Monthly Archives: juin 2004

L’Irak aux Irakiens!

C’était le titre de Libération parait-il. Vous les imaginez titrer « La France aux Français » ? Tous les autres journaux ont donné dans les mêmes sarcasmes: le gouvernement iraqien est fantoche, ce ne sont que des pantins au service de la CIA, et puis regardez la manière dont s’est faite le transfert: deux jours en avance, ah les traîtres ils ont ainsi déjoué les plans des terroristes…

Qu’ai-je à répondre à cela ? J’ai envie de répondre « bof ». Ou sinon: que le gouvernement US n’ait pas rendu en temps et en heure le pouvoir, même formel, à un gouvernement iraqien, et il se serait vu taxerde « néo-colonialisme », qu’il le rende avant et le voilà taxé de le faire en « catimini », qu’il le fasse en temps et en heure et les USA auraient été responsables des actes de terrorisme… Bref comme d’habitude quelle que soit l’action entreprise, les Américains ont tort, comme ils ont toujours tort, surtout quand ils font quelque chose, mais même ne rien faire c’est déjà agir donc ils ont toujours tort puisqu’on vous le dit!

To do list: trouver un directeur à la CIA, faire le ménage au DoS

Extrait de ‘Walking Back the Cat’ On Chalabi (Daniel Pipes):

Americans might pay heavily for the rank irresponsibility of those in State and the agency who publicly confirmed the code break as part of their turf wars with the Defense Department and, more broadly, their fight with the so-called neoconservatives.

Dans la bataille entre le Department of State et la CIA contre la Maison-Blanche et le Department of Defense, les premiers ont par leurs actions irréfléchies permis aux services secrets iraniens de confirmer que leurs codes secrets ne l’étaient plus. Depuis 2 mois les Iraniens ne sont plus sur écoute. C’est le seul résultat tangible.

Pourquoi ne pas avoir fini le travail à Fallujah ?

Comme beaucoup, je me demandais pourquoi les forces US n’allaient pas au bout de l’action à Fallujah, pourquoi elles ne nettoyaient pas la ville entièrement des terroristes, ex-baasistes reconvertis en islamistes, ou jihadistes étrangers. Il y a peut-être un élément simple auquel je n’avais pas pensé alors: dans l’action militaire comme dans beaucoup d’autres domaines, il y a des rendements décroissants. Mettre hors de combat les 990 premiers terroristes alors qu’ils tiennent des positions localisées c’est nettement moins coûteux que de fouiller la ville maison par maison (en se mettant à dos la population, en invitant les médias à la critique, en risquant les embuscades et les attentats…) pour retrouver les 10 derniers volontaires pour les 72 vierges. Aussi, les commandants US ont-ils peut-être jugé que l’objectif n’était pas une prise de contrôle total de la ville, ni même de tuer ou capturer les principaux leaders terroristes dans une première phase.
Dans une seconde phase, les terroristes doivent se réorganiser, regagner le contrôle qu’ils ont perdu, enrôler de nouveaux volontaires au suicide. Pendant cette phase ils sont bien plus vulnérables: ils doivent communiquer entre eux, se déplacer, tenir des réunions… et que s’est-il passé récemment ? Par deux fois des réunions de jihadistes ont pris des bombes US sur le coin de la figure.

Pourquoi consacrer d’importantes ressources à un objectif qui peut-être réalisé avec des moyens moins importants plus tard ?

(lire aussi sur l’intelligence tactique des forces armées US sur Belmont Club, qui m’a curieusement inspiré ce post)

Courte pause

Je fais une pause dans la pause pour vous inciter à lire un texte de Murray Rothbard: The Case for Revisionism et surtout les commentaires.

no time to blog

Désolé, pas le temps de blogger. Oligations personnelles, professionnelles. Trop de travail. Trop d’engagements. Pause.

Unanimité anti-américaine

Pendant les mois d’avant libération de l’Iraq j’ai décidé de manger seul, pour ne pas avoir à subir des conversations sur l’horrible Bush tueur d’Arabes (peu importe que Saddam en ait tué des millions, Bush est américain!). Pendant les 3 semaines fatidiques de combat, j’ai adopté le même comportement, à quelques rares exceptions près. Mieux vaut prétendre avoir beaucoup de travail que de se fâcher avec des collègues ou bouillir de rage devant les énormités proférées (ils sont enlisés, c’est pour mieux leur mettre la pâtée à Bagdad, etc). Puis j’ai repris le rythme habituel: je ne peux tout de même pas boycotter mes collègues indéfiniment!

Je les ai donc entendus en novembre dernier se réjouir de la mort de soldats US quand les hélicos de l’US Army n’avaient pas encore adopté les tactiques leur permettant d’échapper aux tirs de missiles sol-air, je les ai entendus parler avec enthousiasme du « soulèvement » d’Al Sadr en avril, et toujours de l’affreux Bush, des méchants et stupides Américains. Ce midi, j’ai eu droit à l’éloge du « documentaire » de William Karel sur le gouvernement de George W Bush: Le monde selon Bush. Cette oeuvre de propagande, comme le rappelle Romain Goupil, a semble-t-il marqué les esprits. J’ai préféré m’éclipser, plutôt que d’entendre parler de la cabale néo-con (même si au passage j’ai entendu parler de Colin Powell comme d’un faucon, alors que celui-ci joue contre les néo-cons avec la CIA…), des liens famille Bush-Ben Laden-mafia, lobby juif et je ne sais quoi encore.

