hamas rétablira l’ordre, comme les talibans l’ont fait, les soviétiques l’ont fait, les nazis l’ont fait, ou comme Fidel Castro et Kim Jong Il le font. Ce calme, c’est le silence des agneaux.

Le prix des armes a chuté fortement au marché noir. La kalachnikov est passée de 2 500 dollars (1 800 euros) à 250 dollars et le cours des munitions a été divisé par quatre.

L’offre est supérieure à la demande ? Dès lors que seul le Hamas est preneur…

Mercredi 11 juillet, des inconnus ont tenté de faire sauter le mur qui sépare la bande de Gaza de l’Egypte. Le Caire a renforcé sa présence de l’autre côté de la route Philadelphie qui sépare les deux territoires. Certains prédisent un assaut d’habitants désespérés qui voudront sortir de ce qui devenu, plus que jamais, une nasse.

Ce n’est pas la première tentative en ce sens. Les Gazaouis ont voté en masse pour le Hamas, et peut-être le soutiennent-ils encore. Et ils en assumeront collectivement les conséquences. Et comme d’habitude, leurs voisins arabes ne lèveront pas le petit doigt pour leur prêter assistance.

Et après ?

Austin Bay présente 7 scénarios pour l’Iraq post-retrait américain. Froidement il envisage les conséquences, dont celles pour le peuple iraqien.
Mais quand les Démocrates (et certains Républicains) demandent l’abandon de l’Iraq, pensent-ils un instant aux citoyens Iraqiens ? La réponse est non, ci-dessous l’échange entre le sénateur Démocrate Harry Reid et Jack Tapper d’ABC News:

TAPPER: Senator Reid, what do you say to critics who say, « Look, the Senate voted, including two of you up on the stage, to authorize the president to use force in Iraq. Is there not a moral obligation of the United States to make sure that the Iraqi people are safe before the U.S. withdraws »? It’s very clear that withdrawing U.S. troops might make U.S. troops safer, but it won’t necessarily make the Iraqi people safer.

SENATE MAJORITY LEADER HARRY REID, D-NEV: As reported in the news this morning, 69 percent of Iraqis feel they are less safe because of the presence of Americans; 21 percent of the Iraqi people feel they’re safer. That’s pretty clear that American troops who are over there protecting the Shias, the Sunnis and the Kurds — they’re not welcome. That’s the reason that they’re doing a good job of protecting the Shias, Kurds and Sunnis, but they are all trying to kill our soldiers. That is a recipe to bring our troops home. And that’s why the Levin-Reed amendment is so critically important. …It transitions the mission within 120 days, and by the first day of May of next year, our troops will be out of there, our combat troops will be out of there. They will be left to do counterterrorism, training the Iraqis — continuing to train the Iraqis and protecting our resources. That’s what the Iraqi people want and that’s what American people want.

TAPPER: I’m sorry, if I could just follow up very quickly…Do you think the Iraqi people will be safer with U.S. troops out?

REID: It is clear that the Iraqi people don’t want us there. It is clear that there is now a state of chaos in Iraq. And it is up to the Iraqi people to make themselves safe….We can’t do it. It’s time the training wheels come off and they take care of their own country. We have spent billions dollars. We’re now spending $12 billion a month on Iraq. That’s enough. In the last six months of the surge, six months, 600 more dead Americans, $60 billion more of American taxpayers’ money. We, Democrats, unitedly believe that’s enough.

TAPPER: With all due respect, Senator, you didn’t answer my question.

REID: OK. This is not a debate.

TAPPER: Will the Iraqis be safer?

REID: We’re answering questions. (calling on someone else) Yes, young man? Anyone else have a question?

Et après ? La réponse est évidente, l’éluder relève d’une couardise insondable: quand le jour maudit arrive, que vos régimes sont au pouvoir, alors le pays part à la dérive, et puis se lève… le Soleil Noir. Et l’on verra de nouveau cette scène sinistre:

Fall of Saïgon

Savoir lire entre les lignes

Ismaïl Haniyeh, ex premier ministre de « l’Autorité Palestinienne » s’épanche dans Le Monde:

Qu’est-ce qui empêche la libération du caporal israélien Gilad Shalit, enlevé le 25 juin 2006 ?

