Schroeder entre en campagne électorale. Il a peu d’arguments à faire valoir auprès de l’électorat allemand pour se faire confirmer à son poste de chancelier: l’économie allemande est toujours dans les limbes, il avait promis de faire baisser le chômage en dessous des 4 millions, il en était à 4.7 millions en janvier (12%), et à peine moins maintenant (4.5, 11.5%). La croissance est grosso-modo la même qu’en France, c’est à dire risible, avec tous les effets en terme de perte de pouvoir d’achat que cela peut comporter, sans compter la hausse du pétrole.
Concernant la diplomatie, on constate la grande efficacité de l’Allemagne: pas de siège au Conseil de Sécurité à l’ONU (vous savez, l’institution totalement discréditée par le scandale du « Oil for food », par son inaction partout où il y a des droits à faire respecter, par la tribune qu’elle donne aux dictateurs…), la Constitution européenne rejetée (c’est une défaite pour Schroeder), le E3 vient de se faire rembarrer par l’Iran (c’était certain)…
N’étant pas grand connaisseur des sujets de politique intérieure allemands je ne voudrais pas trop m’avancer, mais étant donné qu’il y a maintenant une coalition d’altermondalistes néocommunistes (comme en France avec LO/LCR, ATTAC…) et soviétiques pure souche (PDS, parti d’Erich Honecker, toujours vivant!) associés à gauche de Schroeder, il ne peut même plus compter sur une base unie pour se faire réélire!
Bref, Schroeder est dans les choux. Alors sur quoi appuyer sa campagne ? Facile, comme en 2002: l’anti-américanisme (voir aussi: BBC). L’échec est désormais patent (avant il était latent) de l’E3 (France, UK, Allemagne) dans les négociations (jeu de dupes) avec l’Iran pour lui faire abandonner sa prétention nucléaire. Que faut-il faire ? Les Iraniens savent bien qu’ils sont en position de force. Le temps joue pour eux, et pas contre eux. La nomination d’un terroriste par les mollahs à la tête du gouvernement iranien montre bien qu’ils n’ont aucunement l’intention de céder. Et pourquoi le feraient-ils ? Que risquent-ils ? Justement, d’après Schroeder, ils ne doivent rien risquer:
Dear friends in Europe and America, let’s develop a strong negotiating position towards Iran, but take the military option off the table’.
Schroeder veut exclure l’option militaire. Il veut exclure la seule action que craignent peut-être les mollahs, la seule qui puisse avoir un quelconque effet sur leur politique. Pour gagner quelques points dans les sondages, il est prêt à raconter n’importe quelle idiotie, du moment que c’est anti-américain:
We have seen it doesn’t work
L’option militaire n’a pas marché… on aimerait plus de précisions! S’il parle de l’Iraq, on peut être sûr que débarassé de Saddam ce n’est pas demain la veille que le gouvernement iraqien va se lancer dans un programme nucléaire. Quid de la Lybie ? Khaddafi a annoncé l’arrêt du programme nucléaire… après que Saddam ait été sorti de son trou de rat encadré par des GI’s!
Maintenant regardons du côté de la diplomatie: un pays a abandonné son programme volontairement: l’Afrique du Sud. Déjà mis au ban des nations occidentales pendant l’apartheid, l’Afrique du Sud a renoncé à l’arme atomique sans jamais avoir avoué la posséder (sauf longtemps après…). Mais il y a aussi les échecs de la diplomatie: la Corée du Nord, qui se targue d’avoir la bombe, et il faut y ajouter l’Iran désormais.
Evidemment, pour quelques voix de plus, toutes les conneries sont bonnes à dire. Aux experts de savoir ce qu’il convient de faire. Tout ce que je souhaite, c’est que l’Iran ne puisse pas accéder au statut de puissance nucléaire.