Dans la continuité de l’interview d’Ismaël Haniyeh (cf savoir lire entre les lignes), l’envoyé du Monde Michel Bôle-Richard détaille la loi du Hamas à Gaza:
[…] Ce qui est sûr, c’est que le Hamas a des listes de noms de personnes qui sont arrêtées et interrogées totalement hors du cadre légal, qui n’existe plus. Et qu’il a procédé de façon systématique à la recherche et à la collecte des armes. Le nouveau pouvoir règne en maître absolu sur la bande de Gaza.
Désarmer les opposants éventuels pour s’assurer définitivement le contrôle du territoire, et si besoin est, massacrer plus facilement si le besoin s’en fait sentir. Aucune dictature ne peut supporter des citoyens armés.
Hassan, un ancien membre de la Force 17 du président palestinien Mahmoud Abbas, raconte, exemples à l’appui, comment les forces de sécurité du Hamas se comportent à Khan Younés. « Tous ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux. Alors ils font ce qu’ils veulent. Le 9 juillet, ils sont intervenus dans un mariage car il y avait des chansons du Fatah. Ils ont blessé quatre personnes, en ont embarqué cinq autres et, à la recherche d’armes, ont fouillé cinq maisons. Un voisin a été tué parce qu’il ne voulait pas donner son revolver. Le bureau du Fatah n’a pu être rouvert. Chaque jour, il y a des incidents. C’est la chasse au fatahoui ! »
Ensuite le Hamas interdira de chanter, car c’est islamiquement incorrect… mais déjà les exécutions sommaires donnent le ton: résistez et vous mourrez.
A Gaza, des banderoles jaunes barrent les rues pour souhaiter la bienvenue aux étrangers, dire aux commerçants qu’ils ne seront plus extorqués et que le Hamas est là « pour soutenir les faibles et arrêter les criminels ». Et il est vrai que la sécurité est revenue. Qu’il n’y a plus de tirs ni de barrages et que les habitants profitent de la plage.
Le Hamas rétablira l’ordre, comme les talibans l’ont fait, les soviétiques l’ont fait, les nazis l’ont fait, ou comme Fidel Castro et Kim Jong Il le font. Ce calme, c’est le silence des agneaux.
Le prix des armes a chuté fortement au marché noir. La kalachnikov est passée de 2 500 dollars (1 800 euros) à 250 dollars et le cours des munitions a été divisé par quatre.
L’offre est supérieure à la demande ? Dès lors que seul le Hamas est preneur…
Mercredi 11 juillet, des inconnus ont tenté de faire sauter le mur qui sépare la bande de Gaza de l’Egypte. Le Caire a renforcé sa présence de l’autre côté de la route Philadelphie qui sépare les deux territoires. Certains prédisent un assaut d’habitants désespérés qui voudront sortir de ce qui devenu, plus que jamais, une nasse.
Ce n’est pas la première tentative en ce sens. Les Gazaouis ont voté en masse pour le Hamas, et peut-être le soutiennent-ils encore. Et ils en assumeront collectivement les conséquences. Et comme d’habitude, leurs voisins arabes ne lèveront pas le petit doigt pour leur prêter assistance.