Nous avons toujours veillé à mettre fin aux souffrances du caporal Shalit et nous donnons plus d’importance à sa libération que les Israéliens eux-mêmes. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a 11 000 prisonniers palestiniens incarcérés en Israël qui souffrent de la même manière. Nous avons présenté une liste des détenus à libérer et elle a été refusée. Les Israéliens ne veulent pas répondre aux demandes qui ont été formulées par les partis de la résistance palestinienne.

Veiller à mettre fin aux souffrances du caporal Shalit ? Comparons ce discours à celui de Shalit lui-même (vidéo disponible sur Youtube):

« I’ve gone through a whole year in jail, and my health is still deteriorating and I’m in need of prolonged hospitalization. I regret the lack of interest shown by the Israeli government and the IDF in my case and their lack of response to the demands of the Islamic Brigades »

Shalit est donc en mauvaise santé et elle empire. Il dit avoir besoin d’une hospitalisation prolongée. Par « mettre fin à ses souffrances » faut-il comprendre « tuer à petit feu » ? Notez que la Croix Rouge, malgré ses demandes répétées, n’a jamais eu accès à Shalit, première violation des fameuses conventions de Genève, et que faire une vidéo de Shalit et la rendre publique en constitue une deuxième. Mais seuls les Etats civilisés appliquent les lois de la guerre, n’est-ce pas ?

Mais le chef terroriste n’est pas au bout de ses griefs:

Après la libération du journaliste de la BBC Alan Johnston, est-ce que vous avez été déçu par les réactions de la communauté internationale, notamment des Européens ?

Tout d’abord, la position des Européens est décevante, que ce soit avec ou sans la libération de Johnston. Le vrai problème est celui de l’occupation et de la souffrance du peuple palestinien. C’est la première fois dans l’histoire que la communauté internationale soutient l’occupant contre l’occupé. La décision européenne correspond à un aveuglement.

Le vrai problème est celui de l’occupation… mais laquelle ? Gaza est « libre » depuis septembre 2005. Alors de quelle occupation s’agit-il ?

Et Haniyeh embraye:

Ce que nous avons fait pour la libération de Johnston correspond à nos principes, à nos traditions et à nos convictions. Dès le début, nous avons dit que cet enlèvement contribuait à salir l’image et la cause palestinienne. C’est pour cela qu’il fallait y mettre fin sans attendre une récompense politique.

La libération d’Alan Johnston n’a rien à voir avec une quelconque tradition, des principes ou autres. La tradition du Hamas ce sont les attentats suicides, les roquettes tirées sur les civils, ne pas respecter la convention de Genève (cf le traitement de Gilad Shalit), tuer ses opposants en les jetant du haut d’immeubles… Libérer Johnston était impératif dès lors qu’il n’était plus utile: son maintien en captivité démontrait le peu d’autorité de l’Autorité Palestinienne, et « salissait » l’image des « pauvres victimes de l’occupation ».

L’interview continue:

Est-ce que le Hamas n’a pas commis une erreur en prenant le pouvoir à Gaza et en ruinant les efforts du gouvernement d’union nationale ?
Nous avons toujours été en faveur d’un gouvernement d’union nationale, même avant sa formation. Mais il y a également toujours eu, au sein du Fatah, un courant opposé à un partenariat politique et qui n’a jamais accepté les résultats des élections du 25 janvier 2006. Son comportement a démontré qu’il était allié avec des éléments extérieurs qui lui ont fourni des armes et de l’argent.

Cette faction planifiait un coup d’Etat contre la légitimité palestinienne. Le soutien venait d’Israël et des Etats-Unis. Ce courant palestinien avait déjà essayé de déstabiliser le gouvernement directement issu des élections avec les mêmes acteurs. En résumé, le gouvernement d’union nationale n’est pas responsable de ce qui s’est passé. Il y avait une situation d’urgence et nous y avons répondu.

