Je viens de terminer The Killing Fields, film bouleversant, à ranger aux côtés de La liste de Schindler. Il raconte l’amitié entre deux journalistes, Sidney Schanberg du New York Times, et de Dith Pran, son guide: l’irruption de la guerre au Cambodge, l’horreur, la chute et l’évacuation forcée de Phnom Penh, puis les camps, où Pran passe 4 ans avant de s’enfuir. Une histoire magnifique même si le film romance la fin de l’histoire…
A l’époque, Schanberg, tout comme la majorité des journalistes US et occidentaux en général, était contre l’intervention US en Indochine, opposition perceptible en filigrane tout au long du film. Les motivations des journalistes étaient variées: soutien pur et simple de la « révolution » (au hasard, des français, comme Jean Lacouture du Monde), opposition à leur gouvernement pour certains Américains (le Watergate a lieu au même moment), gauchisme pseudo-romantique ou fanatique, d’autres parce que la souffrance des populations civiles leur était insupportable… Toujours est-il qu’ils instruisaient le procès du gouvernement américain et de sa politique, parfois à raison comme dans le cas du massacre de My Lai (au Viêtnam), plus souvent à tort, en désinformant, comme Walter Cronkite lors du Têt 68, ou l’inévitable Chomsky. Finalement ils ont eu raison de la guerre du Viêtnam. Les boys sont rentrés au pays, le soutien à l’armée du Sud Viêtnam a cessé totalement sous Ford (bloqué par le Congrès), et les communistes ont pris le Cambodge, le Laos et le Viêtnam. Là ils ont fait ce qu’ont toujours fait les communistes: emprisonner, massacrer, provoquer des famines et des exodes, déraciner les gens, anéantir la culture, l’économie, endoctriner les enfants, rééduquer les parents, etc. Cela s’est traduit par environ 2 millions de morts au Cambodge (où la guerre a continué de façon sporadique jusque dans les années 90 entre factions rivales), par les boat-people, une arriération économique durable…
Evidemment, certains chroniqueurs de l’époque regrettent plus ou moins leurs prises de positions. Peut-être auraient-ils du parler des atrocités commises à Huê en 68 ? Peut-être auraient-ils pu souligner la dangerosité des thèses khmers, pourtant bien connues à Paris ? Evidemment il y en aura toujours pour mettre les massacres sur le dos de la CIA, ou faire porter l’entière responsabilité de l’avènement au pouvoir des khmers rouges sur le gouvernement US (en oubliant que les Chinois finançaient et armaient…).
Aujourd’hui la même opération médiatique est à l’oeuvre en Iraq: les médias montrent à l’envie les corps démembrés des victimes des terroristes coupeurs de tête, les rues ensanglantées de Bagdad après les attentats, les maisons éventrées à Fallujah… Ils se refusent à désigner les assassins islamiques par leur nom, celui de terroristes. Ils relayent complaisamment des statistiques bidons, des histoires éventées d’explosifs « perdus ». Quand ils ne peuvent pas faire passer une victoire pour une défaite, ils insistent sur les destructions, ou encore voudraient nous faire croire que les agissements condamnés (très lourdement) d’une minorité de soldats dans une prison isolée sont représentatifs de toute une armée. Et tout récemment, l’image d’un Marine tirant à bout portant sur un homme blessé dans une mosquée a fait couler beaucoup d’encre. Pensez-donc, à Fallujah, où cette scène s’est déroulée, des terroristes ont « fait le mort » pour se relever et tuer des Marines. Mais pourquoi remettre les choses dans leur contexte, alors qu’il est si simple de lyncher en passant en boucle une image sans l’expliquer ? Les vrais criminels de guerre, ceux qui violent toutes les lois de la guerre, à commencer par celle qui veut que des armées se battent entre elles et non pas contre des civils désarmés, le tout avec un uniforme sur le dos, devraient avoir droit à des égards spécifiques ? Ils ont abdiqué tous leurs droits au moment même où ils ont décidé de prendre les armes.
