Et toi, tu creuses

Vous connaissez sans doute cette réplique de Clint Eastwood dans « Le Bon, la Brute et le Truand »:

le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses.

En France, pas besoin de contrainte pour creuser: ils étaient hier 500.000 grosso-modo dans les rues pour réclamer le retrait du CPE. 500.000 pour refuser un contrat de travail. Un contrat c’est un engagement entre deux personnes (ou entités) libres. Un contrat de travail non librement signé, on appelle ça de l’esclavage. Alors pourquoi ce brouhaha autour du CPE ? Parce qu’il permet de licencier un employé au cours des deux premières années de contrat sans trop de contraintes. Vous vous rendez compte ? Il permet de licencier un employé! Voilà ce qui pose problème! Où va-t-on si on peut licencier sans procès couteux, sans emmerdements syndicaux, sans inspection du travail tatillonne ? On quitterait le monde du travail obligatoire (pour nourrir les fonctionnaires et les étudiants), on entrerait dans celui de la liberté! On va tout droit vers le libéralisme si ça continue!
On pourrait même aller vers ce genre de situation:

Les employeurs américains éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver du personnel.
[…]
Conséquence de ces tensions, les salaires ont augmenté de 0,3 % en février pour s’établir, en moyenne, à 16,47 dollars de l’heure (13,52 euros). En un an, ils ont progressé de plus de 3,5 %.
[…]
Près de 227 000 emplois ont été créés en moyenne lors des quatre derniers mois, dont 243 000 en février, selon des chiffres publiés le 10 mars. Le total des nouveaux postes créés aux Etats-Unis ces douze derniers mois atteint 2,1 millions. Le taux de chômage a certes légèrement augmenté en février, à 4,8 % contre 4,7 % en janvier, mais parce qu’un plus grand nombre d’Américains sont entrés sur le marché du travail, confiants dans la possibilité de trouver un emploi.
[…]
certaines régions des Etats-Unis ne sont plus dans une situation de plein emploi, mais de véritable surchauffe du marché de l’emploi. Selon le ministère du travail, 178 agglomérations importantes affichaient en décembre un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale, alors de 4,6 %, et 33 villes étaient sous la barre des 3 %, qui indique une pénurie de main-d’oeuvre. Le sud-est du pays est particulièrement concerné : en janvier, le taux de chômage en Floride était de 3 %.

(source: Le Monde!!!)
Il faut dire qu’aux USA 80% des personnes en âge de travailler (entre 15 et 65 ans) sont sur le marché du travail (avec 5% de chômeurs), contre 50% en France, et que sur ces 50% en France, 10% sont au chômage… A l’échelle de la France, les créations d’emplois aux US représenteraient 45.000 créations nettes par mois. 500.000 par an.
Quel drame! Tous ces gens travaillant librement, pouvant être licenciés du jour au lendemain, tout ça pour gagner trois sous (ce qui est évidemment contredit par le fait que le salaire moyen augmente aux USA)! C’est donc ça le risque si terrible du libéralisme sauvage ? D’avoir du boulot pour tout le monde ? De pouvoir démissionner sans se soucier du lendemain, puisque du travail, il y en a ? Ah, bien évidemment se faire virer dans des conditions pareilles n’a rien de dramatique non plus! C’est donc cela l’enfer de la liberté ?

Bien sûr, si le « CPE » est retiré, cela prouvera une nouvelle fois que la démocratie française n’a de « démocratie » que le nom, puisqu’il suffit que des syndicalistes ou des étudiants fassent quelques manifestations pour que le parlement élu fasse machine arrière. La loi de la rue, la loi du plus fort, c’est en France, pas aux Etats-Unis.

  1. Je suis tout à fait d’accord avec le fait de revendiquer ses droits et exprimer ses opinions, cependant il faut le faire à bon escient, j’aimerais avoir votre avis au sujet des manifestations, le site web est le suivant :
    http://www.e-tud.com.over-b

  2. « Un contrat c’est un engagement entre deux personnes (ou entités) libres. »
    Le problème, c’est que le contrat de travail est toujours le contrat de l’employeur (comme le contrat d’abonnement est toujours celui de l’abonneur, pas de l’abonné). C’est un peu la liberté du renard et des poules dans le poulailler. C’est pourquoi il y a des inspecteurs du travail depuis plus d’un siècle, et un droit du travail (malheureusement démantelé pour la liberté des renards ou requins).
    Et mettre les Etats-Unis en exemple, avec un taux de pauvreté élevé et une espérance de vie moindre et qui va diminuer encore plus ne me semble guère judicieux.

  3. Ouais t’as raison, mettons en avant la Chine, l’Inde ou la Russie. Ou la Suède peut-être ? Plus judicieux concernant le taux de pauvreté et d’autres indicateurs, mais quel avenir pour un pays où il y a 1.5 enfant par femme ?
    Concernant les US ils sont en train de s’enterrer tous seuls sous le poids de leur état fédéral, de la dette accumulée d’abord par W. Bush et à grands coups de milliers de millards par Obama (fossoyeur des Etats-Unis).

    Et oui le contrat est celui de ton employeur, mais bizarrement tu t’apercevras qu’on peut négocier son salaire, les horaires, et d’autres choses. Malheureusement pas le nombre de jours de congés/RTT, ou le fait de cotiser ou non à une mutuelle, la sécu ou d’autres, comme quoi la liberté est tout de même bien limitée. Et cela n’aide certainement pas les plus faibles/moins productifs à trouver du boulot.

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