Culture française

J’avais noté en flânant dans une librairie que la bande dessinée servait maintenant à des fins de propagande. Depuis je n’ai hélas pas eu le temps d’aller feuilleter les nouveautés, aussi c’est en lisant 20 Minutes que j’ai pris connaissance de Scandale à New-York, paru chez Albin Michel de Pétillon et Rochette.Cet album relate les aventures de Vétilleux et Crémolin. Voici quelques extraits de la critique, agrémentés de mes commentaires.

Le Vétilleux et Crémolin débarquent cette fois aux States afin de prendre possession -titre de propriété à l’appui- de la province du Québec. Face à des Américains arriérés et butés, nos barjos font exploser Wall Street grâce aux talents prémonitoires de Dico…

1/ C’est la mode maintenant: les Etats-Unis sont appelés « States », les Américains sont des « Yankees » (lu dans 20 Minutes). Comme je n’ai pas l’impression que ce soit affectueux, j’ai plutôt l’impression que c’est péjoratif…
2/ Pourquoi venir aux USA réclamer le Québec ? Il fallait aller à Ottawa, capitale du Canada… et ensuite ce sont les Américains les crétins incultes en histoire géographie ?
3/ « Face à des Américains ». Face. Donc « contre », en situation de conflit. Comment pourrait-il en être autrement puisque les Américains sont butés et arriérés ? Les héros français sont donc forcément cultivés, avant-gardistes, ouverts!
4/ Wall Street ? Qu’est ce que ça vient faire là-dedans ? C’est juste histoire de boucler le financement ? Il fallait cracher sur le grand capital, c’est ça ?

Les deux frenchies imaginés par René Pétillon, papa du délirant détective Jack Palmer, mettent une grande claque à l’Amérique bien pensante de Bush. Des spéculateurs serviles au loubard bienveillant en passant par l’artiste opportuniste, on verse souvent dans l’excès et la caricature. N’empêche, ça fait du bien de voir les maîtres du monde à la merci de nos deux anti-héros bien de chez nous.

1/ « l’Amérique bien pensante »: c’est bizarre comme cette phrase revient souvent au hasard d’articles, sans jamais être argumentée. On pourrait faire le même compliment aux intellectuels français…
2/ « Bush »: il n’a plus de titre, ce n’est ni le Président Bush, ni M. Bush, ni Georges W Bush. C’est « Bush ». Ca ne semble choquer personne.
3/ « spéculateurs serviles »: les vils capitalistes au service de leurs maîtres richissimes, qui ruinent les opprimés! En vérité les « spéculateurs » sont les preneurs de risques que les autres ne souhaitent pas prendre, stabilisateurs indispensables des marchés, ils ne doivent leur survie qu’à leur talent…
4/ le loubard bienviellant: elle est bien bonne celle-là. Le criminel bienveillant, qui vous ouvre le ventre et appelle les urgences en partant avec votre portefeuille ? Là encore les auteurs sont confondus par leur vision du « socialement proche », le voleur, comparé à leur description du « spéculateur ». Les auteurs votent FN ou Verts ? De nos jours difficile de distinguer ces partis: anti-américains, anti-capitalistes, anti-libéraux…
5/ c’est une caricature, ouf, on en est presque soulagé. Oui mais bon: au nom de la haine des « maîtres du monde » on pardonne tout aux héros « bien de chez nous ».
6/ « de chez nous » ? Non, pas de chez moi. Désolé, je garde encore ma part d’individualité, et je ne tiens pas à être associé avec les conneries débitées par des auteurs en manque de sujets…
7/ « les maîtres du monde »: ils nous imposent quoi, nos maîtres ? une vénération quotidienne ? 70% d’impôts ? des apparitions télés quotidiennes ? En fait nos « maîtres » ne nous imposent rien. Nos maîtres à nous Français s’appellent Chirak, Juppé, Copé…

Le scénario est corrosif et décapant […]. Quand au dessin de Rochette, il apparait plus nerveux que d’ordinaire, comme secoué d’un fou rire. Normal: ces nouvelles extravagances des deux zigotos Louis et Dico sont un pur sommet d’humour, une arme de distraction massive.

Ouf, le calvaire est terminé. L’anti-américanisme débile est donc le sommet de l’humour en France, les scénarios sans cohérence sont corrosifs et décapants, sans compter un dessin « nerveux ». Dommage que je ne possède pas de scanner, j’aurais pu vous montrer l’horreur qui illustre cette critique, propre à faire vomir (on y voit l’un des personnages déclamer, derrière des barreaux de prison: « Je hais l’Amérique« , tandis qu’un autre prisonnier réplique: « eh, un peu de respect! Qui vous a libérés en 45 ?« ).

Si vous voulez du tirage, vous savez ce qu’il faut faire. Anti-Américain, anti-capitaliste, anti-business, écolo, alternatif…

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