Petite justification du coup d’Etat (oh pardon, il n’y a pas d’Etat palestinien, ce sont des territoires occupés:

Mais cela ne signifie-t-il pas la fin de l’Etat palestinien comprenant la bande de Gaza et la Cisjordanie ?
Il faut voir la réalité en face. Voilà quinze ans que l’on attend la création de l’Etat palestinien, qui n’existe toujours pas.

Ils attendent la création de l’Etat palestinien ? Et pourquoi n’ont-ils pas plutôt travaillé à son édification pendant tout ce temps ? Par exemple en écrivant une Constitution, en réfléchissant à des institutions judiciaires stables, à rédiger des lois permettant aux palestiniens de vivre en paix et en prospérité, etc ?

Haniyeh livre aussi une autre perle:

Avant de dire que quelque chose a disparu, il faut qu’il ait existé.

Tiens donc! La Palestine n’a jamais existé ? De l’aveu même du dirigeant du Hamas!
Et il continue:

Le Hamas s’est toujours battu pour la création de l’Etat palestinien. Il s’est toujours battu contre la corruption et il a toujours lutté contre l’occupant. Le comportement du Hamas a toujours été motivé par cet objectif et par rien d’autre. La bande de Gaza est pour tout le peuple palestinien. Ce n’est pas la propriété du Hamas et le peuple de Gaza fait partie du peuple palestinien. Nous n’acceptons pas la séparation.

Et quel devrait être le contenu de cet Etat palestinien ? A part la lutte contre la corruption, quelles devraient être les priorités d’un Etat palestinien ? Une économie prospère ? Des droits pour les citoyens ? Non, l’objectif du Hamas est (et « a toujours été ») de « lutter contre l’occupant ». Même quand l’occupant est parti, comme à Gaza. Ca n’empêche pourtant pas ce brave Haniyeh de prétendre oeuvrer pour les « palestiniens »:

Voulez-vous créer un Etat islamique ?
Nous ne voulons pas créer un émirat islamique. Ce n’est pas vrai, ce sont de fausses accusations.

Vous n’avez qu’à aller voir dans les rues de Gaza. La vie n’a pas changé. Nous avons renforcé la sécurité, les libertés personnelles. Nous sommes en faveur des droits de l’homme.

Sauf que la création d’un Etat islamique est écrit noir sur blanc dans la charte du Hamas, et que si le mot République n’y figure pas c’est évidemment parce que l’Etat islamique ne sera pas une république mais bien un émirat…
Quant aux délires sur les droits de l’homme, on en reparlera le jour où une gay pride sera organisée à Gaza.

Mahmoud Abbas a déclaré qu’il « n’ouvrirait jamais le moindre dialogue » avec le Hamas ?
Nous sommes pour le dialogue car c’est la seule solution. Nous ne fixons aucune condition. Abou Mazen a parlé de façon précipitée. Il sait très bien que la reconnaissance de nos droits légitimes ne se fera que s’il y a l’union et l’union se fait à travers le dialogue.

Le Hamas ne fixe aucune condition au dialogue, du moment qu’ils tiennent le fusil! Discours à destination des occidentaux crédules!

La bande de Gaza est une prison à ciel ouvert. Que comptez-vous faire pour que les points de passage soient à nouveau ouverts ?

Alors là il faut s’arrêter un instant sur la question du journaliste. Il pourrait dire « Gaza est soumis à un quasi-blocus » ou « Israël impose la fermeture des frontières de Gaza », mais non: Gaza est une prison! Le choix du terme n’est pas innocent: après avoir été « occupés », voilà que les palestiniens vont devenir « prisonniers ». Prisonniers ou otages ? Toutes les restrictions imposées sur la bande de Gaza sont consécutives à la prise de pouvoir du Hamas. Si les gazaouis soutiennent le Hamas, ils doivent en assumer les conséquences.

