En rentrant de Californie en novembre dernier, je discutais avec une Américaine à côté de moi. Elle devait faire Paris-Nice en avion, séjour sur Menton, Monaco, puis retour en TGV de Nice à Paris. Je lui disais que cette ligne n’est pas très sûre: elle est empruntée par les clandestins entre Vintimille et Marseille, les divers traficants, des pickpockets (secteur touristique oblige!), et la racaille de la Côte d’Azur bien évidemment. Si vous connaissez cette ligne ou la prenez régulièrement vous savez à quel point elle est insécure: j’ai beaucoup de contacts dans le Sud et ils me disent tous la même chose: ne prenez pas le train chez nous!
Et voilà que je tombe ce matin sur un article de tf1.fr: l’effroyable voyage des passagers du Paris Nice! Que s’est-il donc passé ?
Le 1er janvier, à 7heures, l’arrêt en gare des Arcs, prévu pour ne durer que quelques minutes, s’est transformé en un douloureux épisode d’une heure et demie pour les quelque 600 passagers du train Nice-Lyon, agressés par deux bandes d’une quinzaine de jeunes qui ont investi la rame. Des passagers ont été dépouillés de leurs biens et une jeune fille de 20 ans a été victime de violences sexuelles.
Deux bandes de racailles ont donc dévalisé les passagers du train. C’est bien un train: toutes les victimes sont sur place, il est facile de contrôler les accès, et en plus elles ont forcément sur elles CB, espèces, téléphone portable, et même des fringues, pré-emballés dans des sacs, pour plus de facilité, peut-être un lecteur mp3, un ordinateur portable…
En plus les victimes sont assises, et il n’y a aucune place pour ne serait-ce qu’esquisser une défense quelconque. Comme on est dans le pays des Droits de l’Homme et surtout de ceux des criminels, les victimes sont désarmées. Pour couronner le tout, sur 600 passagers il y a forcément quelques filles mignonnes!
Mais que fait la police ? Hé bien…
« C’était une véritable scène de pillage du train », a souligné lundi à l’audience le procureur de Draguignan Dominique Luiggi, selon qui des « mouvements de panique » ont été observés parmi les voyageurs. « T’es mort. Tu vas crever », ont dit certains des agresseurs à l’encontre de passagers qui ont donné l’alerte grâce à leur téléphone portable. Il a finalement fallu l’intervention massive de renforts de diverses brigades de gendarmerie ainsi que de pelotons de surveillance et d’intervention de Draguignan et de Fréjus pour mettre fin à l’équipée des jeunes agresseurs. Un mineur a aussi pu être interpellé. Il sera jugé séparément.
Deux bandes d’une quinzaine de personnes. Un mineur a été interpellé, et deux autres personnes. 3 sur 30. Pourquoi n’ont-ils pas tous été arrêtés ? Pourquoi des bandes capables d’attaquer un train ne sont-elles pas démantelées ? Leurs leaders jetés en prison pour des années, les autres envoyés au bagne ? Des menaces de mort, des violences sexuelles, des vols. 3 personnes arrêtées. Ils ont terrorisé un train à eux trois ?
Je garde le « meilleur » pour la fin:
Deux jeunes gens de 19 ans, soupçonnés d’avoir terrorisé et dépouillé des passagers d’un train Nice-Lyon en gare des Arcs (Var) le 1er janvier, ont été placés en détention provisoire à l’issue de leur comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Draguignan, a appris mardi l’AFP de source judiciaire. Leur procès a été renvoyé au 6 mars par le tribunal devant lequel ils avaient été déférés lundi en comparution immédiate, a-t-on précisé de même source.
Encore des jeunes! J’étais jeune il y a encore peu de temps, et personne ne m’a jamais traité de jeune, ouf! Pourquoi renvoyer le procès en mars ? Pourquoi ne pas les juger tout de suite ? Les faits sont avérés, clairs. Il n’y a pas grand chose à dire, hormis prononcer une sentence, non pas exemplaire, mais normale. Il ne faut pas faire d’exemple, il s’agit d’appliquer la loi.
Sur Libération il y a aussi un mp3 disponible (sur Le Monde rien du tout…): interview d’un gendarme des Arcs dépêché sur les lieux:
Ce train ramenait une grande majorité de jeunes qui venaient de la région des Bouches du Rhône, du Vaucluse, quelques-uns du Var de Toulon et tout ça qui étaient donc descendus sur la Côte, Nice, Cannes, Saint Raphaël, Fréjus pour passer le 31 décembre au soir et les fêtes de Nouvelle Année.
Attention, « jeune » en politiquement correct signifie racaille. Dans la bouche d’un gendarme, c’est effectivement de racaille dont il parle.
On ne sait pas très bien quand les choses ont commencé mais il semblerait qu’au niveau de Saint-Raphaël, un groupe, plusieurs groupes ont commencé à dégrader le train et à voler différents mobiliers qui appartiennent à la SNCF. Deux groupes de jeunes gens ont commencé à racketter des usagers pour en arriver à leur voler avec violence des affaires qu’ils avaient dans leur sac à dos, ce genre de choses.
