Daily Archives: dimanche 9 octobre 2005

Reportage sur M6

Sur M6, documentaire 6 semaines à Bagdad, je le regarde depuis quelques minutes. Je vais tenter d’en commenter les grandes lignes…

Après plusieurs minutes d’images horribles suite à un attentat dans un centre de recrutement à Bagdad, une mise en perspective: « malgré les attentats, 1500 nouvelles recrues tous les jours » et encore « ils sont 100.000 dans la nouvelle armée« . Hé ouais, malgré les attentats ils s’enrôlent en masse.
Ensuite présentation de « Bushra », une femme soldat. Elle nous montre que l’enthousiasme est bien là dans la nouvelle armée. Et la voilà dans la rue Haïfa, autrefois scène de crimes multiples, d’attentats. On se souvient par exemple de l’exécution de personnel électoral dans cette même rue, sous les caméras. Et aujourd’hui une femme soldat patrouille à pied cette rue. Et sa tête est mise à prix: « 4000 dollars » nous apprend la voix-off. Elle ne voyage pas en blindé, mais en 4×4, ou à pied.
Ah et voilà encore une mise en perspective: « le plan des Américains est simple: donner le contrôle aux Iraqiens et se retirer« . Et encore, au sujet d’une opération qui doit avoir lieu: « ce sont les Américains qui ont mis au point l’opération, mais pour la première fois ce sont les Iraqiens qui la mèneront« . L’opération en question ? Cordon and search: ils clôturent un quartier et fouillent les maisons. Méthode brutale, mais menée par des Iraqiens elle a plus de légitimité que par des Américains, qui en plus ne comprennent pas forcément les subtilités locales (quand ce n’est pas tout simplement la langue). Hésitation des Iraqiens, qui ne savent pas s’ils doivent arrêter un suspect contre lequel d’après leur conseiller américain ils n’ont aucun début de preuve… Le rôle de l’officier américain est souligné par la voix-off: « les Américains sont là pour faire respecter la Convention de Genève, leur faire oublier la méthode iraqienne » (càd la torture, ou au moins l’interrogatoire musclé).Ceci dit, ce jour là les Américains sont partis se coucher… et la méthode iraqienne prévaut: le suspect est arrêté, et il passera à l’interrogatoire, no camera allowed
Et voilà le journaliste à Sadr City, le « chaudron chiite de Bagdad« . Ce n »est pas là qu’on trouvera les plus fervents admirateurs des Américains. Mais à qui font confiance les habitants de Sadr City ? A l’armée iraqienne, la police, la garde nationale et à la milice de Moqtada Sadr, dixit l’un des jeunes interviewé. Que représente l’armée du Medhi, la milice de Moqtada Sadr ? Pas grand chose en fait, c’est surtout beaucoup d’esbrouffe aujourd’hui: elle a été décimée militairement par les militaires US en avril dernier, et n’a plus aucune prise sur le cours des évènements. Elle ne peut plus sortir de Sadr City non plus…
Suite de la visite de Sadr City: lors de la prière, un message de Moqtada est lu: « nous demandons les mêmes droits pour tous, du Nord au Sud, chiites et sunnites, et kurdes, ne faites pas la guerre entre vous [Iraqiens], la guerre n’existe que dans la tête des Américains« . Plutôt positif comme discours, non ? Il n’en est plus à vouloir bouter à lui seul les Américains hors d’Iraq. D’ailleurs, il ne le réclame même pas ouvertement. Et il ne souhaite pas non plus lancer sa milice contre les Sunnites…
Par contre, concernant les droits de la femme… l’égalité des islamistes shiites s’arrête aux hommes… navrant, c’est une évidence, mais il y a progrès puisque juste avant Sadr City on nous a présenté une femme députée. La vision de Moqtada n’est semble-t-il pas majoritaire en Iraq.
Suit la Bourse d’Iraq: des femmes y travaillent, notamment une chrétienne. Et il y a du monde… il y a des investisseurs en Iraq. Ils bravent les attentats, surtout que comme le souligne la voix off, ils font partie des cibles privilégiées. Quoi de pire en effet pour les terroristes que le futur en marche ? Des projets d’investissements, des échanges marchands, qu’est-ce qui pourrait être pire pour les terroristes moyen-âgeux ou les gangsters baasistes ?
Place à une interception de voitures piégées. Là encore, ce sont des Iraqiens à la manoeuvre. Et qui arrêtent-ils ? « Ce sont tous des étrangers » nous dit la voix-off. Bingo: en Iraq, les terroristes d’Al Qaeda ne sont pas Iraqiens.
La touche finale du reportage: un gamin qui habite un container avec son petit frère. Il tient un petit magasin et « collabore » avec les Américains. Et comme il déteste les terroristes (des terroristes ont tué des membres de sa famille), le soir il allume sa XBOX et fracasse du terroriste…