Il y a un proverbe arabe qui dit : « Il m’a frappé, ensuite il a pleuré, et après il est allé porter plainte contre moi. » Gaza est bouclé depuis sept ans, depuis le début de la (seconde) Intifada. La situation n’a fait que se dégrader. Elle a empiré après les élections de janvier 2006. Nous sommes face à un embargo aérien, terrestre et maritime. En Cisjordanie, c’est à peu près la même chose. La réalité est que le peuple palestinien est enfermé par l’occupant. Et cela, ce n’est pas la faute du Hamas. Toutes les accusations à notre encontre ne servent en fait qu’à masquer la réalité.

Bien évidemment, tout est la faute de l’occupant, rien n’est de la faute de Yasser Arafat et ses sbires, initiateurs de la seconde intifada.

Et le meilleur est pour la fin:

Est-ce que vous pensez toujours à un Etat palestinien dans les frontières de 1967 ?
Notre position est toujours la même. Un Etat palestinien dans les frontières d’avant la guerre de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. C’est notre objectif, avec ensuite une trêve de longue durée avec Israël.

Discours destiné à perdre les naïfs: la charte du Hamas est claire à cet égard, l’objectif final du Hamas est d’établir un Etat islamique sur tout le territoire d’Israël. Qu’Haniyeh évoque une hudna est donc risible: les trêves islamiques sont avant tout destinées à réorganiser ses propres forces en vue de la prochaine bataille, pour ne pas être annihilés devant un ennemi plus puissant. Le Hamas compte donc sur la restreinte d’Israël pour ne pas être écrasé, en appelle donc à une « trêve » (qui de toute façon ne serait pas respectée par des groupuscules étrangement laissés libres d’agir à leur guise), et pourrait à la manière du Hezbollah importer des roquettes plus efficaces, des missiles sol-air, antichars, des armes automatiques… le tout avant de recommencer à attaquer Israël avec un arsenal renouvelé.

Tout est dans le titre

Sur Le Monde aujourd’hui, tiré du fil d’information de Reuters:

Washington craint une riposte spectaculaire d’Al Qaïda en Irak

Le mot-clé est bien sûr « craint ». Quand on prend la peine de lire la brève, le son de cloche est différent:

L’armée américaine s’attend à ce que la branche irakienne d’Al Qaïda réplique par des « attaques spectaculaires » à l’offensive de vaste ampleur menée à Bagdad et dans ses environs qui a fortement mis à mal son organisation, déclare un porte-parole militaire.

[…]

« Au cours des deux derniers mois, nos efforts collectifs contre la direction d’Al Qaïda ont commencé à perturber leurs réseaux et leurs repaires », a dit le porte-parole lors d’une conférence de presse. »Nous nous attendons véritablement à ce que les activistes d’Al Qaïda en Irak ripostent et organisent des attaques spectaculaires pour rétablir leur autorité », a-t-il ajouté.

Le week-end dernier a été particulièrement meurtrier: 250 personnes ont trouvé la mort dans diverses attaques à travers le pays. Un attentat au camion piégé à Touz Khourmato dans le nord de l’Irak a notamment fait 150 morts. Les autorités irakiennes ont accusé le groupe radical sunnite d’en être à l’origine.

Washington accuse Al Qaïda d’être responsable de la plupart des attentats à la voiture piégée en Irak, affirmant que l’organisation a pour objectif de provoquer une guerre civile entre la minorité sunnite et chiite.

Premièrement ce n’est pas Washington qui « craint » les attaques, mais les généraux sur place. Nul doute que les Démocrates seraient ravis d’attaques massives, d’attentats meurtriers, ainsi que leurs alliés médiatiques. Ils pourraient ainsi faire tourner leur compteur macabre du « nombre de soldats américains tués depuis le début du conflit », et demander le retrait total et immédiat des troupes devant le « nouveau désastre », « l’aggravation constante » de la situation, « l’échec patent de la politique de Bush »…

Deuxièmement les généraux ne craignent pas les attaques: ils les anticipent. Ils se donnent donc les moyens d’y répondre, ils s’y préparent activement.

