Le problème méthodologique n’est toujours pas tranché semble-t-il:
Etats-Unis – Faut-il enterrer la « guerre contre le terrorisme » ?
- Une étude américaine dénonce le concept cher à George W. Bush et préconise un changement radical de stratégie dans la lutte contre Al-Qaïda.
- La RAND Corporation, groupe de réflexion travaillant souvent pour l’armée américaine, préconise de faire plus appel aux renseignements, et moins aux militaires.
La « guerre contre le terrorisme » a-t-elle vécu ? Une étude de la RAND Corporation, groupe de réflexion travaillant souvent pour l’armée américaine, se montre en tout cas très critique sur l’efficacité du concept dont le président George W. Bush a fait un usage immodéré dans ses discours appelant à la lutte contre Al-Qaïda.
« Les terroristes doivent être perçus et considérés comme des criminels (…) et notre analyse montre qu’il n’y a pas de solution au terrorisme sur le champ de bataille, » souligne Seth Jones, principal auteur de l’étude.
1/ Si les terroristes sont perçus et considérés comme des criminels, cela veut aussi dire qu’on ne les pourchasse pas en dehors des frontières. Si on les poursuit hors des frontières, il faut l’accord des pays tiers. Pourquoi les Talibans, en 2001, auraient donné leur accord aux Etats-Unis pour poursuivre Ben Laden et sa clique ? Abandonner l’option militaire permet aux ennemis de se créer des sanctuaires inviolables.
2/ Si les terroristes sont perçus et considérés comme des criminels, mais qu’ils pourraient, par je ne sais quel miracle, être arrêtés, il faudrait les faire bénéficier de droits identiques aux criminels communs. Donc accès à toutes les pièces de l’accusation, donc si jamais leurs réseaux étaient infiltrés, savoir qui est l’informateur, ou encore comment sont interceptées leurs communications.
3/ bien sûr, tout ce qui est méthode dure pour faire parler: exit!
D’autre part, étant donné la minceur des preuves, il sera incroyablement difficile de condamner des terroristes. Imaginez maintenant les terroristes devant des jurés dont l’un pensera que Bush est un alien dont la seule volonté est la domination planétaire, ou un autre qui pense que le gouvernement américain, son propre gouvernement, a tout monté de a à z. Combien de terroristes seront relâchés comme ça ?
Sur ce thème, lire par exemple ces articles récents:
- Bin Ladin’s Driver/Aid Hamdan Tells Court: I Wasn’t Read My Miranda Rights!
- Certaines «preuves» obtenues «sous une forte contrainte» rejetées à Guantanamo
- Gitmo Lawyers Say Detainee Was Not Read His Rights– Therefore He Must Be Set Free
Ces exemples concernent des tribunaux militaires d’exception, à Guantanamo! Imaginez le souk dans un tribunal new yorkais…
Si les terroristes sont considérés comme de simples criminels, il y a de grandes chances pour qu’ils continuent leurs actions, et les plus dangereux d’entre eux bien à l’abri pourront continuer de former de nouvelles générations de bombes humaines. Le meilleur moyen de s’en débarasser ? Les tuer tous loin des caméras, de jurys, et des victimes potentielles tant qu’à faire…
A l’appui de cette thèse, la RAND a étudié comment divers groupes terroristes avaient disparu depuis 1968 et déterminé que seuls 7% d’entre eux avaient été défaits militairement. Beaucoup ont été neutralisés par des accords politiques (43%), ou le recours aux forces de police et de renseignements (40%) pour capturer ou tuer leurs chefs.
La stratégie militaire n’a pas marché
Ce qui suggère qu’il faut « repenser fondamentalement la stratégie antiterroriste post 11-Septembre« , note l’étude. Car pour l’heure, dans le cas d’Al-Qaïda, la stratégie militaire n’a pas marché, relève le rapport qui pointe du doigt la résurgence du groupe créé par Oussama ben Laden à la frontière pakistano-afghane sept ans après le 11-Septembre.
Alors, 43% d’accords politiques ça risque déjà de restreindre le champ d’application des conclusions, car s’il existe bien une catégorie de tarés fanatiques haineux déterminés à mourir, ce sont bien les terroristes islamistes! Les autres 40%: les mouvements étaient-ils globaux ? Soutenus et financés par de larges populations ? Et quid de tous les autres groupes qui ont survécu ?
L’article pointe ensuite la « résurgence d’Al Qaïda à la frontière afghano-pakistanaise ». Magnifique, cette résurgence à la frontière afghano-pakistanaise! C’est vrai qu’à la frontière Neuilly-Paris ça aurait été plus gênant. Evidemment ce n’est que par un effort militaire que les terroristes se prennent une pâtée en rase campagne jour après jour. Oh, loin de moi l’idée de les croire inoffensifs, je sais bien que des militaires occidentaux perdent la vie jour après jour en Afghanistan, mais au moins ce ne sont pas des civils parisiens, londoniens ou autre! Car il faut le souligner, mais en 7 ans, il n’y a eu que 2 attentats majeurs sur le sol occidental: Madrid et Londres. Et pour le reste: rien.
D’autre part l’Iraq vient démontrer que militairement il est possible de battre les terroristes, mais c’est pas grave, ne parlons que de l’Iraq lors d’attentats!
Police et renseignements « devraient constituer la colonne vertébrale des efforts américains« , ces services étant mieux armés pour pénétrer les organisations terroristes et traquer leurs chefs, souligne l’étude. Par ailleurs, estime le rapport, « les forces militaires locales ont souvent plus de légitimité pour agir que les Etats-Unis, et une meilleure connaissance de l’environnement opérationnel« . Et si l’armée américaine peut jouer un rôle décisif pour améliorer les capacités locales de lutte contre les insurgés, son intrusion dans des sociétés musulmanes risque au contraire de susciter des vocations terroristes.
Totale ignorance des méthodes de l’armée US semble-t-il, bien étrange de la part d’un expert de la RAND. Beaucoup de soldats de la Garde Nationale sont policiers, et connaissent le métier. On voit le résultat en Iraq, même si les médias français ne font pas une seule couverture sur l’indéniable victoire en train de se dessiner là-bas. Il peut en aller de même en Afghanistan, pour peu que des moyens suffisants soient mis en oeuvre, dans le cadre d’un « Surge » bis, apport de forces armées supplémentaires temporaires.
Quant aux forces locales, souvent corrompues, alliées aux terroristes, ou couardes, quand elles ne sont pas inférieures militairement, leur légitimité est égale à celle des gouvernements qu’elles contribuent à maintenir en place, c’est à dire pas franchement très élevée…
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