Plus à l’Est

Que vont penser les Taïwanais, menacés par la Chine, et les Japonais et les Coréens, menacés par la Corée du Nord, de la victoire Démocrate ?
Si ceux-ci mettent en oeuvre leur programme de défaite en Iraq, quel message enverront-ils ?
– l’Amérique n’a décidément plus la volonté de combattre plus que quelques années,
– ne sait plus encaisser des pertes, même minimes (3000 tués en Iraq en 3 ans)
– laisse tomber ses alliés pour des raisons de politique intérieure…

Bref Taïwan ne peut pas compter sur une flotte US en cas d’invasion de la Chine communiste. Le Japon ne pourra pas compter sur les troupes US en cas d’aventurisme nord coréen ou chinois, pas plus que les sud Coréens. Dès lors, que devront faire ces pays ? S’armer. Opposer à la Chine leurs propres outils de dissuasion. Si l’escalade nucléaire est tout à fait possible pour le Moyen Orient, elle est encore plus probable, quasi-certaine, pour l’Asie. Le Japon comme la Corée ont non seulement les moyens techniques, les connaissances académiques, mais aussi tout l’outil industriel pour construire en masse des armes nucléaires. Mais ce n’est pas tout: Tokyo a un stock de plusieurs dizaines de tonnes de plutonium. La Corée du Sud a une vingtaine de réacteurs en production. Taïwan aussi dispose des mêmes facilités.
Ces pays peuvent donc produire dans des délais extrêmement courts des armes atomiques fiables, avec des lanceurs (missiles).

Et qui les en empêchera ? La course est ouverte désormais. Les quelques mois devant nous sont décisifs.

Le mot de Rumsfeld

As we look back on those critical years during the Cold War, so too our grandchildren will one day look back on this time as a defining moment in America’s history. History will judge whether we did all we could to defeat a vicious extremist enemy that threatened our security, our freedom, our very way of life. Or, if we left it to the next generations to try to fight an enemy strengthened by our weakness, and emboldened by our lack of resolve.

Source: Kansas State University Landon Lecture

Je traduis pour les non-anglophones:

De même que nous nous penchons sur les années critiques de la Guerre Froide, nos petits enfants étudierons ce moment décisif de l’histoire des Etats Unis. L’Histoire jugera si nous avons tout fait pour battre cet ennemi extrémiste et vicieux, qui menace notre sécurité, nos libertés, notre mode de vie. Ou bien si nous avons laissé aux générations futures le soin de se battre contre un ennemi renforcé par nos faiblesses, encouragé par notre manque de volonté

Tout est dit. Entre ce discours et celui de Mme Pelosi, on mesure l’écart. Si les Démocrates « redéploient » (euphémisme pour « quitter ») l’armée US aux USA, l’Iraq tombera aux mains de ses voisins (démantèlement entre la Turquie pour le Kurdistan, les zones Shiites aux mains d’Amadhinejad, les zones Sunnites aux mains des Syriens).

Tout sera à refaire, en plus dur. D’où lancer des attaques contre l’Iran ? De l’Afghanistan ? Encore faut-il que le Pakistan ne sombre pas lui-même aux mains d’islamistes ou que les Démocrates ne décident pas un « redéploiment » pour l’Afghanistan aussi!

Avec la course aux armes nucléaires, il ne restera bientôt plus qu’une seule option disponible. Elle est terrifiante. J’en reparlerai.

Illustration

Nancy Pelosi, désormais « speaker » à la chambre déclarait hier:

I mean, the point is, is that our presence in Iraq, as viewed by the Iraqis and by others in the region, as an occupation is not making America safer. … So what is being accomplished by our being there? A responsible redeployment outside of Iraq … The president — victory is elusive. Victory is subjective. What does he mean by ‘victory’?

Ce qui se traduit par:

notre présence en Iraq, telle que perçue par les Iraqiens et les autres dans la région, est une occupation qui n’améliore pas la sécurité des Etats-Unis. Alors qu’est-ce qu’on gagne à être présents là-bas ? Un redéploiement responsable hors d’Iraq… La définition de victoire est subjective. Qu’entend le président par « victoire » ?

Je vous laisse juger si mon scénario peut se réaliser avec une tarée pareille à la tête des Démocrates.