Insister sur les erreurs et les errements des troupes US délégitimise l’intervention. Passer sous silence les bonnes nouvelles d’Iraq laisse penser que la situation était meilleure avant, sous Saddam, comme le fait Moore dans son odieux documenteur « Farenheit 9/11 ».. En Afghanistan aussi on entend parler que des mauvaises nouvelles. Notez que depuis les élections plus aucun journaliste ne parle d’Afghanistan…
J’imagine que peu de journalistes peuvent être soupçonnés de sympathie envers les terroristes islamiques, mais ils participent à leur tour, comme leurs aînés il y a 40 ans de cela à une même opération de déstabilisation d’un pays, qui pourrait avoir les mêmes résultats qu’à l’époque, voire même pire. Les coupeurs de tête, les poseurs de bombes, les idéologues islamistes n’attendent que le départ des troupes US pour assouvir leur soif de sang. Oh bien sûr, si cela devait arriver il serait question de l’abandon des Iraqiens après une guerre illégale, salauds d’Américains, qui ont tort quand ils sont là, tort quand ils plient bagage. Bien sûr, ils seraient nombreux à affirmer que sans l’intervention US l’Iraq n’aurait pas été le théâtre de massacres, oubliant un peu vite Saddam et ses centaines de milliers de mort, son oppression constante, ses guerres à répétition, et ses tentatives multiples d’acquérir et de développer des armes de destruction massive.
Alors quelles sont les motivations de ces journalistes ? Le bien-être du peuple iraqien ? Sont-ils à ce point naïfs pour penser qu’un régime taliban ou une guerre civile ouverte entre communautés serait un progrès par rapport à la démocratie balbutiante ? Non, la vérité est bien plus simple: c’est le ressort anti-américain, et concernant les journalistes américains, la haine de leur pays pour les plus gauchistes d’entre eux, la haine anti-Bush/anti-républicains pour les autres. Il serait tout de même grand temps de tirer les leçons du passé, de tirer un trait sur l’anti-américanisme absurde, de se poser une fois pour toute la question de savoir qui est l’ennemi, qui est l’ami, et de mettre un terme à l’inversion médiatique.
Can you give us this in English? Let Americans know there are French who can still review the facts and think for themselves.
DGB
En effet, excellent film, Killing Fields.
Même s’il y a beaucoup de vrai, on sent bien le parti-pris
Je rappelle d’ailleurs qu’en Afghanistan, les Talibans reviennent petit à petit au pouvoir…
Il faut essayer de ne pas utliser les procédés que l’on critique.
les talibans reviennent au pouvoir ? et depuis quand ? comment ? C’est n’importe quoi…
Tout d’abord, je voudrai te féliciter pour ta prise de position courageuse sur ce blog, que je viens de découvrir. Tu es un peu à contre-courant, et tu ne manques pas d’arguments. Ton opinion a le mérite d’exister…
En ce qui me concerne j’adore la culture américaine, ses écrivains, ses réalisateurs des années 70 (Apocalypse Now, Voyage au bout de l’enfer…) et ça ne m’empêche pas d’affirmer que je préfère l’Amérique de New York à celle de Washington, sans pour autant être un petit français complexé… Tu t’offusques qu’on puisse "laisser penser que la situation était meilleure avant, sous Saddam", et bien j’aimerai savoir ce qu’en pense les 30.000 civils irakiens tués…
Le problème de ton raisonnement est qu’il ne tient pas compte de ce que j’ai écrit: je dis bien que la situation est meilleure que sous Saddam. Je ne dis pas qu’elle est parfaite, je dis qu’elle est meilleure. Je parle en termes relatifs: sous Saddam les massacres étaient camouflés, mais ils existaient.
Concernant les morts irakiens, c’est con. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? La France a été bombardée en 44, et parfois les Américains ont été accueillis à coup de feu dans certains villages rasés. Et pourtant en 45 la France était mieux qu’en 43.
"Les vrais criminels de guerre, ceux qui violent toutes les lois de la guerre, à commencer par celle qui veut que des armées se battent entre elles et non pas contre des civils désarmés, le tout avec un uniforme sur le dos, devraient avoir droit à des égards spécifiques ? Ils ont abdiqué tous leurs droits au moment même où ils ont décidé de prendre les armes."