Pour moi il y a une séparation très nette entre vie professionnelle et le reste, et je maintiens ce cloisonnement au maximum: personne ne doit savoir ce que je pense de sujets politiques, stratégiques, ou du taux d’imposition (1). En général, tout le monde s’astreint à ces règles implicites: personne ne parle de politique au sens strict, les élections tout le monde s’en fout ou presque (ah, quels mauvais citoyens), sont à peine commentées (sur le ton de la plaisanterie consensuelle).
Pourquoi ne pas conserver la même retenue dès lors qu’il s’agit de la libération de l’Iraq, des élections américaines, ou de la guerre contre le terrorisme ? Parce que ceux qui s’expriment font l’hypothèse qu’il n’existe qu’une seule opinion, et qu’elle ne peut être qu’anti-américaine.

1: j’approuve juste quand j’entends les récriminations devant les taxes sans cesse croissante: il y a un fond libéral dans ce pays, pourvu qu’un couillu se présente avec un programme clair de baisse d’impôt

L’Iran s’y met ouvertement

Le régime iranien se contentait jusque là de financer Al Sadr, mais devant la défaite subie par ses forces (probablement aidées de pasdarans), ils n’avaient plus de jouet (à part le Hezbollah, qu’ils co-contrôlent plus ou moins avec la Syrie, donc pas leur jouet).

Visiblement, les mollahs ont suffisament repris confiance pour passer à l’offensive, et de manière on ne peut plus ouverte: ils ont fait prisonniers 8 soldats britanniques dans des small boats sur le Shatt El Arab (Source: New York Times).

Lire bien évidemment l’indispensable réaction de Wretchard. Ma question personnelle est: à combien de mois de la bombe atomique sont-ils ? Il est clair que s’ils s’enhardissent ainsi c’est que:
– soit comme Wretchard le pense ils font le pari que GW Bush est en difficulté et qu’une humiliation internationale peut aider l’Iran à atteindre ses buts (dont la réussite passe par la défaite de GW Bush en Novembre)
– soit ils ont ou auront les moyens de leur politique (bombe A ?)

Quel que soit le cas, comme en avril avec la tentative de coup d’Etat raté de Moqtada Al Sadr, c’est un développement grave. Et encore une bonne raison pour les soldats US de ne pas quitter l’Iraq, qui serait vraiment livrer ce pays aux mollahs Iraniens, au dictateur ophtalmo aka Bachar El Assad, et surtout aux fous wahhabites d’Arabie Saoudite.

la vraie torture

La vraie torture.

Attention, à ne regarder UNIQUEMENT si vous avez l’estomac bien accroché. Vraiment.

Goupil persiste

Alors que Pascal Bruckner a complètement craqué, Romain Goupil continue de penser que la libération de l’Iraq était une bonne action.[ D’ailleurs ARTE a diffusé son reportage tourné en Iraq, à Bagdad, et je m’aperçois que j’ai raté ça…]
Il est de notoriété publique que Bush lied people died, qu’il n’y a jamais eu d’obus binaire chargé en sarin produit en Iraq, pas plus que de gaz mystérieusement réapparu entre les mains de terroristes en Jordanie, que les soldats US ont fait nettement plus de morts que ceux de Saddam, qu’ils sont notoirement portés sur la gâchette, qu’ils torturent allègrement, détruisent les mosquées, tirent sur les enfants, et mangent du porc à tous les repas en buvant de grandes lampées de Johnny Walker (j’ai rien oublié ?).
Aussi, quand Emmanuelle Bosc de 20 Minutes interviewe Romain Goupil, elle lui pose cette question:
Faire ce film, est-ce un mea culpa à la suite de votre engagement pour l’intervention militaire en Iraq ?
Hé bien non, il ne se repent pas, le bougre:

Je reste intimement persuadé qu’il fallait intervenir. Ceci est ma position de citoyen militant. Mais ma position de cinéaste est autre: mon boulot n’est en aucun cas d’illustrer un discours par des images, comme un tract. Le maximum que je puisse espérer de mes films, c’est de susciter des questions, pas de donner des réponses. Je laisse cela à d’autres, comme Michael Moore ou William Karel. Selon moi, eux font un travail de propagande
[…]
Je ne pourrais signer aucune de leurs images. D’après moi ils font un cinéma d’illustration, proche de la mystification.

Pour info, William Karel est diffusé en ce moment même (23h30 vendredi 18/06/04) sur France2 dans l’émission « Contre-courant« …

Minute du sablier

Résumé d’un débat entre Kouchner et quelques bellicistes haineux: La Minute du Sablier.

Intéressant, à lire jusqu’au bout malgré la très faible mise en page.