Le pire est à venir

Enfin la victoire annoncée des Démocrates est concrétisée.

Alors, que va-t-il se passer ? Le contrôle du Sénat et de la Chambre des Représentants donne aux Démocrates tout pouvoir sur le budget, mais pas sur la totalité de la politique gouvernementale elle-même. Espérons que les compromis n’impliqueront pas la bataille d’Iraq. Si d’aventure le retrait américain se faisait trop tôt, Moqtada Al Sadr (qui aurait du prendre un Hellfire sur le coin de la figure il y a belle lurette…) et l’Iran aurait trop vite fait de prendre le contrôle de l’Iraq.
Et au lieu d’avoir un problème iranien, on aurait… un réel empire islamique, allant de la Méditerrannée (Hezbollah au Liban, Hamas à Gaza) en passant par la Syrie (sunnite, mais alliée de l’Iran), en passant par l’Iraq (à majorité shiite, et je ne donne pas cher de la peau des sunnites là-bas…) et bien sûr l’Iran.

Sans présence américaine dans le Golfe, que deviendraient les monarchies pétrolières ? Des proies faciles pour un Iran nucléaire (avec l’inaction US des deux prochaines années, Amadhinejad et sa clique ont les mains libres). Donc ? Donc ils entameront une course aux armements, à la fois classique et nucléaires. Et comme d’ici deux ans la situation en Iraq aura probablement peu évolué (il vaudra mieux « calmer » la situation, donner une impression de calme pendant que les troupes US plient bagage), tout sera en place pour l’élection d’un président Démocrate en 2008 (qui pourra arguer de la réussite du plan de retrait d’Iraq, des négociations avec l’Iran…).

Et vers 2010 ? On aura un Iran nucléaire quasi-maître de la région, libre de financer à sa guise les terroristes où bon lui semble, éventuellement de prendre par les armes le Koweït (majorité shiite comme en Iran), ou une partie de l’Arabie Saoudite (majorité shiite dans l’est, càd là où est tout le pétrole…). Ou d’attaquer Tel Aviv. Ou de faire du chantage sur les capitales européennes.

Politique fiction ? Oui. Mais les Iraniens sont malins, et j’imagine mal Amadhinejad gâcher l’immense opportunité qui s’offre à lui. Quant aux politiciens américains, ils sont trop lâches et trop centrés sur la prochaine élection pour ne pas se satisfaire d’une pseudo-paix, ou plutôt, d’un report des hostilités. Car toute accalmie sera passagère, le calme avant l’inévitable tempête.

La guerre contre la guerre

Les médias aimeraient tellement rejouer le coup du Viêtnam, celui de la belle époque des mass medias: les journaux papiers et les télés sans la concurrence d’Internet, sans la myriade de sources d’informations et surtout d’analyses. Seuls sur le marché de l’opinion, ils pouvaient la fabriquer tout à leur aise. A l’époque un présentateur pouvait faire basculer l’opinion d’un pays entier.
Ce n’est plus tout à fait le cas, aussi ils appliquent la pédagogie la plus simple, celle de la répétition. Jour après jour l’Iraq est dans une « spirale du chaos », un « enfer de violence », un « bourbier sans fin », une « crise humanitaire permanente »…

Sur le terrain, le cancer de Moqtada Al Sadr a métastasé: ses milices plus ou moins sous son contrôle défilent, se battent contre la police, alors même qu’il fait partie du gouvernement. Absurde. Encore une fois, il vaut mieux prendre les problèmes à la racine: Al Sadr mort ou emprisonné en 2004 n’aurait pas pu devenir ce qu’il est. Et l’exemple aurait certainement servi aux Shiites: ils n’ont pas champs libre pour massacrer les sunnites et, en quelque sorte, prendre leur revanche sur les décennies de Saddam.
Les frontières avec l’Iran ne doivent pas être bien closes, et la Syrie n’a pas été menacée plus que ça pour son engagement. Il y a tant de choses à regretter sur l’action américaine.