Raisonement léger pour deux raisons:
1: la population n’est pas toujours représenté par son gouvernement et par conséquent par une armée "légitime", ainsi les résistants français seraient de vulgaires terroristes ?
2: la puissance militaire et technologique de l’ armée américaine proscrit toute guerre "classique", la seule manière de "gagner" contre eux est de recourir a d’autres formes d’engagements, le théatre de guerre se modifie, des armes sont interdites (biologiques, nucléaires), la population "civile" est le point central du conflit, sous forme d’ opinion publique, de victime, d’ accusée etc. Pour ainsi dire les "civils" n’existent plus.
1/ Les résistants français étaient des francs-tireurs, et effectivement au terme des diverses conventions, c’étaient des terroristes. Même en combattant contre l’armée du Reich.
D’autre part, il existait une armée française en Afrique et en Angleterre, et les armées alliées embauchaient…
2/ Les civils n’existent plus. Alors arrêtons de parler de victimes innocentes, puisqu’il n’y a plus d’innocents. Tuer un passant n’est plus un crime mais un acte de guerre, et David a le droit de tuer les enfants de Goliath, parce que Goliath est trop fort.
Quel raisonnement magnifique. C’est la légitimation de la guerre totale, du terrorisme, de la barbarie la plus abjecte.
Hé bien monsieur, sachez que ce qui nous sépare des barbares, c’est justement le fait de penser qu’il y a des civils, et qu’il faut traiter différement les civils qui portent des armes des autres civils, et qu’il faut encore traiter différement ceux qui portent un uniforme. Sans quoi on finit par tirer dans le tas, car c’est plus simple, moins coûteux, moins long, moins dangereux. Et on devient soi-même un barbare.
Tu es payé par le gouvernement americain peut-être, ou tu as des liens familiaux avec eux?
Concernant le commentaire de ‘Sycophante’ sur les 30.000 civils irakiens tués, il est nécessaire de préciser que ce chiffre englobe TOUS les irakiens tués depuis le premier jour de l’intervention de la coalition menée par les Etats-Unis en Irak.
[Voir sur le site IraqBodyCount : http://www.iraqbodycount.or…]
Ainsi, lors de la phase de libération de l’Irak (soit jusqu’au 1er mai 2003), environ 7500 civils furent tués, dont une bonne partie par l’armée de Saddam Hussein (je ne sache pas qu’un seul média français ait mentionné ce fait). Réussir à libérer un pays de la taille de la France en faisant un si faible nombre de victimes civiles est un succès, quoi qu’en disent les anti-américains (plusieurs dizaines de milliers de civils français furent tués lors de la Libération en 1944-1945).
Sur les 30.000 civils irakiens tués depuis mars 2003, environ 11.000 ont été tués lors d’opérations menées par les forces de la coalition (ce qui ne signifie pas qu’ils ont tous été tués par elle…). Les autres ont été tués par les terroristes islamistes, par les milices de fidèles de Saddam Hussein, et par les divers criminels (gangs, etc.) lors de leurs actions (prises d’otages, hold-up, vols, etc.). Malheureusement, les médias ne donnent jamais ces précisions, alors qu’il est de la dernière malhonnêteté d’imputer aux Américains les morts des civils tués par les terroristes, les saddamistes et les criminels irakiens.
Concernant le commentaire de ‘sans haine et sans crainte’ sur les résistants français, il faut rappeler que les résistants français n’attaquèrent JAMAIS des civils, ce qui les distingue des terroristes dont le but est de tuer des civils pour répandre la terreur et déstabiliser des régimes.
Enfin, les propos sur « les civils qui n’existent plus » rappellent hélas les communiqués du Hamas et du Djihad Islamique, déclarant que tout civil israélien, quels que soient son âge et son sexe, est une cible légitime – ainsi que la fatwa du "cheikh" Youssef Al-Qaradhawi, justifiant l’assassinat de tout civil américain et israélien. Ainsi, prétendre que « les civils n’existent plus » est-il le premier pas sur le chemin menant au crime contre l’humanité.