Retour sur le plateau: l’ambassade de France trouvait la présence de journalistes français intolérable! L’une des explications du journaliste est que les Iraqiens sont tout de même assez hostiles à la France, et que les rançons versées (mais il précise que ce sont des « rumeurs ») en font des cibles de choix.
Quand l’ambassade verra le reportage, ils auront des raisons en plus de ne pas souhaiter de journalistes, car le portrait brossé de Bagdad est finalement beaucoup plus optimiste que les nouvelles données quotidiennement…
Incroyable, le présentateur vient de dire « pseudo résistance iraqienne« ! DEvant les images, comment les présenter comme des « résistants » ? C’est impossible, d’autant que comme c’est souligné tout au long du reportage les attentats sont le fait d’étrangers.
Dommage, visiblement j’ai raté le début où le journaliste suite à un attentat a failli se faire lyncher: les Iraqiens (civils) sont vraiment à cran, et reprochent les attentats aux Américains. Mais comme le dit un soldat US au cours du reportage: « ils peuvent nous détester, c’est pas grave, nous on partira », qu’il suivait d’une tirade sur le thème: c’est aux Iraqiens de prendre leur destin en main. Et visiblement il y a un grand nombre d’Iraqiens prêts à cela. L’Iraq est vraiment sur la bonne voie: entre les structures politiques, militaires et économiques les Iraqiens sont aux commandes.
Même si le journaliste semble sceptique sur la situation militaire (mais a-t-il le recul nécessaire ?), chapeau M6, et à son reporter Paul Comity. Evidemment pour remettre tout ça en perspective (notamment sur la fin de l’interview plateau où le journaliste parlait d’une « guerre de front »), consulter les indispensables: Belmont Club et Ludovic Monnerat. Bravo la 6.

Chronique d’une guerre civile annoncée

Non, je ne vais pas vous parler de l’Iraq où la stratégie Zarqawi vit certainement ses dernières heures (je parle bien de la stratégie, pas de Zarqawi ni du terrorisme en Iraq), mais encore du Hamas et de l’Autorité Palestinienne:

Les tensions entre factions palestiniennes, contenues jusqu’à présent à la bande de Gaza, se sont étendues, au cours des derniers jours, à la Cisjordanie, avec l’enlèvement de quatre responsables du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) à Naplouse, Toulkarem, Bethléem et Hébron. Tous ont été rapidement relâchés, vendredi 7 octobre. Ces enlèvements sont monnaie courante à Gaza, où ils sont perpétrés en général par des miliciens issus du Fatah, qui constitue la colonne vertébrale de l’Autorité palestinienne. Ceux de Cisjordanie ont été revendiqués par des groupes inconnus jusqu’à présent. Ces derniers ont indiqué qu’ils constituaient « une réponse aux violations de la loi » dont le mouvement islamiste s’est rendu, selon eux, coupable. Le Hamas a mis en cause directement des membres des services de sécurité de l’Autorité palestinienne. Cette dernière a nié toute responsabilité.

La suite dans Le Monde: Les incidents interpalestiniens gagnent la Cisjordanie.

Malheureusement, l’Autorité Palestinienne ne peut compter pour se débarasser du Hamas sur aucun soutien externe, à part ceux d’Israël et des Etas-Unis. Les pays arabes n’ontvraiment rien fait au cours des 60 dernières années pour régler le problème israëlo-palestinien, mais il est vrai que eux n’y voient qu’un problème « Juif », et ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont s’y mettre.