A l’étranger je ne pouvais mesurer l’état réel du pays, et maintenant que je suis revenu je dois avouer que mon pessimisme était justifié. Les associations gauchistes manifestent contre la « double peine » (c’est-à-dire l’expulsion des étrangers qui refusent et transgressent les lois de leur pays d’accueil), d’autres (plus à gauche que le PS actuel, c’est possible) contre les violences… policières, à droite Villepin et Chirac arrosent les banlieues à coups d’emplois réservés (ça s’appelle de la discrimination « positive », autrement dit du racisme institutionnel, financé par vous, contre vous) et bien sûr de gros sous pour les « associations », et Sarkozy bien sûr est le vilain petit canard de service (pensez-donc, oser appeler « racaille » de la racaille, quel toupet!).
Mais le pire n’est pas là, tout cela, on pouvait s’y attendre. Le pire, ce sont les médias: entre le président de LCI qui déclare ne pas vouloir montrer les images des voitures brûlées pour ne pas donner de voix à la droite (via No Pasaran!), et les reprises bouche en coeur par les journalistes du refrain sur le thème du « retour au calme » (vu sur I-Télévision, toutes les 15mn, Le Monde n’en fait plus grand cas dans son édition numérique, Libé et TF1.fr reprennent le mantra …).
Visiblement, alors que les émeutes continuent toujours en province, et bien que les chiffres soient donnés au compte-goutte, le message doit passer: c’est le retour progressif au « calme ».
Mais pourquoi ? Le « phénomène » s’éteindrait de lui-même ? Est-ce à dire que le travail de la police n’y est pour rien ? Qu’une partie des demandes des « jeunes » a été entendue et qu’ils sont retournés à leurs activités habituelles (trafic de drogue, vol à la tire, fumette de pétard…) ? Une situation « normale » en France est-elle 374 voitures brûlées en une nuit (soit 136.000 voitures par an, soit grosso-modo pas loin d’un mois de ventes de voitures neuves) ? Une situation normale est-elle un cordon policier entre Paris intra-muros et la banlieue ? avec un couvre-feu dans des dizaines de ville ? les policiers réservistes rappelés ? les élèves des écoles de police dans les rues au lieu d’apprendre leur métier (ils doivent être en « stage pratique » j’imagine) ? Est-ce du tout simplement à la météo qui se dégrade ? Aux fatwas et aux « grands frères » (ceux de l’UOIF, les Frères Musulmans ?) ?
Que se passe-t-il réellement ? Nous n’en saurons rien, hormis par nos relations diverses dans les services de police, chez les pompiers, ou par ouïe-dire, pire encore: par la rumeur. Officiellement, le rideau est tombé: c’est le blackout en France. Dormez braves gens. Je dois préparer mon départ définitif désormais: il m’est impossible de vivre dans un pays devenu aussi irrémédiablement suicidaire. Une fois de plus la France a choisi le déshonneur, mais cette fois elle a déjà la guerre.
Mise à jour: après avoir écouté la radio de 5h du matin à 7h, je ne savais toujours pas le bilan de la nuit, et un tour sur divers sites d’infos générales (tf1, libé, etc) ne me permettait toujours pas de savoir ce qu’il en était. Enfin je viens de voir le chiffre des voitures brûlées dans Le Monde électronique: 284. Quasiment une baisse de moitié entre vendredi et dimanche, tant mieux. J’aimerais quand même un décompte non pas en termes de voitures, mais plutôt de valeur détruite: quid des entrepôts, des locaux scolaires, municipaux etc ? Rien que sur Aulnay le bilan en termes de destructions de biens s’élèverait à 180 millions d’euros (chiffre entendu sur RFI cette nuit), sans parler des pertes de chiffre d’affaire, des pertes d’emploi…
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