Dans mes referers j’ai trouvé ce blog, qui me fait l’honneur de se référer à mon post sur l’affaire Eason Jordan. En conclusion « Miss Tics » se demande:
Un contre-pouvoir, peut-être, mais il est encore bien difficile de démêler le vrai du faux dans la masse d’informations véhiculées sur la Toile…
Alors, la question reste ouverte : doit-on vraiment se réjouir d’être entendu ou craindre une future anarchie?
Cela me donne l’occasion de revenir sur un point très important que je n’ai pas abordé: la qualité de l’information relayée par les blogs. Les informations sur lesquelles se basent les bloggers ne sont ni plus ni moins que celles véhiculées par les médias. Toute la différence est dans l’analyse qui est faite de ces informations… Le pouvoir des blogs réside justement dans le fait qu’il en existe des milliers à commenter l’actualité et que parmi ceux qui s’expriment certains auront des avis éclairés, parce qu’ils connaissent bien un sujet particulier (métier, pays, etc), des sources d’information plus fiables, plus diversifiées…
Cela permet de trier entre les divers blogs, puisque les plus respectés, les plus visités finiront par être sans cesse scrutés, évalués, jugés, et seront sous pression constante de donner de l’info valable, de l’analyse pertinente, sous peine de perdre de leur lectorat, donc toute influence réelle.
Il ne faut pas non plus négliger un autre aspect important: les bloggers sont conscients de former un contrepoids et à la fois un complément aux médias traditionnels, et sans les médias traditionnels les blogs de commentaire d’actu perdraient leur source n°1 d’info, leur source d’inspiration, donc leur raison d’être quasiment, et ils ne tenteront donc pas de supplanter les médias. Et étant donné que les blogs critiquent sans cesse les médias, ils essayent d’abord de ne pas tomber dans les travers qu’ils dénoncent…
Bonjour,
Je trouve cette analyse décidemment très pertinente… et je crois qu’on touche à un vrai phénomène socilogique.
Cela dit, on peut toujours s’interroger sur le lectorat de ces nouveaux blogs…
– Combien de personnes absorbent sans se poser de questions l’information traditionnelle? Beaucoup.
– Combien de cyber-personnes prendront pour argent comptant l’information parue dans un blog et plagiée sur 1000 autres blogs "pas spécialistes du sujet" ? Beaucoup aussi.
Affaire d’esprit critique, comme toujours. Même dans la Blogosphère.
Je m’interroge sur la pertinence des critiques sur les blogs quant on voit à quel point les médias traditionnels sont éloignés de toute notion de neutralité, de déontologie ou même de simple compte-rendu de l’information. J’ai l’impression qu’il y a là "deux poids, deux mesures".
Que certains blogs soient engagés, c’est à n’en pas douter. Mais que l’on considère par exemple une seule seconde l’Humanité comme un média d’information valable tient du doux délire. CBS a-t-elle été trainée en justice après l’affaire du RatherGate? Des sites entiers (little green footballs, le monde watch…) ne servent qu’à illustrer à quel point les médias établis sont éloignés de toute objectivité.
La fiabilité des blogs n’est pas plus faible que celle des médias traditionnels. Ce qui dérange les journalistes et les rédactions établies, c’est que le biais des blogs n’est pas forcément dans le sens gauchiste habituel.
C’est là que se situe la nouveauté.
Les blogs changeront partiellement le lectorat en présentant une diversité d’opinion jusqu’alors inconnue dans les médias.
Un exemple: 90% des journalistes français, de la classe politique française, des intellectuels français étaient "contre" la libération de l’Iraq. Que faire quand on pense (comme moi) que c’était la chose à faire ? Avant les blogs mon opinion aurait été perdue, impossible à exprimer (surtout avec l’unanimité qui régne sur ce sujet: il devient difficile de s’exprimer pour donner une opinion divergente en public, en famille, au boulot…). Je pense que si la majeure partie des gens exposés aux médias traditionnels ont tout avalé sans poser de questions, ceux qui ont été en contact avec des blogs ont pu accéder à un plus grand nombre d’analyses, certaines radicalement différentes de celles présentées dans les médias (dont la mienne). Ils ont du forcément se poser des questions, revoir leur perspective, considérer de nouveaux arguments… Malgré le déferlement médiatique -particulièrement frappant lors d’évènements majeurs, comme la libération de l’Iraq, les présidentielles de 2002, les élections US de 2004- je pense que les blogs peuvent jouer un rôle, comme aux USA ils en jouent un aujourd’hui.
Concernant la force de la masse: il n’y a de force que dans les idées. Se sont les idées elles mêmes qui sont acceptées ou rejetées. Peu importe que 1.000 personnes répètent des bêtises, il suffit qu’une seule présente un point de vue différent, argumenté, cohérent, pour faire changer d’avis les indécis. Meyssan est encore capable de vendre 300.000 livres, mais si les blogs prennent leur essor en France il arrivera bien un moment où ce genre de théories absurdes seront ridiculisées assez vite pour qu’elles ne prennent pas d’ampleur. Je ne dis pas qu’il n’en existera plus, mais ils seront plus marginaux que ce qu’ils sont aujourd’hui. Espérons le car sinon notre pays ressemblera de plus en plus au Moyen Orient où les gens ne sont pas guidés par des schémas cohérents mais des théories conspirationnistes où chaque fois que l’analyse n’explique plus la réalité il suffit d’inventer une intervention extérieure par le Grand Satan ou le Petit Satan… donc j’espère que l’esprit critique des gens sera stimulé par l’exposition à des idées nouvelles, des analyses percutantes!
Pour Stephane:
Les blogs sont eux-mêmes partisans, c’est bien la différence essentielle avec les médias. Moi j’affiche un drapeau US (actuellement celui de la célèbre photo prise à Iwo Jima) directement dans l’entête! On ne peut pas faire plus clair, non ? Les journaux ont des éditos, des pages opinions, mais malheureusement il faut être honnête: les opinions des journalistes débordent largement dans l’information. Par exemple sur l’Iraq il suffit de ne reporter que les mauvaises nouvelles. Il suffit de tout peindre en noir. Il faut toujours mettre des "mais" quand on décrit un succès (par exemple les élections, le nettoyage de Fallujah). Etc etc.
Evidemment cela dérange les journalistes de faire face aux bloggers! Une espère parasite, sans les lettres de noblesse! Un journaliste US a qualifié les bloggers de "journalistes en pyjama", genre pantouflard devant son clavier, à l’inverse du grand reporter qui risque sa vie en Iraq ou ailleurs, héro au service de l’information. Evidemment cela gêne encore plus les journalistes établis que ces bloggers arrivent réellement à prendre en défaut les grands médias… et à dévoiler leurs accointances!