D’après le sénateur Harry Reid, la guerre en Iraq est perdue:
« Je crois (…) que cette guerre est perdue, et que l’envoi de renforts ne sert à rien, comme le montre l’extrême violence qu’on a vue en Irak cette semaine », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse destinée à justifier la demande d’un calendrier de retrait des militaires.
Le symptôme de la « défaite » serait donc les attentats à la voiture piégée ? Si il n’y avait pas d’attentats à Baghdad la guerre serait gagnée ? Quels sont les critères pour déclarer victoire ? Que signifierait une victoire ? A force de ne pas avoir d’objectifs clairement définis (ce qui est une aberration en soi!), on peut aussi bien déclarer que la bataille d’Iraq est une victoire comme une défaite!
Voici donc ma vision d’une « victoire » en Iraq:
1/ à minima:
le pays n’est pas contrôlé par l’Iran, la Syrie, l’Arabie Saoudite, ou par un groupe terroriste (Al Qaïda, baathistes). Un gouvernement fonctionnel contrôle le pays, et est allié des Etats-Unis, avec une présence militaire américaine réduite à quelques dizaines de milliers d’hommes (à ce propos qui peut me rappeler les effectifs américains en Allemagne de l’Ouest en 1980 ?)
2/ à maxima:
le pays est démocratique, et ressemble plus à Dubaï qu’à Ryadh. L’Iran et la Syrie ne peuvent plus envoyer de terroristes au travers des frontières hermétiques de l’Iraq ou la police iraqienne a atteint un tel degré d’efficacité que les réseaux terroristes sont réduits à néant.
Bien sûr, une défaite aussi peut être envisagée: on pourrait avoir plusieurs scénarios, allant de l’établissement d’une dictature pro-américaine, avec guerre civile complète (et pas des escarmouches comme maintenant) résultant en centaines de milliers de morts, invasion par les pays voisins (Turquie au Nord pour « pacifier » le Kurdistan, Iran au Sud, pour « aider les frères shiites »), chute de la production pétrolière voire arrêt complet (imaginez un peu l’effet sur le prix du baril) ou prise de contrôle du pétrole par l’Iran (de quoi financer combien de bombes atomiques ?)… Sans parler de l’établissement de camps d’Al Qaeda, du retour au pays et donc de la diffusion de l’expérience des terroristes vétérans d’Iraq, du gain en terme de propagande… bref les conséquences seraient multiples, et toutes plus désastreuses les unes que les autres.
Aujourd’hui, déclarer la bataille d’Iraq « perdue » est un peu prématuré. Malheureusement, la répétition médiatique aidant, si les Démocrates US ont les moyens de faire coller la réalité à ce qui n’est pour l’instant qu’un discours: ils peuvent à terme faire plier bagage à l’armée US. Et offrir sur un plateau la victoire à Al Qaeda, à l’Iran, à la Syrie. A quoi bon ?