Il est complètement hallucinant de constater à quel point la classe politique française actuelle ressemble à la noblesse de 1780, et encore, parmi celle-ci il y avait des lucides, des réformateurs. Mais qui, qui dans la classe politique aujourd’hui est lucide ? Quel homme politique ose dire que le mal qui emporte la France n’est pas le libéralisme mais le socialisme ? Quel est l’homme politique qui ose dire qu’il faut cesser toute subvention aux entreprises ? Quel est l’homme politique qui affirme que le système d’imposition n’est pas spoliateur mais franchement esclavagiste ? Où sont-ils ? Les politiciens se sont constitués en classe à part, intouchables par la justice, défiscalisés par les appartements de fonction, les voitures de fonction, les notes de frais, les frais de bouche, les frais de représentation, les billets d’avions gratuits, les billets de train gratuits, les gyrophares dans les embouteillages, l’hélico quand ça va pas assez vite, les cocktails… Ils vivent comme les rois des temps anciens, bien au-dessus du peuple, derrière leurs grilles, avec leurs gardes prétoriennes, leurs gardes du corps, leurs voitures blindées. Ils se versent des salaires à faire pleurer les SMICards, et même la « classe moyenne » qui voit ces mêmes SMICards se rapprocher chaque année à coup d’augmentation du SMIC à 5%. Ils bénéficient ensuite d’avantages fantastiques en termes de capacité d’emprunt (prêts à taux 0, pas de chômage…), en termes de retraites (caisses spéciales)… Les effets de leur politique ? Ils ne les connaissent pas. Vous pensez que Delanoë cherche une place de parking le soir ? Qu’il prend le métro bondé à 18h ? Vous croyez que Villepin fait la queue à Roissy pour passer ses bagages aux rayons X ? Ils se sont aussi immunisés à l’échec: peu importe le nombre d’élections ratées, peu importe qu’ils ne tiennent jamais leurs promesses. Ils sont là, ils y restent jusqu’à la mort. D’ailleurs chez eux la maison de retraite s’appelle Sénat. De toute façon pour décrocher une investiture il faut passer par les partis, et ceux tout en haut de la pyramide tiennent les cordons de la bourse, elle-même alimentée généreusement par l’Etat…
Parmi les médias, qu’en est-il ? Quel journal adopte une ligne éditoriale franchement libérale ? La Tribune ou Les Echos, les deux quotidiens « business » sont corporatistes: ils font des éditos sur la politique monétaire, sur les grands chiffres du commerce extérieur, sur tout un tas de sujets complètement éloignés de la réalité de l’entreprise. Et leurs articles sont focalisés sur les grands groupes, ceux-là mêmes qui marchent main dans la main avec l’Etat: grands groupes de presse (Bouygues en tête), Thalès, EADS, Total, Alsthom, Areva, Arcelor, Axa, France Telecom… tout le CAC40 en fait! Ces groupes partagent avec le pouvoir les mêmes conseillers, les mêmes administrateurs, tous issus de la même école: l’ENA. Thierry Breton ? Francis Mer ? A gauche c’est pareil… Je ne vais pas non plus parler du Monde et de Libé, l’un socialo-centro-bien pensantiste, l’autre gaucho-soixant-huitardiste… Alors quoi ? Les médias télés ? TF1 ? M6 ? Parce qu’il y a sur TF1 « Combien ça coute » où est exposé le gâchis monumental de l’Etat ? Parce qu’il y a sur M6 l’émission « Capital » qui démystifie l’économie ? Et le reste du temps d’antenne ? Ca fait peu pour en faire des chaînes « libérales » d’autant que les autres chaînes sont soit publiques (= contrôlées par les syndicats et le gouvernement), soit franchement à tendance communiste (pensez aux « guignols » sur Canal+, à I-télé). Ah, juste en ce moment j’ai France 3 en fond sonore: reportage sur le référendum en Hollande. Et qu’est-ce qu’ils nous racontent ? Que les Hollandais sont d’affreux racistes. « Nous musulmans avons peur depuis le 11 Septembre ». Peur de quoi ? D’un attentat chimique à Amsterdam ? Quid des assassinats de Pim Fortuyn (un dandy gay d’extrême droite ?!), Théo Van Gogh ? Quid du très récent « advisory » du Tourism Board of Amsterdam conseillant aux gays de ne pas se tenir par la main à Dam pour ne pas se faire agresser par les hordes de joyeux musulmans victimes du racisme ? Oui c’est ça la télé française: du mensonge, du mensonge, encore du mensonge, de l’omission, du mensonge, et encore un peu d’omission.
En 2002 je riais bien devant la télé au soir du 21 avril. Le Pen au 2nd tour! Je n’aurais pas osé en rêver, et puis je ne suis franchement pas fan du personnage: comme toute la classe politique il a un discours profondément anti-libéral, anti-américain, pro-arabe (au sens « villepinesque » du terme) etc… Le déferlement médiatique m’a encore plus fait rire: j’ai même eu une connaissance au téléphone qui pleurait presque en abordant le sujet, ignorant totalement mes propres opinions et ma jubilation interne. Et pas mal de gens ont compris à ce moment que les médias ne sont pas fiables, rien qu’à la description haineuse qu’ils ont donné des électeurs FN (pourtant 6 millions de personnes!).
Evidemment ma joie n’aura duré que 15 jours, et le soir de l’élection de Chiraq les drapeaux marocains, algériens, tunisiens donnaient le ton pour la suite: celui de la capitulation, celui du renoncement, celui de la mort lente. Le séisme politique avait eu lieu et rien, rien, rien n’avait changé. Les 6 millions d’électeurs FN ont été proprement ignorés, vilipendés, et tout est revenu comme avant: un gouvernement absolument non représentatif, prêt à ne rien faire, quelques réformettes inutiles et absurdes par rapport aux problèmes, quelques mesures « sociales » forcément coûteuses pour ceux qui bossent… Bref, retour à la normale!
Et aujourd’hui ça recommence! Le « non » est une défaite terrible pour Chiraq, une de plus. Et que fait-il dès le lendemain ? Il nomme son conseiller le plus intime, celui-là même à l’origine des plus grosses catastrophes chiraquiennes, au poste le plus important de l’Etat! Et il lui donne quel mot d’ordre ? Réduire le chômage par tous les moyens possibles, sauf bien entendu celui d’adopter une politique libérale! Et ni Hollande, chef désavoué du PS par tous ses électeurs, ni Chirac ne démissionnent. Non: ils continueront. Ils sont confortablement installés, à l’abri de leurs décisions. Irresponsables jusqu’au bout.
Mais quand donc va se terminer cette mascarde ? Ils attendent la révolution ? Ils attendent la faillite ? Ils pensent que leur système est parfait et éternel ? Ils pensent qu’ils ont suffisamment bouclé le paysage médiatique, politique, judiciaire et même scolaire pour ne jamais avoir à faire face aux effets de leur politique ?
Ceci dit, les Français leur donnent raison: ils réclament aujourd’hui plus de socialisme. Ils réclament le protectionnisme. Ils l’auront, sans nul doute. Et ils en subiront les effets: toujours plus de pauvreté, toujours plus de chômage… jusqu’au jour où ils en auront assez. Et ce jour là, vers quelle idéologie vont-ils se tourner ? Vers Arlette ? Vers Le Pen ? Vers Ben Laden ? Où va la France ?