Dominique Galouzeau, alias de Villepin, sort aujourd’hui un livre: « le requin et les mouettes » (éditions Albin Michel) dans lequel il livre, dixit Yahoo! News, sa « vision optimiste » du monde:
PARIS (AFP) – Dominique de Villepin, ministre de l’Intérieur, plaide dans « Le requin et la mouette » (Albin Michel) pour « une nouvelle fraternité » face au « désordre » du monde et oppose un optimisme combattif à tous les « prophètes de malheur » qui « vont répétant le refrain trop entendu du déclin ».
Truffant son nouvel ouvrage, dont le titre est emprunté au poète René Char, de nombreuses références historiques, Dominique de Villepin veut convaincre que « le désastre annoncé n’est pas joué ».
« Partout résonne l’antienne d’un monde privé d’âme et d’élan, écrasé sous le rouleau compresseur d’un libéralisme économique sans frein et sans morale, d’une technologie conquérante et inhumaine. Partout se répand une étrange atmosphère de mise en garde face aux dangers que court une société enchaînée au char de la modernité », déplore M. de Villepin.
(source: Yahoo! News)
Il y a beaucoup à dire sur « la nouvelle fraternité pour faire face au désordre » qui se traduit certainement pour Villepin par un impôt mondial (taxe Tobin ?), des traités et règlements internationaux type « Kyoto », et la Cour Pénale Internationale bref l’arsenal habituel des tranzis (voir John Fonte – FrontPage Mag pour une définition). D’ailleurs quand Villepin vilipende le rouleau compresseur libéral […] sans frein ni morale, c’est à la liberté qu’il voudrait mettre un frein, cette liberté qui grignote son pouvoir et celui de sa caste. Liberté de circuler, d’échanger, de voir des séries américaines ou de chatter librement sur le Net. Insupportable pour les mollahs, également insupportable à Villepin. Yahoo! doit cesser les enchères sur des artifacts à emblème à croix gammée, et 100.000 policiers chinois scrutent les sites visités et ajoutent tous les jours à la liste de la Grande Muraille Virtuelle ceux qui sont jugés « subversifs ». Vite, le Far West du Net doit être réglementé par l’ONU, l’Union Européenne, soumis à des taxes. Cette technologie inhumaine doit être mise au pas, et LMAE sera enfin déchaîné du char de la modernité!
Allez aussi dire aux Indiens qui cultivent du riz OGM qu’il leur faut cesser immédiatement et crever de faim parce qu’ils sont enchaînés au char de la modernité. Le progrès ne passera pas par eux. A moi les privilèges, les réunions au sommet dans un endroit ensoleillé, ou enneigé, le bronzage toujours uniforme, dans des draps de soie! La modernité pour les Africains ? Pourquoi faire ? Leurs cultures si pittoresques en pâtiraient!
Oh, avant de passer au reste, juste un mot sur le déclin: quand en Europe le taux de natalité n’assure pas le renouvellement des générations, que la croissance économique est environ moitié moindre qu’ailleurs dans le monde, et que les élites politiques autoproclamées décident que le socialisme est la solution à tous les problèmes, le déclin n’est plus une éventualité, c’est tout simplement le présent et l’avenir de tout un continent.
Mais « devant le désordre (…) nous pouvons suivre la pente du découragement et du laissez-aller. Ou, au contraire, rassembler nos forces pour convoquer un sursaut et prendre un nouvel élan », assure-t-il.
« Les peuples et les Etats ont les moyens de bouleverser la donne. Les affrontements entre les cultures et les religions ne sont pas une fatalité (…) Nous voici à ce point crucial où s’entrevoit la possibilité d’une réconciliation entre la puissance et la grâce, entre le ciel et la mer, entre le requin et la mouette », assure l’auteur.
