Alleluiah!

Europe USA en guerre

La scène de ménage est-elle terminée ? Français et Américains s’aiment-ils de nouveau ? demandait Arlette Chabot à Hubert Védrine, lundi soir sur France 2, dans « Mots croisés ». L’ancien ministre des affaires étrangères, qui déteste ce langage sentimental appliqué aux relations internationales, répliquait qu’ils n’avaient pas été brouillés, mais que c’était beaucoup plus grave. Il ne s’agit pas, selon lui, d’une mauvaise humeur passagère qui ne concernerait que les seuls Français. Les deux sociétés, européenne et américaine, ont cette fois réellement divergé, principalement dans leur attitude vis-à-vis du monde arabo-musulman, et il va falloir vivre avec, car cette situation va durer.

L’attitude française vis-à-vis du monde arabo-musulman, quelle est-elle ? On ferme les yeux et on vend des Airbus ? On soutient et on vend un réacteur nucléaire ?
L’attitude US a bien changé depuis le 11 septembre. Avant c’était la même chose qu’ici, realpolitik et « c’est un pourri mais c’est mon pourri« . Terminé tout ça. On a vu les résultats que ça a donnés. Il y a une dimension nouvelle dans la politique US.

George Bush s’était engagé à ne pas se livrer, lors des cérémonies du soixantième anniversaire du Débarquement, à une comparaison publique entre l’Europe de 1944 et l’Irak de 2004. Il a tenu parole, mais cela ne change rien à ses convictions profondes dans ce domaine.

Comme il n’y a rien à lui reprocher, pas grave, il y a toujours quelque chose à reprocher à Georges Bush, d’où le « mais ».

« Le 11 septembre 2001 a été vécu aux Etats-Unis comme un second Pearl Harbor », explique Pierre Lellouche, spécialiste des questions stratégiques à l’UMP. C’est ce qui permet à George Bush d’affirmer que l’Amérique mène, en Irak, le même combat que celui de 1944. Les Etats-Unis se considèrent comme étant en guerre, pas l’Europe. On n’est donc plus dans le registre connu des agacements réciproques franco-américains.

Le 11 Septembre n’était-il pas comme Pearl Harbor ? Frappés en plein coeur, à New-York, avec près de 3.000 victimes, la population des USA et le gouvernement US n’étaient-ils pas supposés tirer comme conclusion logique: « ces gens là nous ont déclaré la guerre » ? Que faut-il de plus ? Il aurait fallu une attaque au gaz ? Une bombe « radiologique » ? une vraie bombe atomique ?
Que la plupart des Européens ne se sente pas en guerre prouve qu’ils ne savent pas tirer de conclusions du 11/9, ou qu’ils se sentent si peu « proches » des Américains qu’ils considèrent que ce conflit ne les concerne pas. Dans un cas « les » Européens forment un lot de victimes futures très intéressantes pour les terroristes, de l’autre ils ont tellement sombré dans le relativisme qu’ils refusent de choisir entre des assassins de masse et l’Amérique néo-libérale. Pourquoi choisir ? Le multiculturalisme, c’est bien, la culture américaine, c’est mal!
En fait c’est un mix des deux: d’une part les Européens n’ont plus de valeur à défendre: ils n’aiment ni leur culture (ils préfèrent celle des Américains et d’ailleurs), ni leur passé (quel passé ? ce ne fut que guerres et horreurs diverses), ni leur futur (pourquoi si peu d’enfants ?), ni leur économie (qu’ils socialisent à tout va)… d’autre part comme on a pu le constater en mars, lors de l’attaque terroriste de Madrid d’intensité égale, à l’échelle de l’Espagne, de celle du 11/9 pour les USA, que les Européens n’ont plus la volonté de se battre, de résister. Ils hissent le drapeau blanc à la première attaque.

C’est infiniment plus sérieux qu’une affaire d’amour propre, ou même que le choc, souvent décrit, de deux nations qui se présentent, aux yeux du reste du monde, comme porteuses d’un message universel. L’affaire de la comparaison entre l’Europe de 1944 et l’Irak de 2004 est donc cruciale. Ghassan Salameh, ancien conseiller de Koffi Annan, raconte que la moitié des officiels américains présents à bord du premier avion qui a atterri à Bagdad après la chute de Saddam Hussein lisaient des livres consacrés à l’Allemagne ou au Japon de 1945.

Oui c’est plus sérieux qu’une brouille diplomatique. Il faut savoir ce que veulent les Européens à long terme: un Moyen Orient démocratisé ou au moins pacifié, ou l’Iran avec la bombe A (ça c’est pour dans 1 an maximum), les Saoudiens exportateurs d’une idéologie de mort, et Israël en ruines fumantes ? Quel est l’objectif européen ? Vivre en « bonne entente » avec les dictateurs en les priant de ne pas exporter chez nous leur principale production, à savoir la haine ? On peut toujours rêver. Et avec les populations musulmanes croissantes en Europe, il y a un vivier de personnes désorientées, mal voire pas intégrées (la faute au socialisme, au SMIC, aux allocs diverses), il y aura bien des volontaires pour le jihad ici en Europe…

C’est infiniment plus sérieux qu’une affaire d’amour propre, ou même que le choc, souvent décrit, de deux nations qui se présentent, aux yeux du reste du monde, comme porteuses d’un message universel. L’affaire de la comparaison entre l’Europe de 1944 et l’Irak de 2004 est donc cruciale. Ghassan Salameh, ancien conseiller de Koffi Annan, raconte que la moitié des officiels américains présents à bord du premier avion qui a atterri à Bagdad après la chute de Saddam Hussein lisaient des livres consacrés à l’Allemagne ou au Japon de 1945.
L’armée japonaise avait été dissoute ? On supprimerait donc, d’un trait de plume, l’armée irakienne. C’était une erreur colossale que les Etats-Unis s’efforcent actuellement de réparer.

Relire mon post sur Pascal Bruckner: ne pas dissoudre cette armée aurait été une énorme erreur, et elle aurait été saluée comme telle par la presse si elle avait été conservée. Face tu perds pile je gagne, c’est le journalisme!
Ceci dit, si l’on compare la libération de l’Irak avec celle de la France, c’est bien parce qu’il y a des éléments communs: un pays sous la botte d’une dictature terrible (nazie/baasiste), sans espoir autre que la délivrance extérieure (faut pas se leurrer, la Résistance malgré un héroïsme réel n’était pas un danger militaire pour la Wehrmacht)…
Le débarquement, comme la libération de l’Iraq, sont des étapes dans une guerre plus vaste: une bataille décisive qu’il est interdit de perdre, qui une fois engagée doit être gagnée à tout prix, sans quoi les conséquences seront lourdes, très lourdes. Combien de temps aurait duré WWII si Overlord avait échoué ? Staline aurait pris possession de l’Europe entière, sauf de l’Italie, libérée par les Alliés, et de l’Angleterre ? Aujourd’hui, si l’opération irakienne rate, l’Iran étendra son empire du Mal jusqu’à l’Euphrate, tandis que l’Arabie Saoudite prendra le contrôle du sud sunnite ? A moins que ce ne soit Ben Laden qui en prenne le contrôle, et qui profite du triomphe pour déposer les rois du pétrole ?
Hier comme aujourd’hui il est interdit de perdre.

Européens et Américains faisaient approximativement la même analyse de la menace soviétique au temps de la guerre froide. Ils étaient donc fondamentalement dans le même camp, comme ils l’avaient été face à Hitler. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Belle lucidité. Malheureusement, si l’Europe n’est pas dans le camp de la liberté, où est-elle ?

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