Du moins, c’est ce que prévoit la loi américaine pour les traîtres: la mort par pendaison. Et pourtant José Padilla risque seulement la prison à vie. Le Monde relate le verdict:
Jose Padilla, symbole des excès de la lutte antiterroriste, a été reconnu coupable
Après trois ans et demi de détention et un procès long de trois mois, le verdict à l’encontre de Jose Padilla est tombé en à peine vingt-quatre heures, jeudi 16 août. Ce citoyen américain converti à l’islam, que l’administration Bush avait d’abord accusé d’avoir planifié un attentat à la « bombe sale », a été déclaré coupable par un jury de Miami de trois chefs d’accusation, pour soutien à des réseaux terroristes.
« Après trois ans et demi de détention »: comme si en France les détentions préventives n’étaient pas prolongées pendant des années en attendant les procès!
« En à peine 24h »: sous-entendu victime d’une justice expéditive!
« l’administration Bush avait d’abord accusé d’avoir planifié un attentat à la « bombe sale » »: et a abandonné ces charges parce que Padilla a d’abord été emprisonné sous le titre « combattant ennemi » et tout ce qu’il a pu dire à cette période a été abandonné parce que non recevable devant un tribunal civil.
le verdict, qui ne fait pas mention d’un projet d’attentat à la « bombe sale », rappelle toutefois, pour ses opposants, les excès de l’administration Bush dans sa lutte contre le terrorisme.
Pourtant le verdict a été obtenu devant un tribunal civil, en utilisant des moyens policiers, en respectant toute la procédure judiciaire. Dès lors cela devrait être un exemple de lutte contre le terrorisme pour les « opposants »…
Il a été arrêté à son retour [d’Afghanistan] aux Etats-Unis en mai 2002. Le gouvernement a alors affirmé qu’il prévoyait des attentats meurtriers aux Etats-Unis, notamment avec une bombe radiologique, des accusations qui ont entraîné son incarcération, sur ordre direct du président Bush, dans une prison militaire à l’isolement absolu, sans bruit ni lumière du jour et souvent privé de sommeil.
Vous m’expliquerez ce qu’allait foutre un Américain en Afghanistan à cette époque, à moins de bosser pour l’armée, mais passons… Voilà donc ce qui défrise les « opposants »: José Padilla a été envoyé en prison militaire. Un Américain, arrêté sur le sol américain, envoyé en prison militaire, donc sans lui « lire ses droits », à l’isolement.
La bataille a fait rage pendant des années devant les tribunaux pour déterminer si le président avait le droit d’ordonner ainsi la détention illimitée et sans inculpation d’un citoyen américain. Le gouvernement a cédé en novembre 2005 : il a confié le prisonnier à la justice fédérale, abandonné toute mention d’une bombe radiologique, et ne lui reprochait plus qu’un engagement criminel auprès d’Al-Qaida.
Le gouvernement a cédé: les tribunaux n’ont pas tranché. Les charges ont aussi été révisées. Toutes les oppositions au traitement militaire de Padilla ont donc été entendues. A partir de ce moment, Padilla est un justiciable comme un autre aux Etats-Unis. Mais cela ne suffit pas pour les « opposants ». Il aurait certainement fallu le libérer avec une médaille pour « résistance à Bush » pour les satisfaire.
Au procès, l’accusation s’est appuyée essentiellement sur un document présenté comme un formulaire d’inscription rempli par M. Padilla pour rejoindre un camp d’entraînement de la nébuleuse terroriste en Afghanistan. Ses avocats, qui contestaient l’authenticité du document, ont fait valoir que l’accusation cherchait d’abord à exploiter la peur du terrorisme pour obtenir une condamnation politique susceptible de justifier le traitement infligé à leur client. A l’énoncé du verdict, il n’a pas cillé. Il connaîtra sa peine le 5 décembre. Lui et ses deux coaccusés risquent la réclusion criminelle à perpétuité.
« Présenté comme »… halala, sacré Le Monde! Padilla a gentiment rempli un formulaire d’adhésion au Jihad. A l’époque ils ne doutaient de rien en Afghanistan! Le Monde passe aussi sur les aveux d’un autre jihadiste, qui ont mené à l’arrestation de Padilla.
La condamnation de Padilla a tenu à un fil, le formulaire d’application pour le jihad, et nul doute que depuis 2001 les jihadistes ne laissent plus de traces aussi simples à exploiter. Même si Padilla va désormais prendre de nombreuses années voire décennies de prison, le cas reste emblématique. Padilla a eu un procès civil, alors que les Etats-Unis (et bien d’autres pays) sont en guerre. Peu importe qu’il n’y ait pas de déclaration, ni même d’Etat à qui déclarer la guerre. Vouloir traiter des problèmes militaires avec des moyens civils, même si c’est tout à l’honneur du gouvernement américain, revient à combattre les mains liées dans le dos. Je ne plaide pas pour des exécutions sommaires: il faudrait appliquer la convention de Genève à la lettre, ou les lois adéquates (pour les cas comme Padilla ou John Walker Lindh). Combattant ennemi pris les armes à la main sans uniforme ? En théorie ils peuvent être fusillés sur place. Combattant ennemi américain attrapé sur le territoire américain ? C’est un traître, la sentence peut aller jusqu’à la pendaison.