Troisièmement si ces attaques ont lieu c’est en réaction à l’offensive américaine. L’armée américaine met une râclée aux jihadistes. Ceux-ci perdent du terrain, des hommes, des places fortes, des caches d’armes…

En fait, Al Qaeda va tenter un « Têt« .

Changement de cap

Passage de Nucleus CMS à WordPress (plus répandu, plus simple à maintenir, configurer), petit changement de thème (mais je devrais rendre tout ça plus « conforme » à ce qui existait).

J’ai devant moi quasiment 2 mois de vacances (mais non je ne suis pas fonctionnaire, juste… chanceux), donc j’espère avoir le temps de remettre de l’ordre dans les affaires de LMAE (première étape franchie en tout cas), et de me remettre à écrire.

Si vous souhaitez me joindre, n’hésitez pas à m’envoyer un mail.

A bientôt

Comme d’habitude

Dans les médias: rien ou presque. L’Iraq existe à peine, sauf pour dire à quel point c’est l’enfer sur terre. L’Afghanistan est mentionné pour parler de l’irrésistible offensive des Talibans (qui se font mettre en pièces à chaque fois qu’ils montrent leur nez). Les complots jihadistes un peu partout démantelés ? Au choix: inventions des paranos bushistes, provoqués par la guerre en Iraq, ou le racisme des Européens…
Et ne parlons pas de l’Iran nucléaire, d’Al Qaeda made in Syrie infiltré dans les « camps » (c’est-à-dire des villes en dur) de « réfugiés » (depuis 60 ans) « palestiniens » (terme qui n’existe que depuis 40 ans). Les signes sont partout, et pourtant, qui comprend encore la menace qui nous guette ? Qui voit les barbares à nos portes ?

La grande lessive

Et ça continue:

(AP) NATO-led troops killed 75 suspected insurgents on the first day of an offensive against Taliban militants in a valley in southern Afghanistan, a British military officer said Tuesday.

The militants died Monday, when British, Danish and Afghan troops fought their way up the Sangin Valley in Helmand province, Maj. Dominic Biddick, who commanded a company of British troops in the operation, told The Associated Press.

Biddick said the troops detained several more suspected militants and discovered an arms cache during « a full day of fighting. »

One British soldier was wounded, he said, without providing any details of his condition.

« The operation went better than most people had anticipated, » Biddick told an AP reporter traveling with his unit. « At one point, there were six companies in clashes at the same time. »

His tally of 75 insurgents killed could not be independently verified.

The Sangin Valley mission is part of Operation Achilles, NATO’s largest-ever maneuver against the Taliban, which began in March.

The operation is focused on reclaiming Helmand province, Afghanistan’s most volatile, from insurgents so that the government of President Hamid Karzai can expand its reach.

Il y a certainement un réservoir immense de terroristes au Pakistan, mais tant qu’ils sont tués en Afghanistan plutôt qu’ils ne se fassent sauter dans des bus londoniens ou parisiens, les troupes de l’OTAN en Afghanistan sont utiles. Nos armées ne nous seront pas d’une grande aide en patrouillant dans les gares (oops, c’est déjà ce que fait l’armée française…).

La grande lessive de printemps 2/2

Et après l’édito du Monde, voici quelques nouvelles d’Afghanistan:

Les talibans ont subi de lourdes pertes ce week-end en Afghanistan. Pas moins de 136 combattants islamistes ont été tués par les troupes afghanes et celles de la coalition. Les combats de dimanche, qui ont duré quatorze heures, se sont déroulés dans la province d’Herat, où deux jours plus tôt les forces de sécurité avaient tué 49 talibans. « Au total sept positions ennemies ont été détruites et 87 combattants talibans ont été tués durant les quatorze heures d’engagement », affirme un communiqué de la coalition. Les forces spéciales américaines, accompagnées de policiers afghans et d’autres membres de la coalition ont attaqué au mortier, à l’arme légère et au lance-grenades. Des renforts sont arrivés et l’aviation a largué « de multiples munitions sur plusieurs positions ennemies identifiées ».