Cela remet-il en cause fondamentalement l’action américaine en Iraq ? Non. Ce sont des erreurs tactiques. L’objectif est bon: démocratiser l’Iraq, ce qui in fine ne pourra être réalisé que quand les Iraqiens eux-mêmes comprendront que pour vivre ensemble il faut abandonner les armes et vivre entre eux en paix, et offrir au Moyen Orient une alternative aux dictatures islamo-nationalistes, panarabo-islamistes ou que sais-je encore. Dans cette guerre, la bataille la plus dure sera certainement celle contre la guerre: celle des médias, celle de tous les post-moderners nihilistes, des rouges-verts… Comme un miroir du conflit interne à l’Islam entre la minorité de modernistes et les islamistes au milieu d’une population en majorité passive, un conflit interne traverse l’Occident: ceux qui veulent faire vivre notre civilisation, ceux qui la rendent responsables de tous les maux et souhaitent sa fin, ou du moins sont indifférents à son sort. Pour gagner la guerre contre nos ennemis, il faut d’abord en avoir l’envie. Nos médias en ont-ils envie ? Rien n’est moins sûr.

Bush « autorise la torture »

Tels étaient les titres débiles des médias hier, et la teneur des débats sur les diverses radios. A cela, une réponse:

Quand on lui rentre un barbelé dans l’cul, un canasson est capable de jouer aux cartes. Simple question de voltage

Et si les terroristes étaient vraiment torturés (ce qu’ils ne sont pas entre des mains américaines), à part regretter de ne pas avoir de vidéo sur Youtube, qu’aurait-on à redire ?

Note: pour ceux qui ne comprendraient pas, c’est de l’ironie.

La boîte de Pandore

C’était acquis depuis longtemps, c’est maintenant « prouvé »: la Corée du Nord sait fabriquer des armes atomiques. Une remarque: la puissance de la bombe était faible, ce qui n’est pas franchement rassurant parce que cela signifie que d’ores et déjà elle peut très certainement tenir dans n’importe quel de leurs missiles. La Corée du Nord dispose donc de la bombe, et des vecteurs « adéquats » (si on peut utiliser un tel terme…). Et l’économie de matière fissile indique aussi que plus de bombes peuvent être construites… même si elles sont de faible puissance, un arrondissement en moins à Paris, le sud de Manhattan… Il existe tellement de cibles concentrées dans les grands centres urbains…

Dans quelle mesure l’Iran a participé ? Financement ? A coup sûr. Technologie ? Avec suffisamment de dollars, tout s’achète en Corée du Nord… Prenez des photos de l’Arc de Triomphe et de la Tour Eiffel. Vous pourrez les montrer à vos petits-enfants en leur parlant de la beauté passée de notre pays.

Ouf !

Ça y est! J’ai un Lenovo X41t et franchement c’est Une machine incroyable: léger, puissant, écran très lisible, fin, lumineux, le Pc est silencieux, bref je Suis plus que content!
Je viens d’y installer MindManager, MS One Note , MS Visio , MS Project … Pile-poile de quoi en faire une machine de travail idéale… Et pour le reste, Firefox Mozilla WindowBlinds …

Je vais pouvoir ne remettre au boulot.

A très bientôt

C’est pas de la kaamelot

Le Graal se rapproche.

Nos chers intellectuels

Parution d’American parano, de Jean-Philippe Immarigeon, en voici le résumé tel qu’il est fait par sa maison d’édition, avec mes commentaires:

L’Amérique peut-elle encore représenter ce modèle qui a fait rêver depuis deux siècles ?

Non, bien sûr que non, en témoignent les millions d’immigrants, clandestins ou non, et toutes les pubs dans le métro « participez à la loterie Green Card » (permis de séjour et de travail permanent aux Etats-Unis, distribué chaque année à 55000 heureuses personnes, sur participation). L’Amérique ne fait plus rêver, ni ses stars d’Hollywood, ni ses gratte-ciels, ni son opulence et ses opportunités infinies. Non, vraiment, qui aujourd’hui rêve d’Amérique ?

A l’heure de la mondialisation, elle continue de se penser comme une île en dehors d’un monde avec qui elle se croit en guerre.

Un monde avec qui elle se croit en guerre ? A ma connaisse les Etats-Unis ne sont en guerre qu’avec l’islamo-fascisme, enfin, c’est plutôt l’inverse: les Américains sont tout de même très isolationnistes, et ce sont les islamo-terroristes qui sont venus un mardi matin de septembre lui déclarer la guerre.
Quant au reste du monde, peut-être se croit-il en guerre contre les Etats-Unis, à écouter Chirac, Villepin et d’autres on serait tenté d’en tirer cette conclusion. Sinon pourquoi l’opposition constante ?

