D’après Le Monde, le procès des terroristes (présumés) islamistes ayant fomenté les attentats du 11 mars 2004 se déroule mal pour l’accusation:
Lors de la première audience, le 15 février, un accusé a rejeté le recours à la violence. Et depuis, tous nient, adoptant des lignes de défense similaire. Ainsi mardi 20 février, deux proches présumés du noyau dur du commando se sont défendus « avec intelligence, aplomb, à-propos et sérénité (…) et faute de nouveaux témoins à charge ou de nouvelles preuves implacables, le procureur aura bien du mal à obtenir leur condamnation », s’inquiète le quotidien espagnol El Pais.
Il y a bien sûr des éléments à charge:
Almallah Dabas […] prétend que Serhan Ben Abdelmajid Fakhet et Rifaat Anouar, deux membres du commando qui se sont suicidés, ne cessaient de lui emprunter son téléphone, prétextant que les leurs n’avaient pas de crédit.
Fouad El Morabit […] connaissait la plupart des suicidés et a reconnu avoir hébergé Rifaat Anouar la nuit précédant l’attentat, [il] nie toute implication. Aucune trace ADN de cet ancien étudiant en aéronautique et en électronique n’a été trouvé dans les trains qui ont explosé.
Rabei Ousmane Sayed Ahmed, alias « Mohammed l’Egyptien », a ainsi juré n’avoir « aucune relation » avec les attentats, alors qu’il se targuait d’avoir conçu « toute l’idée de l’opération de Madrid », dans une conversation interceptée par les services secrets italiens versée au dossier d’accusation. Un accusé est allé dans son sens mardi en le décrivant comme « fabulateur et vantard ».
Le procès n’est pas fini, mais est-ce là une nouvelle ligne de défense pour des accusés de terrorisme ? « Oui je les connaissais, oui je lui ai prêté de l’argent, mon téléphone, ma voiture, mon lit mais je ne savais pas que…« .
Le terrorisme devient inavouable, et faute de preuves irréfutables comme l’ADN, aucun moyen de prouver la culpabilité des terroristes ? Si le procès se termine sans condamnations ou avec de légères peines, que les « rendition flights » sont interdits et leurs auteurs poursuivis, que les écoutes sont condamnées, que reste-t-il aux sociétés occidentales pour se défendre ?
A force de traiter les problèmes de terrorisme comme des problèmes judiciaires à résoudre par des méthodes policières, le risque augmente qu’ils soient un jour considérés comme problème militaire, à résoudre comme tel. On tire d’abord, on juge après. Qui veut en arriver là ?
On y est déja arrivé, comme le cas du Brésilien de Jean Charles de Menezes à Londres en 2005 le montre. L’invasion de l’Irak le montre aussi: on envahit d’abord, on se pose les questions après-ou même jamais.