Difficile de voler sans violence quand la victime est là. Quelques baffes, un coup de poing. Un couteau en vue peut-être. Des crachats, des injures. Un blouson déchiré, votre femme qui pleure et les enfants terrorisés qui regardent leur papa, le papa le plus fort du monde, se faire humilier par ces gens qui hurlent, parlent par onomatopées, se déplacent en meutes comme des bêtes.
Le vol ? Le vol ce n’est rien. Je me suis fait voler mon téléphone mobile dans ce train sur la Côte, alors que j’avais fermé les yeux 10mn. Hé oui, j’étais extrêmement fatigué, j’avais un rythme de vie décalé, je m’étais levé tôt… C’était rageant. J’aimais bien mon téléphone. Il était pratique (un Samsung SGH2200, un vieux truc aux standards actuels), il était joli, et en plus son clapet avait été cassé et recollé, ce qui lui donnait sa touche « personnalisé ». Il était à moi. Il était relié à un tas de souvenirs. Mais bon, je l’ai remplacé assez vite. J’ai perdu 10 euros, c’est tout.
Maintenant imaginez celui qui s’est pris une paire de claques devant sa femme et ses enfants. Son téléphone il s’en fout.
Le gendarme continue:
Le vol n’est pas très important. Ceci dit, ils ont fait ça avec violence, en réunion, dans un train ce qui est quand même assez grave. Ils ont même, pour certains d’entre eux, poussé les choses à pratiquer des attouchements sexuels sur de jeunes femmes, qui étaient donc usagères.
Contrairement à l’article de TF1, ce n’est pas une seule fille qui a été tripotée par cette horde sauvage, mais plusieurs. 3 interpellations, rappelez-vous. Personne dans le train n’a pu les empêcher.
Dans l’ensemble, en arrivant aux Arcs, on peut dire qu’on avait à peu près une centaine de jeunes qui étaient plus ou moins surexcités et dans le lot de ces jeunes il y avait quelques jeunes délinquants qui ont commis quelques infractions
Il faut savoir séparer le bon grain de l’ivraie: si 100 étaient surexcités, cela n’en fait pas pour autant des complices des 3 interpellés. Il est évident que ces 3 là ont agi seuls, les 97 autres ayant juste eu un sursaut d’humeur.
Nous nous rendons sur place, une 1ère équipe, et constatons que la situation va être difficile à contenir à 3 gendarmes donc nous faisons appel par le biais de notre commandant de compagnie au renfort de toutes les unités de la région.
Très chères (au sens comptable) racailles, vous le savez donc: vous pouvez mettre à sac le Haut Var à une centaine. Divisez-vous en deux ou trois groupes, mobiles, fixez un grand nombre de gendarmes en un point précis en foutant le feu à un train, en violant les « usagères », en tabassant les « usagers », et avec les autres équipes faites le tour des banques, des postes, des bureaux de tabac… Les effectifs ne permettent pas de tout couvrir: saturez leurs défenses. Ils ne pourront pas ouvrir le feu pour vous mettre hors-jeu, cela leur est interdit, et leurs pitoyables fourgons Diesel de 400.000 km ne rattraperont jamais vos BMW.
Aux environs de 8h nous étions 25 et nous avons pu commencer à prendre en charge réellement le trouble à l’ordre public. Ensuite nous avons interpellé les individus désignés par trois victimes qui souhaitaient déposer plainte. Nous avons arrêté uniquement les personnes désignées par les victimes. Il y avait quelques autres personnes qui avaient été victimes elles-mêmes de racket, de vol, de harcèlement ou d’infractions diverses qui ne désiraient pas porter plainte pour des raisons diverses: peut-être la peur, peut-être l’envie de rentrer à la maison donc nous n’avons pas pu interpeler le nombre de jeunes mis en cause en définitive.
Ils étaient 25 et n’ont pas arrêté les 100 « jeunes » (lisez « barbares »). Combien de victimes dans ce train ? 100 racailles, 500 passagers. 100 victimes pour 100 racailles ? 50 victimes ? 3 personne interpellées, 3 victimes. Un incident mineur dans les statistiques de la gendarmerie donc. 3 interpellation et 3 victimes, et 25 gendarmes mobilisés. Un train arrêté pendant 1h30 en gare des Arcs (donc j’imagine le trafic SNCF de la ligne paralysé).
Pourquoi 3 plaintes ? Parce que les autres ont eu peur. Il fallait ensuite remonter dans le train avec les 97 racailles restantes. Les 3 victimes ont eu à les croiser de nouveau, peut-être à descendre sur le même quai que des racailles. Qui pouvait garantir leur sécurité ? Arrêter 100 racailles aurait de toute façon été impossible, puisqu’il n’existe aucune prison pour les recevoir, et que les merveilleuses règles humanitaires protègent les « jeunes ».
Vous vous souvenez des westerns, avec attaques de trains, les vilains le visage masqué par leur foulard ? N’allez pas les chercher en Californie. Vous les trouverez dans le sud de la France.