Elle refuse les règles internationales, persuadée que la mission civilisatrice et morale que se sont donnée ses pères fondateurs justifie toutes les dérives.

Les règles internationales! Celles dictées par l’ONU j’imagine ? Cette coalition des dictateurs et des votes à vendre au plus offrant ou au plus menaçant ? Celle qui laisse les massacres se poursuivre au Darfour (plusieurs centaines de milliers de morts déjà) et au Congo (à coups de millions de victimes), et qui hurle dès qu’un Juif rend un coup ?
L’ONU n’est représentative de rien si ce n’est du vieux monde justement, celui de la realpolitik d’antan, de la guerre froide, de la soi-disant diplomatie nuancée de Sieur Villepin et consorts. Ce monde est terminé. C’est celui du siècle précédent.

Et si le rêve américain de liberté et de démocratie n’était qu’un leurre ?

Mais bien sûr, un leurre! Les Etats-Unis sont une démocratie bourgeoise, avec des libertés bourgeoises! Là-bas les masses opprimées souffrent pour qu’une minorité de riches s’enrichissent encore plus vite que les pauvres s’enrichissent (oops) s’appauvrissent! Ce sont les riches qui achètent les politiques, qui dictent les lois! C’est une pseudo-démocratie! Les médias manipulent, les Américains stupides gobent, les lobbyistes achètent! Les Américains ne sont pas libres!
Bizarrement, contrairement aux Européens, ce peuple d’esclaves stupides crée bien plus de richesses que nous, a un niveau de vie plus élevé, vit aussi longtemps, est aussi bien soigné, et en plus est foutu de donner le ton dans le domaine culturel, technologique, scientifique.

Et si l’Amérique donnait raison à Tocqueville qui prédisait sa dérive vers une nouvelle forme de despotisme ?

On l’appellera Bushisme je suppose ?

Dans American Parano, Jean-Philippe Immarigeon montre que l’Amérique paranoïaque de Bush, telle qu’elle se présente depuis les attentats du 11 septembre 2001, n’est ni un accident ni une parenthèse. Au contraire, elle plonge ses racines dans les fondements de sa propre histoire.Bâtie il y a quatre siècles sur la préservation d’une vieille pensée autoritaire et cloîtrée que l’Europe abandonnait, l’Amérique n’est pas le monde démocratique de demain mais l’Europe d’avant-hier.

Paranos, autoritaires, cloîtrés! Et bizarrement cette culture cloîtrée et autoritaire nous inonde de porno sur internet, de Christina Aguilera et Beyoncé aux tenues légères à toute heure sur MTV, compte autant de variantes du culte chrétien qu’il en existe au monde (idem pour toutes les autres religions d’ailleurs)… L’Amérique « WASP » n’existe plus, et même lorsqu’elle existait sa pire manifestation fut la Prohibition… et l’une de ses plus grandes réussites fut… l’abolition de l’esclavage lors de la Guerre Civile!

Nous ne vivons pas dans le morne temps historique. Les attentats de 2001 n’ont fait que révéler cet antagonisme de deux civilisations occidentales dressées l’une contre l’autre. Et tout fait penser que cette guerre, l’Amérique va la perdre.

Ah les jolies phrases de l’intellectuel-poète: « nous ne vivons pas dans le morne temps historique ». Hé bien il ferait bien de nettoyer sa longue-vue, car si l’Europe est en guerre contre les Etats-Unis, c’est bien l’Europe qui perdra, faute de combattants. Quand la foi en l’avenir chute, quand le désespoir gagne, quand le niveau de vie baisse, bizarrement les peuples réagissent en se suicidant: ils ne font plus d’enfants. Déjà la Russie perd 900.000 personnes chaque année. D’ici quelques décennies il en sera de même pour la France, la Suède, l’Italie… Le rayonnement culturel déjà faible de l’Europe n’existera plus que dans les livres d’histoire…

Décidemment nos intellectuels franchouillards ne comprennent rien à rien. L’Europe se meurt du socialisme, ses peuples se suicident, et ils raillent le seul pays digne de l’héritage culturel européen, le seul pays encore européen.