Le désordre ? Ce qui n’est pas organisé par une volonté politique, c’est à dire l’application de la force, n’est pas forcément désordonné. Les flux financiers, les échanges commerciaux, les migrations, le tourisme, toutes les activités humaines s’organisent spontanément. Les trains arrivent à l’heure, les avions aussi. Les voyageurs arrivent à destination, les marchandises aussi. Dans les supermarchés on trouve des kiwis et des bananes et le soir on boit un jus de pamplemousse israëlien en visitant un blog australien, ou on prépare ses prochaines vacances. On allume la télé pour voir un clone de Survivor. C’est ça « le désordre, le laissez-aller » que déplore Villepin. Les gens choisissent, agissent, passent des contrats. Forcément ça ne plaît pas à Villepin que les peuples choisissent Kohlanta plutôt que sa littérature. Ca ne lui plaît pas que les businessmen choisissent l’anglais plutôt que la glorieuse langue française. Les affrontements actuels, et là il pense au terrorisme islamiste, sont justement le résultat de sociétés fermées sur elles-mêmes, à l’écart des transformations mondiales. Qui a déjà entendu parler de délocalisation en Jordanie ? De la Silicon Valley syrienne ? Du Bolliwood iranien ? Personne, parce que ça n’existe pas.
Dans ce combat, « notre pays a un message d’espoir à délivrer. Il est capable d’apaiser le tumulte de la peur et de la haine en ouvrant une perspective de justice », affirme-t-il.
De justice ? Quelle justice ? La justice sociale ? La justice baasiste ? La justice des janjaweeds ? La justice islamique ? Que faut-il apaiser ? Qui faut-il apaiser ? A cela il est bien incapable de répondre, et moi je ne devrais même pas poser la question, c’est un manque flagrant de nuance, je suis donc une pauvre brute incapable de saisir toute l’essence de ses propos…
L’ancien ministre des Affaires étrangères, qui fut un ardent opposant à l’intervention américaine en Irak, revient longuement sur cette question.
« La communauté internationale devient l’otage de tensions qui ne trouvent aucun apaisement, de haines qui s’aiguisent au fil des semaines. Il est urgent de comprendre comment on en est arrivé là, et de s’atteler à la tâche : réussir la transition politique, aider le peuple irakien à acquérir une souveraineté réelle et substancielle », assure-t-il.
Selon lui, « ce qui est en jeu dans le Golfe ne concerne pas seulement les Etats-Unis et l’Irak mais notre volonté de ne pas laisser s’installer l’incompréhension entre les peuples ».
Réussir la transition politique ? Allo, elle est déjà en cours, aussi imparfaite soit-elle! Et s’il avait vraiment voulu une souverainte réelle et substancielle pour les Iraqiens, pourquoi ne pas avoir soutenu l’intervention US ? La fin du régime de Saddam Hussein n’était-elle pas le premier pas vers une souveraineté réelle ? Oh, mais suis-je bête, ce qu’il est en train de nous dire c’est que le gouvernement actuel est à la solde des Américains, d’ailleurs Allawi est un ex de la CIA.
Si Villepin avait réellement voulu aider les Iraqiens, pourquoi ne pas avoir accepté la demande de remise de dettes sur les sommes empruntées par Saddam pour acheter des missiles Exocet, des obus de 155, des radars Thomson, des Mirage (pour gazer les Kurdes) etc ?
Encore une fois à lire ce fatras de phrases creuses, d’affirmations absurdes, de formules grandiloquentes, je me demande où sont les motivations françaises ? Ne serait-ce vraiment que l’argent ? La soif de pouvoir ? La haine de la liberté ? Le chauvinisme franco-français, cette certitude d’être la Nation élue, le porte-drapeau des droitsdl’homme ? La jalousie face à cette Amérique toute puissante qui nous renvoie à notre propre médiocrité ? C’est peut-être ça la motivation de Chiraq et autres: une nostalgie d’un âge d’or mythique, de la France impériale et coloniale, répandant ses valeurs telle la Marianne semeuse que l’on trouve encore sur certaines pièces…