Je viens de découvrir avec grand plaisir votre site.
Il est réconfortant de constater qu’il y a encore en France des personnes capables de penser par elles-mêmes, et de refuser le bourrage de crâne médiatique auquel les médias français (comme la plupart des médias internationaux d’ailleurs) se livrent sans répit.
Les dénigrements, les mensonges, les falsifications, les calomnies, plus éhontés et grossiers les uns que les autres, qu’assènent la plupart des Français dès qu’ils parlent de la situation en Irak, révèlent non seulement une grave absence de sens critique face à la propagande des médias, mais aussi un véritable ressentiment envers les Américains qui, eux au moins, agissent et luttent contre la barbarie, et, ce faisant, protègent les démocraties occidentales bien plus efficacement que ne le fait l’inaction aigrie des donneurs de leçons "bien pensants".
Je viens de découvrir avec grand plaisir votre site.
Il est réconfortant de constater qu’il y a encore en France des personnes capables de penser par elles-mêmes, et de refuser le bourrage de crâne médiatique auquel les médias français (comme la plupart des médias internationaux d’ailleurs) se livrent sans répit.
Les dénigrements, les mensonges, les falsifications, les calomnies, plus éhontés et grossiers les uns que les autres, qu’assènent la plupart des Français dès qu’ils parlent de la situation en Irak, révèlent non seulement une grave absence de sens critique face à la propagande des médias, mais aussi un véritable ressentiment envers les Américains qui, eux au moins, agissent et luttent contre la barbarie, et, ce faisant, protègent les démocraties occidentales bien plus efficacement que ne le fait l’inaction aigrie des donneurs de leçons "bien pensants".
Ces personnes pensant par elles mêmes sont hélas trop rares.
Média: masse. Importance: information.
Vous sortez du lot. Je ne trouve pas ça réconfortant. Je serai réconforté quand vous serez une majorité.
On ne peu nier le fait d’être chanceux que les Etats unis d’Amériques "dominent" le monde. Les médias français l’oublient, normal, les médias français, ce sont des beaufs de gauche, en majorité.
Excellent article. Il y a des français qui pensent par eux même. C’est un exercice parfois difficile tant ils sont immergés dans un environnement d’ "enfumage" , de bien pensance dégoulinante et profondément anti-américaine. Ce dernier point est important, c’est être "in" que de se proclamer ainsi, exister seulement par opposition en fait.
vous posez vous la question de savoir si ce ne sont pas les villipendeurs de Chomsky qui mentent ou bien omettent la vérité? Chomsky s’est défendu à maintes reprises contre de telles accusations et une telle mauvaise foi. Sur la question du Cambodge, il l’a dit et redit: Herman et lui-même ont voulu montrer l’hypocrisie des Etats-Unis en ce qui concerne le Cambodge, c’est à dire que les atrocités indonésiennes au Timor Oriental étaient égales ou pires aux atrocités Khmers, et pourtant les Etats-Unis continuaient à soutenir l’Indonésie.
Au lieu de lancer ou de publier des accusations infondées, pourquoi ne pas aller à la source et lire l’oeuvre originale?
Il est vrai que les américains ne tuent jamais des civils. Non, eux, tout comme les Israeliens d’ailleurs, ils font la guerre humainement, avec précision et ne tuent que des ‘terroristes’…mon dieu, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre!
Vous devriez vous tenir au courant. Il n’y a guère plus que Blair, Cheney et Bush (et encore même lui commence à voir le désastre) pour défendre leur aventure iraqienne.
« Il est vrai que les américains ne tuent jamais des civils. Non, eux, tout comme les Israeliens d’ailleurs, ils font la guerre humainement, avec précision et ne tuent que des ‘terroristes’…mon dieu, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre! »
La différence, c’est qu’ils ne le font pas volontairement et donc évitent au maximum de le faire. Tous le contraire des terroristes, qui tuent volontairement des civils et même essaient d’en tuer le plus possible. Mais ça n’a pas grande importance à vos yeux, apparemment.