Je vous rappelle les termes du Monde:

des offensives de plus en plus vigoureuses […] une présence forte et déstabilisatrice
Les « étudiants en religion » pachtounes […] gagnent du terrain dans le pays
Cette montée en puissance […] est un échec majeur pour l’OTAN.

Et vous, au vu des faits, vous décririez la situation comment ?

On continue:

Deux jours plus tôt, quelques 70 combattants talibans avaient attaqué une patrouille de nuit des forces spéciales américaines et de l’armée afghane dans le même secteur. En riposte, avec un appui aérien, les forces de la coalition et afghanes avaient tué 49 talibans. Un soldat américain avait également été tué dans ces combats. « Toutes les précautions ont été prises pour éviter des dommages aux civils afghans innocents durant ces deux batailles, et aucune victime civile n’a été rapportée », affirme l’armée américaine. Pourtant, à l’autre bout du pays, plusieurs centaines d’Afghans ont dénoncé dimanche le meurtre de civils aux cris de « mort à l’Amérique », après la mort de six personnes pendant une opération des forces sous commandement américain.

Bien loin de la caricature des Américains « trigger happy », aucune victime civile n’a été rapportée. Et même pris en embuscade, les Américains et l’armée afghane a taillé en pièces les talibans. Montée en puissance ?

Conclusion, avec un body count:

Selon l’AFP, environ un millier de personnes ont été tuées lors de ces violences depuis le début de l’année, tandis que les talibans et les forces de sécurité afghanes et internationales ont relancé leurs offensives après une relative trêve hivernale. L’an dernier, affrontements et attentats ont fait près de 4.000 morts en Afghanistan. Depuis le début de cette année, une trentaine de soldats de la coalition ont été tués

Voyons voir, 1000 personnes tuées dans des « violences », càd dans les combats entre forces occidentales et talibans, dont 30 militaires occidentaux. Soit 970 talibans éliminés. A part ça, la grande offensive des talibans déstabilise le pays. On y croit.

La grande lessive de printemps 1/2

La grande offensive des talibans a commencé:

Le retour progressif des talibans en Afghanistan, avec des offensives de plus en plus vigoureuses à chaque printemps, notamment en 2006, et désormais une présence forte et déstabilisatrice dans plus de la moitié du pays pachtoune, est un signal d’alerte pour le pouvoir afghan et pour la coalition militaire de l’OTAN, menée par les Etats-Unis. De nouveau, le Sud afghan devient un théâtre de batailles, et les pays occidentaux engagés sur le terrain commencent à exprimer, à l’image de certains politiques et diplomates en France, de sérieux doutes sur les chances de victoire.

Le ton de l’article est sans équivoque: l’Afghanistant est une catastrophe sans nom, et il est urgent de hisser le drapeau blanc. C’est presque la position officielle de la France désormais, et j’imagine sans peine les discussions affolées au quai d’Orsay:
– oh mon Dieu, il y a des morts!
– mais… mais c’est une guerre!

Les scribouillards sortent alors le manuel du petit diplomate français, au chapitre « conflit armé ». Ils sautent la section 1, consacrée à l’Afrique (envoyez quelques légionnaires, tuez quelques personnes, de toute façon les victimes sont Noires, aucun média n’y assistera vu que l’Amérique n’est pas impliquée, et vous pourrez rester autant que vous voudrez mandat de l’ONU ou non…), et passent directement à la section 2: « alliance avec l’Amérique ». Là c’est plus compliqué: « en cas d’occupation partielle ou totale de la France » (agitez des drapeaux, apprenez à dire « ouellecome », offrez leur des putes, taxez leurs clopes), « post-libération » (foutez les dehors le plus rapidement possible sans leur dire merci. Prenez leur d’abord tous les dollars, mais blâmez les pour leur impérialisme.), et il y a le cas « alliance contre un ennemi commun ». Arrivés à cette page les diplomates doivent y lire quelque chose comme:

en cas d’absolue nécessité il est possible de faire alliance avec les Etats-Unis contre un ennemi commun. Dans un tel cas, faites en sorte que l’alliance ne dure qu’un temps limité sous peine de devenir des laquais de l’impérialisme. Si le conflit est gagné militairement avant la sortie de l’alliance, participez aux défilés, réclamez des médailles, et rappelez aux 50 prochains présidents US l’inoubliable courage et l’amitié des nations « frères d’arme ». Si le conflit n’est pas gagné avant la sortie de l’alliance, déclarez le perdu irrémédiablement. Profitez-en pour ajouter que ces salauds d’Américains vous ont traîné là de force, que toutes les décisions tactiques et stratégiques sont de leur fait, mais que vous n’êtes pas des pantins et que pan! nous on se casse quand on veut, surtout si ça va mal.

Le reste de l’article est dans la même veine:

Les « étudiants en religion » pachtounes, nourris au lait des services secrets et des madrasas du Pakistan, soutenus par le mouvement djihadiste Al-Qaida, gagnent du terrain dans le pays et dans les têtes des Afghans. Cette montée en puissance, cinq ans et demi après la chute de l’Emirat islamique taliban, est un échec majeur pour l’OTAN.

Montée en puissance ? mesurée par quoi ? Le fait simplement de continuer à exister ?

[…] Sur le plan économique, le gâchis est gigantesque : la moitié de l’argent dépensé va au fonctionnement propre des donateurs, et une partie de l’autre moitié disparaît dans les méandres d’une administration afghane corrompue. Sur le plan politique, le bilan n’est guère positif, le président Hamid Karzaï ne contrôlant réellement que la capitale, Kaboul.

Ah ça, dès lors que l’argent est distribué par une entité gouvernementale, il est impossible qu’il en soit autrement. Ceci dit, des progrès très nets sont faits: forte réduction de la mortalité infantile en Afghanistan, 50.000 enfants sauvés par an. Concernant le contrôle de l’Afghanistan, dans un pays où chaque clan a sa police et sa justice, comment pourrait-il en être autrement ?

Le résultat de ces échecs est que les pays présents en Afghanistan posent désormais des conditions drastiques à leur engagement, refusent d’être déployés dans telle province ou de combattre dans telle zone, quand ils n’envisagent pas, simplement, de retirer leurs troupes.

On atteint enfin le coeur du problème, et on rejoint exactement le manuel du diplomate français, visiblement copié par tous les Européens au grand coeur mais aux c****s microscopiques! On veut bien participer, mais sans risque. On veut bien envoyer des militaires, mais pas qu’ils tirent de coups de feu. On veut bien les armer, mais ils doivent simplement distribuer de l’eau dans les villages. Ils auront des chars, et devront uniquement construire des écoles. Moi qui pensait naïvement que la formation des snipers français leur permettait de tenir une nuit à -20°C à 3000m d’altitude en dégommant un taliban dans la nuit à 1km de là… Mais non! C’est trop dangereux pour eux! (*)

Comme en Irak, l’opération se heurte à un dilemme presque insoluble : rester, c’est prendre le risque d’être entraîné dans une guerre d’ampleur et vouée à l’échec ; partir, c’est signer une défaite face à un mouvement islamiste totalitaire et pratiquant le terrorisme, tout en abandonnant à leur sort les Afghans qui ont misé sur l’intervention occidentale et, au-delà, sur la démocratie.

Rester, c’est l’échec! Rester, c’est au contraire la garantie que les talibans ne peuvent emporter la victoire. En soi, c’est déjà prouver aux talibans qu’ils ont à faire à des ennemis déterminés, eux aussi prêts à s’engager dans une guerre de longue haleine. Même si la victoire n’est pas pour demain, ni pour après-demain, ni peut-être même pour les trois ou quatre prochaines décennies, il faut rester là-bas, parce que partir est synonyme de défaite. Amusant que Le Monde s’en rende compte, mais la conclusion ne colle pas vraiment:

Si l’Amérique de George Bush ne paraît pas encore capable d’une réelle remise en question de ses opérations militaires afghane et irakienne, l’Europe doit de toute urgence, à propos de l’Afghanistan, se poser la question de la nature de son intervention. Il en va de sa crédibilité, de celle de l’OTAN, et de sa capacité future à intervenir dans des conflits hors de ses frontières.

L’Amérique ayant les troupes les plus « agressives », si elle doit revoir ses opérations militaires, ce ne peut être que dans un sens « européen », non ? Et si les Européens doivent revoir la « nature de leur intervention », cela veut-il dire qu’ils doivent plier bagage ou carrément déposer les armes (ce que, de facto, ils ont déjà fait) ? Alors les Américains devraient refuser de combattre pendant que les Européens plient bagage ? On a du mal à comprendre le point de vue du Monde!

(*): je ne remets pas là en cause les qualités exceptionnelles des soldats français, je montre l’absurdité du non engagement de ces troupes.

Perdre

D’après le sénateur Harry Reid, la guerre en Iraq est perdue:

« Je crois (…) que cette guerre est perdue, et que l’envoi de renforts ne sert à rien, comme le montre l’extrême violence qu’on a vue en Irak cette semaine », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse destinée à justifier la demande d’un calendrier de retrait des militaires.

Le symptôme de la « défaite » serait donc les attentats à la voiture piégée ? Si il n’y avait pas d’attentats à Baghdad la guerre serait gagnée ? Quels sont les critères pour déclarer victoire ? Que signifierait une victoire ? A force de ne pas avoir d’objectifs clairement définis (ce qui est une aberration en soi!), on peut aussi bien déclarer que la bataille d’Iraq est une victoire comme une défaite!

Voici donc ma vision d’une « victoire » en Iraq:
1/ à minima:
le pays n’est pas contrôlé par l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite, ou par un groupe terroriste (Al Qaïda, baathistes). Un gouvernement fonctionnel contrôle le pays, et est allié des Etats-Unis, avec une présence militaire américaine réduite à quelques dizaines de milliers d’hommes (à ce propos qui peut me rappeler les effectifs américains en Allemagne de l’Ouest en 1980 ?)
2/ à maxima:
le pays est démocratique, et ressemble plus à Dubaï qu’à Ryadh. L’Iran et la Syrie ne peuvent plus envoyer de terroristes au travers des frontières hermétiques de l’Iraq ou la police iraqienne a atteint un tel degré d’efficacité que les réseaux terroristes sont réduits à néant.

Bien sûr, une défaite aussi peut être envisagée: on pourrait avoir plusieurs scénarios, allant de l’établissement d’une dictature pro-américaine, avec guerre civile complète (et pas des escarmouches comme maintenant) résultant en centaines de milliers de morts, invasion par les pays voisins (Turquie au Nord pour « pacifier » le Kurdistan, Iran au Sud, pour « aider les frères shiites »), chute de la production pétrolière voire arrêt complet (imaginez un peu l’effet sur le prix du baril) ou prise de contrôle du pétrole par l’Iran (de quoi financer combien de bombes atomiques ?)… Sans parler de l’établissement de camps d’Al Qaeda, du retour au pays et donc de la diffusion de l’expérience des terroristes vétérans d’Iraq, du gain en terme de propagande… bref les conséquences seraient multiples, et toutes plus désastreuses les unes que les autres.

Aujourd’hui, déclarer la bataille d’Iraq « perdue » est un peu prématuré. Malheureusement, la répétition médiatique aidant, si les Démocrates US ont les moyens de faire coller la réalité à ce qui n’est pour l’instant qu’un discours: ils peuvent à terme faire plier bagage à l’armée US. Et offrir sur un plateau la victoire à Al Qaeda, à l’Iran, à la Syrie. A quoi bon ?